Le Détroit du Loup, par Olivier Truc
« Il se passe des choses pas sympas. Il y a beaucoup d'argent en jeu.
Et nous [les éleveurs], on pèse pas lourd. »
Suite à ma première rencontre enthousiasmante, cf. Le dernier Lapon, avec l'univers d'Olivier Truc, nous introduisant en Laponie Norvégienne, parmi la communauté Sami et les éleveurs de rennes, je me réjouissais de retrouver les patrouilleurs, Klemet Nango et Nina Nansen, dans une nouvelle intrigue policière. Et effectivement, la transhumance à peine commencée se voit déjà compromise par un incident malheureux : la noyade d'un éleveur, Erik Steggo, qui plonge ses proches dans un profond désarroi. Très vite, les murmures de mécontentement grondent et enflent, visant les envahisseurs, touristes, politiciens, compagnies pétrolières... Trop de monde se bouscule sur un même lopin de terre, le fameux Détroit du Loup. Et la mort d'Erik Steggo n'est pas un simple accident, car d'autres événements tragiques, comme la mort du maire d'Hammerfest, de responsables pétroliers et de plongeurs, viendront confirmer les craintes.
Ce deuxième livre de la série n'offre peut-être plus la surprise de la nouveauté, mais préserve son ambiance singulière et fascinante. Si Klemet se montre particulièrement virulent, pas loin de saboter sa relation avec sa collègue Nina, celle-ci dérive aussi de son côté, vers les traces de son père disparu, qu'elle cherche à retrouver. Cette absence d'osmose est un peu pénible, et alourdit la lecture, que je trouvais déjà longue et lassante. Après, on sent bien les intentions louables de l'auteur, à vouloir dénoncer le décalage culturel de la Laponie, le fossé entre les traditions à préserver et les exigences économiques, souvent peu regardantes des éléments en place. Pour illustrer tout ça, on croise des personnages comme Nils le plongeur sans scrupule, Anneli la jolie veuve, Tikkanen l'agent immobilier véreux et Sikku le berger utopiste. Tous incarnent à leur façon le visage du pays. Exit le charme de l'exotisme, cette fois la plongée en Laponie est teintée d'une sombre amertume, qui déteint sur le ressenti de la lecture. La magie n'a plus fonctionné et je sors quelque peu déçue de cette promesse d'évasion. L'histoire s'éparpille trop, manquant souvent de rythme, et se noie dans des digressions fastidieuses. Dommage, pour cette fois.
Sixtrid / Novembre 2015 ♦ Interprétré par Jacques Frantz (Durée : 15h15)
Points, coll. Policier / Septembre 2015
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