Sacrifice à la lune, de Marcus Sedgwick
Flirtant avec un thème classique (un amour frappé d'une malédiction), le roman surprend par sa construction originale et enchante par son caractère romanesque et poétique ! Tout commence en 2073, sur l'île de Blessed, un journaliste vient enquêter sur le secret de longévité de ses habitants, qui détiendraient un élixir de jouvence grâce à la culture d'une orchidée.
Sur place, Eric tombe sous le charme de la ravissante Merle mais n'a pas le temps de conter fleurette que déjà le patriarche, Tor, le convie chez lui à boire une infusion, discuter du bout de gras, adoucir son séjour en lui apportant tout le confort nécessaire. Eric se laisse étourdir et tombe dans une étrange torpeur.
La suite des événements viendra réveiller le lecteur également sous hypnose pour le transporter à sept reprises, selon les sept cycles de lune (floraison, fenaison, moisson, fruitière etc.), dans des intrigues de réincarnation, toutes plus ou moins surprenantes, mais veillant à toujours replacer au cœur de l'action notre couple maudit, voué au sacrifice ultime. La tournure du récit est, certes, déconcertante mais réussit à nous charmer par sa subtilité, sa grâce et son sens de la dramaturgie.
C'est aussi très romantique, mais jamais mièvre. Marcus Sedgwick combine des contextes historiques (Viking, 2nde guerre mondiale) à un imaginaire fantastique (fantôme, vampire etc.). Et c'est franchement bluffant. J'ai beaucoup aimé me perdre à travers le temps, au fil des rencontres et des anecdotes, autour du même couple qui ne cesse de se croiser, se retrouver puis se perdre. C'est comme écouter un conte au coin du feu, avec les ombres vacillantes sur les murs, qui font délicieusement frémir. On se sent comme envoûté !
éditions Thierry Magnier, août 2013 ♦ traduit par Valérie Dayre (Midwinterblood)