Désir mortel, de Hans Koppel
Lors d'un séminaire, Anna cède inexplicablement à son attirance pour Erik, un beau jeune homme croisé au bar. Mariée et mère de famille, elle mène ce qu'on nomme communément une vie modèle. Cette incartade est pour elle une folie d'un soir car elle entend reprendre sa routine sans dire un mot à son mari. Mais Erik resurgit comme un diable hors de sa boîte. Pressant, enjôleur et troublant. Il séduit la jeune femme et cherche à tout prix à la revoir.
Anna se sent prise au piège. Son corps la trahit, tandis que sa raison la supplie de cesser tout contact avec ce dangereux inconnu. Dangereux ? Oui. Sous ses dehors charmeurs, Erik suscite des frissons d'angoisse et de doute. Et l'on suit ainsi un engrenage sournois, entre attraction et répulsion, à se demander si Anna va réagir plus fermement, cesser de se voiler la face et réprimer son penchant vers l'interdit.
Le roman, au scénario classique, mais peu sulfureux, manque finalement de subtilité, avec ses dialogues artificiels et poussifs. Après tout, les personnages ont des réactions qui tiennent la route, même si elles sont désespérantes de banalité. Et cela rend la lecture si conventionnelle, très peu excitante, sans tension psychologique crédible. J'ai été plutôt déçue. L'idée d'une obsession passionnelle vénéneuse était alléchante, sauf que son traitement est ici sans grande originalité...
Presses de la Cité / mars 2015 ♦ Traduit du suédois par Hélène Hervieu (Kom ska vi tycka om varandra)
La Première blessure, de Ali Knight
Nicky a vu sa meilleure amie Grace être assassinée sous ses yeux. Cinq ans plus tard, ce drame continue de la hanter, même si elle a su trouver un certain réconfort dans les bras du veuf éploré. Mais le couple bat de l'aile à force de se croiser, entre Londres et Los Angeles, et communique de moins en moins. C'est alors que Nicky tombe sur Adam, un jeune homme rencontré dans l'avion. Fils de bonne famille, il est charmant et d'agréable compagnie. Il lui propose aussi de faire connaissance avec sa tante Connie, qui a travaillé dans une célèbre boîte de nuit dans les années 70 et flirté avec des tas de célébrités. Cela pourrait donner de la matière à un article pour son journal.
Nicky accepte et va sans se douter débarquer dans une grande saga familiale, aussi riche que mystérieuse, et visiblement cernée de dangers inavoués. En le suivant pour un weekend à la campagne, la jeune femme bascule toujours plus loin vers une zone de non-droit. Adam change de visage. Le séjour vire en pleine débâcle. À ce stade, on a là un roman qui a énormément de potentiel, où se joue une partie de séduction sulfureuse, au suspense pernicieux, et où les protagonistes endossent tous un rôle trouble, qui brouille volontairement les cartes. Un programme franchement alléchant et plutôt engageant, qui sera hélas nuancé dans la deuxième moitié du récit, plus décevante et longuette.
D'étranges accidents se produisent et font surgir de nouvelles révélations. Grace n'était pas la première épouse de Greg à décéder tragiquement. Un tueur à gages est de nouveau sur les rails. Adam a-t-il toute sa tête ? Pourquoi Nicky renonce à porter plainte contre lui et suspecte son mari d'attenter à ses jours ? À nous de débroussailler le vrai du faux parmi l'accumulation de données nébuleuses... Mais cette lecture m'aura finalement fait l'effet d'un appétissant moelleux au chocolat, à déguster sitôt sa sortie du four, lorsqu'on réalise avoir inversé le sucre avec le sel. Quelle amertume ! Le dénouement choisit la facilité, convenue et trop lisse.
JC Lattès / Mars 2015 ♦ Traduit par Nicolas Thiberville (The First Cut)