Les Mous, de Delphine Durand
Peut-être ne connaissiez-vous pas encore cette espèce extraordinaire que sont les mous, alors suivez le guide !
Delphine Durand vous livre un topo détaillé, bichonné avec humour, tendresse, minutie et facétie. Après quoi, les Mous n'auront plus de secret pour vous. En gros, les mous sont niais, n'ont pas de poils, ni de bras et ont des pieds ridicules. Ils aiment aussi l'absurde, ne savent pas tenir une conversation cohérente, sont paresseux, mollassons, mais peuvent s'avérer d'une compagnie agréable, dès lors qu'on s'en tient aux quelques règles d'usage (ne pas donner de l'ail, ni de bain et veiller à leur proposer des activités éducatives et sportives pour qu'ils ne finissent pas obèse). Petite précision, ne traitez jamais un mou comme un chat ou un chien - il pourrait se vexer. Mais faites-lui souvent des câlins ! ;-)
Cette lecture, complètement folle, peut se targuer de dénaturer dans le paysage actuel, grâce à son propos désopilant, son humour décalé, ses illustrations délirantes, son graphisme simple et foisonnant. Vous secouez tout ça et obtenez la recette pour ravir les grandes lectrices, comme moi, qui apprécient les albums à l'esprit aussi déjanté. Je ne m'en lasse jamais, et c'est si bon de rire !
Rouergue ♦ Avril 2015 ♦ ♥
Complice(s) d'Eireann Corrigan
« Ça a commencé comme une plaisanterie. Une blague de très mauvais goût. Le genre de truc dont on n'aurait osé parler à personne, Chloé et moi, de peur de passer pour des monstres. (...) On n'était pas obsédées par la célébrité, d'autant qu'elle est éphémère, les gens ont la mémoire courte. Non, l'intérêt c'était plutôt d'avoir un rôle crucial lors d'un événement important. Une façon de rester vigilantes et réactives, quoi. »
L'heure est grave : une éducation complète ne suffit plus pour entrer dans l'université de son choix, il faut aussi de la motivation en béton, une forte personnalité et combattre l'adversité. Chloé met alors au point, avec son amie Finn, un faux kidnapping. Tandis qu'elle se planque dans la maison de sa grand-mère, savourant son succès devant son poste de télévision, Finn est dépassée par l'ampleur du drame qui se joue à l'extérieur et tente de trouver une issue favorable. Le plan des deux ados peut sembler stupide, naïf et irréfléchi, mais il est dénonciateur des défauts de notre société, comme la pression sociale, la spirale médiatique et ses effets pervers. Difficile alors de ne pas se sentir concernée, ou littéralement happée, par le fil de l'histoire, qui se déroule selon une orchestration simple en apparence, avant de se révéler féroce et implacable.
La lecture est en effet hallucinante, voire frustrante, car les deux héroïnes sont rudement agaçantes par leur égoïsme et leurs mauvaises décisions. On n'éprouve aucune empathie pour elles, au contraire on s'indigne et on a envie qu'elles se ressaisissent (peut-on infliger pareille torture à sa famille ?!). Même leur amitié sera mise à rude épreuve, faisant voler en éclats le vernis des apparences. L'histoire est donc d'une redoutable efficacité, avec un suspense au taquet et la démonstration d'une supercherie aux conséquences dévastatrices. Bonne pioche pour ce roman qui se veut captivant, poignant, tordu... scotchant !
Milan, coll. Macadam, mars 2015 ♦ traduit par Pascale Houssin (Accomplice)