20/02/15

J'aimais mieux quand c'était toi, de Véronique Olmi

J'aimais mieux quand c'était toi

Après “Bord de mer” et “Numéro six”, j'avais coutume de foncer les yeux fermés dans le monde de Véronique Olmi, dont j'ai lu religieusement tous les romans jusque janvier 2010 avec Le Premier Amour. Ce livre a marqué le début du désintérêt, le temps a passé. Et puis, janvier 2015, je me fais une joie de retrouver cet auteur qui se prête à l'exercice de la lecture à voix haute pour sa dernière parution, J'aimais mieux quand c'était toi.

De par son métier de comédienne, Véronique Olmi ne pouvait refuser une telle opportunité et offre une composition exaltante et exaltée en mettant en scène une femme assise sur un banc dans une gare. Cette femme s'appelle Nelly, elle aussi est comédienne de théâtre mais sa dernière représentation a tourné au fiasco et la voilà démunie, désemparée, à ressasser la cause de cette crise de panique.

Tout à son rôle de Mère dans la pièce “Six personnages en quête d’auteur” de Pirandello, Nelly reçoit un choc en apercevant dans le public, assis au 5ème rang, son ex-amant. Une vision foudroyante et brutale, suite à laquelle elle a réagi tout aussi violemment. S'ensuit une longue dérive d'une femme en détresse, d'une amoureuse bafouée, bref le monologue est interminable, à évoquer pêle-mêle l'amour, le théâtre, l’engagement de soi, la passion, la peur, les sentiments.

L'exécution ne manque pas de brio, mais laisse aussi poindre une part d'hystérie. Et j'avoue avoir été déçue, car le récit m'a semblé pompeux et sans fin (alors qu'il ne dure que 3 heures !). J'ai retrouvé toute la puissance créatrice de l'auteur, son ton incisif et sa rage contre la platitude et l'ennui qu'expriment si bien ses personnages. Par contre, aucune émotion chez moi. Rien. Me suis sentie simple spectatrice d'une comédie tragique, extérieure et attentive, mais peu concernée.

Audiolib, janvier 2015 ♦ texte lu par l'auteur (durée : 3h 09) ♦ éditions Albin Michel

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Un tout petit rien, de Camille Anseaume

«... ma bosse, ma tumeur, mon erreur, mon accident, mon avorton, mon rien, mon tout, mon embryon, mon clandestin, mon sans-papier, mon tout-petit, mon envie, ma folie, mon amour. »

Un tout petit rien

Camille, 25 ans, découvre qu'elle est enceinte et voit son amant claquer la porte en l'apprenant. Choquée et effondrée, pleine de questions et de doutes, elle se retrouve face à une montagne de responsabilités, comme annoncer la nouvelle à des parents déçus et désemparés ou prendre une décision radicale : le garder ou pas. Bref, Camille surprend, Camille affole mais Camille est « seul juge de la situation de détresse ».

Ce récit, bref et intense, raconte avec des mots simples et une grande sincérité l'envie de bien faire, de ne pas se tromper et d'assumer les conséquences d'une grossesse non désirée. Toutes les femmes pourront facilement se mettre à sa place et seront touchées par la force de son récit, à l'humour caustique et féroce.

Il y a, certes, un côté exhibitionniste assumé, où l'on se raconte sur 284 pages (tout ça pour ça), avec des effets de style qui font mouche. Mais le ton vif et passionnel de Camille Anseaume remue les tripes et résonne en écho à des interrogations légitimes et existentielles. Cela peut agacer, comme cela peut émouvoir le lecteur. Personnellement, j'ai aimé la sensibilité que reflète ce témoignage.

Pocket, février 2015 ♦ À découvrir par curiosité ! 

« Je suis pour que les gens aient le choix de donner naissance à un enfant ou pas, je suis contre ceux qui célèbrent le miracle de la vie en prônant que chaque grossesse en est un, je suis contre ceux qui érigent leurs valeurs personnelles en principes universels. »

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« Je te regarde à nouveau et en observant ton ventre qui s'emplit et se vide doucement, je pense à ma mère et à son bébé dont le pyjama ne s'est jamais soulevé. Je comprends qu'elle a vécu l'innommable et que je perdrais pied dans la seconde si ton pyjama arrêtait de se soulever. Alors je ne lui en veux plus, puisqu'elle a fait ce qu'elle a pu. On dirait que c'est ça, couper le cordon. En quelques minutes, j'ai coupé celui qui me reliait à ma mère et celui qui me reliait à ma fille, je me sens tout d'un coup libre, et en déséquilibre... »

 

Posté par clarabel76 à 08:45:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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