Faute de preuves, par Harlan Coben
Wendy Tynes, journaliste aux méthodes peu orthodoxes (elle piège en direct les prédateurs sexuels), n'avait jamais envisagé de se planter jusqu'au cas de Dan Mercer. Épinglé comme ces prédécesseurs, livré en pâture à la vindicte populaire, l'homme ne cesse de clamer son innocence. Pour la première fois, Wendy est prise de remords. Peut-être a-t-elle commis l'audace de trop ? Bavure ou pas, son petit monde et ses certitudes vont soudainement vaciller vers le flou total.
Car Wendy est coriace, sitôt qu'elle flaire une piste fumeuse, elle ne lâche plus le morceau. La disparition d'une adolescente et l'enquête de la police en pleine déroute la conduisent à mettre son grain de sel. Dan Mercer souhaite la rencontrer en privé ? Wendy suit son plan, tel un vrai jeu de pistes. Qu'est-ce qui l'attend au bout ? Un drame, qui la met dans l'embarras. Mais aussi le sentiment tenace qu'elle est manipulée depuis le début !
Dénonçant la cyber-propagande, les rumeurs virales et visant une réflexion sur la rédemption et la compassion (« Si on n'a pas de compassion, qu'est-ce qui nous reste ? »), l'intrigue est parfois peu subtile mais se lit sans temps mort. On plonge tout de go dans une histoire palpitante, calibrée à la Harlan Coben. En somme, c'est pratique, efficace et distrayant.
Belfond, coll. Noir, mars 2011 ♦ traduit par Roxane Azimi ♦ disponible en format poche chez Pocket (février 2012)
Les Égouts de Los Angeles, de Michael Connelly
Première apparition de l'inspecteur Harry Bosch, sous les traits d'un flic désabusé, ayant pas mal roulé sa bosse au sein du LAPD, mais mis au placard suite à une bavure policière. Il se cantonne désormais aux affaires de dealers, prostituées et délinquants de bas étage, mais n'en demeure pas moins un fin limier. Arrivé en premier sur les lieux d'un crime (un cadavre découvert dans une canalisation), il identifie aussitôt la victime comme s'agissant d'un vétéran du Vietnam, Billy Meadows. Réfutant les conclusions officielles - mort par overdose - il se charge lui-même de l'enquête, contre l'avis de son supérieur. On lui colle alors sur les bras un agent du FBI, Eleanor Wish, ainsi que deux mouchards, Lewis et Clarke, chargés de fliquer tous ses faits et gestes. Harry Bosch le rebelle entre en piste, se jouant de la hiérarchie et agissant selon ses envies. Son travail d'investigation n'en demeure pas moins irréprochable : le type suit son instinct, vaille que vaille, et cela porte ses fruits !
Par contre, ça cogne et vous ronge de l'intérieur. C'est un petit monde très dur et âpre, assez glauque et peu glamour. Même l'inspecteur Bosch est sérieux comme un pape, aigri et meurtri par les coups durs... Pour une première approche, j'avoue, c'est rude ! Le rythme se distingue par un ton laconique, au suspense tendu. Classique et brut. Ce titre date tout de même de 1992 et en affiche fièrement les codes et les couleurs. Il y a peu d'humour, mais de l'action virile et impitoyable. Le dénouement peut surprendre et j'ai plutôt apprécié, tout en espérant davantage pour la suite !
Calmann-lévy, octobre 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Jean Esch (The Black Echo)
Dans la foulée, j'ai également lu le 2ème tome des enquêtes de Harry Bosch avec La Glace Noire.
Harry Bosch entend laver l'honneur d'un collègue flic et se lance (une fois encore) dans une enquête contre l'avis de ses supérieurs... L'histoire se passe dans le milieu de la drogue, dans les années 90, c'est toujours aussi désespérant, noir et amer. Il me manque le charme, la finesse et un peu de légèreté. Mais je n'abdique pas encore.
Points Policier, novembre 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Jean Esch (The Black Ice)