Alexandrine, de Thomas Priou & Michel-Yves Schmitt
Alexandrine n'est pas une fillette comme les autres, puisqu'elle ne s'exprime qu'en rimes et passe pour une excentrique auprès de ses camarades d'école. Souvent seule dans la cour, elle partage son désarroi avec deux adorables petites bestioles, Stokk et Mastokk, qui veillent sur elle et rouspètent lorsqu'elle fait preuve de légèreté (on ne se méfie jamais assez des vils flatteurs !). À force de regarder le monde qui l'entoure, et de mettre son grain de sel pour aider un balayeur à déclarer sa flamme à sa dulcinée, ou soulager l'âme en peine d'un papa déchiré par le départ de son enfant, Alexandrine a trouvé sa vocation : être une aide-poète, espiègle et drôle.
Et c'est sûr que l'expérience ne manquera pas de lui donner du grain à moudre, au fil des rencontres, tantôt surprenantes, attachantes, amusantes ou perfides (eh oui, la nature humaine est ainsi faite). Alexandrine, en petite demoiselle réfléchie, se sentira mi-figue, mi-raisin à la fin du volume, car « mille questions me gênent, sans réponses qui viennent ». Mais les sages paroles de sa mamie lui redonneront espoir et la ramèneront sur le chemin de l'école qu'elle boudait à cause de la méchanceté de ses camarades. « Vivre avec les autres, c'est accepter leurs contradictions. Le plus beau des trésors, c'est de voir ce que chacun a d'important. »
Cette nouvelle série est prometteuse de lectures sensibles et adorables, débordantes d'enthousiasme et d'optimisme, même si l'héroïne au langage fleuri a pour le moment des difficultés à se faire accepter, elle ne manque pas d'entrain pour rebondir et mettre à profit son don. La poésie est mise à l'honneur, en tant que vecteur intelligent et raffiné, et pour une ouverture vers le monde et les autres. Le graphisme coloré et pétillant invite aussi les plus jeunes à ouvrir cette BD par curiosité. Gageons que l'histoire pleine de peps finira de les séduire ! ;-)
Casterman ♦ Mars 2015