Les Aventuriers du soir, d'Anne Brouillard
L'univers d'Anne Brouillard est décidément chic et chaleureux, comme le prouve cet album qui ressemble fort à une (nouvelle) invitation à se réfugier dans la forêt, avec Gaspard et ses amis Lapinus et Mimi le chat.
Tout de suite, on se sent bien. Comme dans un cocon, doux et confortable, avec la sensation d'être coupés du reste du monde. Nos petits camarades ont construit une cabane où ils passent l'essentiel de leur temps. Ils inventent des jeux ou font semblant de pêcher. Ils grimpent dans les arbres. Ils sont heureux, seuls dans leur bulle. À regarder la vie extérieure qui continue sans eux.
Lorsque la journée se termine, Gaspard décide de rentrer chez lui, dans la maison qui s'illumine comme « un phare de l'autre côté de l'océan ». Il fait bon et chaud d'être de retour chez soi ! Mimi le chat continue de vagabonder dans la forêt, mais Gaspard ne s'inquiète pas. Le félin se faufilera jusque dans son lit au moment voulu.
Que de magie dans cette lecture, parsemée des mêmes petits cailloux, que l'auteur aime disséminer dans ses livres : la nature, l'enfance, les animaux, la nuit, la maison... Elle mélange tout ça dans des décors d'apparence ordinaire, mais dans lesquels l'enfant peut facilement s'identifier (la chambre et les jouets éparpillés sur le sol, les repas pris en famille, autour de la table).
Les illustrations aussi sont magnifiques, les couleurs habilement nuancées, avec des teintes crépusculaires apaisantes, et une mise en scène raffinée... Même l'histoire déroule son fil avec délicatesse, en toute simplicité. Voilà qui réserve un doux moment à partager. À préconiser le soir, pour le coucher, la lecture idéale pour rassénérer l'enfant.
Les éditions des Éléphants / Septembre 2015
Anim'os, de Florence Guiraud & Judith Nouvion
Cette couverture rouge inspire un sentiment d'élégance, qu'on retrouve d'ailleurs à l'intérieur du livre, où tout est beau, clair, raffiné, disposé avec intelligence, expliqué avec simplicité, soulevant des anecdotes pertinentes.
- Les cerfs et les biches ont une tache blanche sur les fesses. Un bébé girafe fait une chute de 2 mètres en naissant. Le hérisson fait beaucoup de bruit en mangeant. Pourquoi le coq chante-t-il au lever du jour ?
C'est un bestiaire passionnant, pour évoquer les animaux : ara rouge, autruche, chelmon à long nez, crocodile du Nil, kangourou roux, maki catta, tamanoir, vautour fauve... mais aussi pour découvrir leurs squelettes, qui restent la particularité de ce livre. (Pour ce faire, il suffit de soulever un rabat pour connaître l'histoire d'os en question.)
La découverte est complète, elle cible des animaux sauvages ou domestiques, approfondit leurs caractéristiques (famille, taille, poids, répartition géographique), précise le régime alimentaire et des tas de petites infos plus ou moins consistantes.
Après quoi, le monde animalier n'aura plus de secret pour vous !
La Martinière J. / Octobre 2015
Les Cendres froides, de Valentin Musso
C'est en fouillant dans les affaires de son grand-père Abuelo, peu après sa mort, qu'Aurélien découvre avec horreur un film de propagande nazie : dix jeunes femmes enceintes, grandes et blondes, souriant à la caméra, près d'un officier allemand, en compagnie de son aïeul. Cette révélation est un choc, car elle ébranle son idée d'appartenir à une famille déjà sujette aux drames. Il prend alors contact avec une jeune thésarde que venait de rencontrer son grand-père avant de mourir et cherche avec elle une réponse à ses nombreuses questions.
Jusqu'où Abuelo a pu s'impliquer dans ce Lebensborn basé en France dans les années 40 ? Quel était son rôle, en tant que médecin ? Et quel lien avec cette vieille dame sauvagement assassinée chez elle dans la Marne ? Aurélien s'entête alors à déterrer secrets et mensonges entretenus par la famille, mais se heurte à des menaces et autres agressions intimidantes. Sa sœur et lui vivent dans la terreur, sans pour autant réussir à partager leur désarroi et chasser ce mal-être qui couve entre eux depuis leur enfance.
Bref. Le roman se lit étonnamment vite et nous tient en haleine de bout en bout. On voyage à la fois dans le temps et les époques, à revisiter des histoires du passé entremêlées aux chapitres noirs de l'histoire de France. L'intrigue est bien ficelée, dynamisée par une intensité dramatique captivante. L'auteur est parvenu à tisser des liens étroits entre sa trame romanesque, une ambiance noire pétrifiante et de précieuses indications historiques... Le résultat n'est pas mal du tout !
Points coll. Thriller / Mai 2012
Créations culinaires pour le # Challenge Halloween
Étape 2 : Le 9 octobre 2015
Après toutes ces émotions, nous avons bien mérité de faire une pause. Rien de tel qu’un pique-nique pour reprendre des forces. Les randonneurs découvrent leur casse-croûte en image et espèrent ne pas servir d’en-cas à quelques créatures qui rôdent dans les parages. A vous de nous étonner avec vos créations culinaires halloweenesques !
☠-☠-☠-☠
Pour le coup, je triche, mais avec élégance, en brandissant ce livre de recettes inspirées d'après les œuvres cinématographiques d'A. Hitchcock - qui s'inscrit sans le vouloir comme mon mentor pour ce challenge ! ;-)
La randonnée aidant, j'ai donc ramassé dans les bois quelques champignons (comestibles) pour cuisiner une petite soupe et réchauffer nos pauvres carcasses transies de froid et de peur, lors de nos veillées autour du feu. Mais alors que chacun se pourlèche les babines, son bol entre les mains, dans l'attente d'une dégustation imminente, des ombres rôdent non loin du campement et figent notre équipée de terreur...
La suite, lors de notre prochaine étape ?
De ses premières œuvres anglaises aux grands chefs-d'œuvre de la période américaine, Hitchcock n'a cessé de faire référence à la gastronomie. Le rituel même des repas est souvent associé à l'action du récit : ainsi le fameux dîner chez la romancière Sedbusk dans Soupçons, le repas de famille dans Jeune et innocent, le pique-nique face à la Principauté de Monaco dans La Main au collet, l'acharnement du policier de Frenzy sur une volaille trop cuite... [NDLR: Et le fameux coup de gigot, dans la série Hitchcock presents.]
Cet ouvrage mêle le récit, par François Rivière, de la vie et de l'œuvre d'Alfred Hitchcock du point de vue des nourritures terrestres, et les recettes retrouvées par Anne Martinetti au fil de scènes mémorables des films, recomposées pour réaliser soi-même les bons petits plats du maître du suspense. [présentation de l'éditeur]
Cette lecture ne m'a pas particulièrement donné envie de reproduire les recettes présentées, et dont souvent la photogénie laissaient à désirer, mais j'ai beaucoup apprécié les associations d'idées, entre les films, les anecdotes et les extraits choisis, qui font de cet ouvrage avant tout un outil de collection et d'information (moins un bouquin dédié aux fins gourmets).
Cahiers du cinéma (2 octobre 2008)