Chaque soir à onze heures, de Camille Benyamina & Eddy Simon
Pour avoir lu et beaucoup aimé le roman de Malika Ferdjoukh (Chaque soir à 11 heures), je me faisais une joie de découvrir son adaptation en bande dessinée.
Camille Benyamina & Eddy Simon, le duo performant de Violette Nozière, vilaine chérie, ont traduit à merveille l'ambiance veloutée et envoûtante, si caractéristique des livres de l'auteur, dont l'aura poétique trouve ici ses traits et ses couleurs pour un rendez-vous confondant, absolument charmant.
La lecture n'en est que plus fabuleuse et captivante ! J'ai adoré.
J'ai naturellement pris plaisir à renouer avec l'histoire de Willa, une jeune fille amoureuse, épanouie, mais contrariée par les absences répétées de son petit copain. Pour se consoler, elle trouve refuge dans l'imposante demeure de la famille Fils-Alberne, auprès de la jeune Marni, une passionnée de musique, qui vit entourée de chats, et son frère Edern, un séducteur énigmatique.
Mais des secrets planent sur cette famille et sur cette maison où la vie semble s'être figée dans le temps. D'ailleurs l'intrigue n'est pas sans rappeler la trame romanesque de Jane Eyre ou Rebecca, de quoi exacerber l'illusion d'une lecture au charme délicieusement suranné !
Camille Benyamina & Eddy Simon ont réussi une transposition quasi parfaite de l'univers de Malika Ferdjoukh. On y retrouve l'élégance, derrière l'enchantement, dans “la douceur des bleus, l'extraordinaire poésie des rues parisiennes, la grâce des obscurs” (dixit l'auteur herself). Impossible de nier l'évidence qu'on a sous les yeux. L'atmosphère guindée, mais ô combien ouatée, de Fausse-Malice est merveilleusement mise en scène. On meurt d'envie de se lover dans un canapé, auprès d'O'Brien, O'Poulos et O'Connor, à écouter de la musique, à parler bouquins et fantômes, à rêvasser au coin du feu, un verre à la main... Effet cocooning pleinement assuré.
L'invitation est plus que chaleureuse, elle crie urgence et impatience. La lecture promet une débauche de lyrisme, dans une bulle de délicatesse, où les mystères pullulent, le danger rôde et les amours s'emmêlent. Mais cela reste avant tout une histoire d'ambiance, magique et ensorcelante, à parcourir sans plus attendre !
Casterman ♦ Avril 2015 ♦ d'après le roman de Malika Ferdjoukh publié chez Flammarion (2011) - ♥
Gros big-up pour cette citation qui a été judicieusement reprise :
« Doucement sur les macarons. C'est juste du sucre et du blanc d'oeuf. Pas de l'amour. »