Mentine, Tome 3 : Pas de cadeau ! de Jo Witek
Mentine Green est de retour, après un passage en Suisse, elle rentre au bercail, le sac débordant de chocolat et de fromage à raclette. Et c'est pleine d'impatience qu'elle se rue chez sa meilleure amie Johanna... qui l'accueille pour la première fois dans son appartement, en pleine cité, un lieu étriqué, bruyant et encombré. Mentine hallucine, mais tombe sous le charme de la famille Estamplade. Son amie se révèle la reine de la musique flamenca, capable de gratter sa guitare des heures durant, tandis que sa mère enfile sa plus belle robe à froufrous et ses chaussures à claquettes pour trépigner dans le salon et assurer le show. Mentine, conquise, a des étoiles dans les yeux. Prenant également conscience de n'avoir pas su être une amie à la hauteur, recevant tout son saoul, sans rien donner en échange, Mentine veut renverser la tendance et offrir à Johanna la preuve de son affection véritable. Mais à vouloir réaliser le rêve de sa confidente, Mentine en fait trop - comme toujours - et va provoquer un séïsme cosmique, lourd de conséquences. Cette fois, c'est du sérieux ! Les parents de Mentine voient rouge et sa punition sera irréversible. Ouhlala.
C'est toujours un bonheur de retrouver l'humour et le culot de Mentine, élève surdouée et adolescente qui dépasse souvent les limites. Ce n'est pas une mauvaise gamine - la preuve, son expérience auprès des démunis lui mettra du plomb dans la tête - mais Mentine est une demoiselle hyperactive et quémandeuse d'attention. Tout le temps elle réclame de l'amour, de l'amitié, des paillettes et des délires, elle est usante, et foncièrement attachante. Dans ce troisième tome, cependant, notre héroïne brise les derniers tabous en matière de confiance. Et là, c'est le drame.
On notera aussi un joli couplet sur les Restos du Cœur, son déroulement, le bénévolat, les bénéficiaires et tous les services mis en place pour subvenir aux besoins des moins nantis. On n'a pas non plus l'impression d'apprendre notre leçon, ni de recevoir une morale culpabilisante, c'est juste une prise de conscience, pour les plus jeunes, et c'est amené en toute simplicité, sans dépeindre des situations trop misérabilistes. C'est ancré dans notre société, et ça peut concerner tout le monde, même notre voisin ou le petit caïd qui traite Mentine d'OVNI de la DNB ! Voilà tout. Cela donne une certaine profondeur à la lecture, qui procure pour l'essentiel une bouffée de joie et de bonne humeur, avec un enchaînement de catastrophes par notre Miss Surdouée qui veut décrocher la médaille de la meilleure BFF de la vie ! ;-) La distraction est assurée.
Flammarion jeunesse / Février 2016 ♦ Illustrations de Margaux Motin
Illustration de Margaux Motin issue de la couverture de MENTINE, tome 2
© Père-Castor Flammarion, 2015