Au cœur du silence, de Graham Joyce
Zoe et Jake forment un couple heureux et amoureux. En vacances dans les Pyrénées, ils partent skier tôt le matin sur les pistes enneigées quand, soudain, une avalanche s'abat sur eux et les broie comme du linge sale dans une machine à laver. Ils en ressortent, pourtant, miraculeusement et regagnent aussitôt leur hôtel, qu'ils découvrent complètement vide et mis sur pause. Le personnel a interrompu son service en pleine action, les cuisines croulent encore de nourriture fraîchement coupée, la viande est sanguinolente, les frigos pleins à craquer. Même la conciergerie est vide. Profitant du fait que l'électricité fonctionne toujours, notre couple court prendre un bain chaud, avale un morceau, boit du vin et du champagne, avant de tirer des conclusions. Puisque l'hôtel a été évacué dans l'urgence, Zoe et Jake craignent une nouvelle avalanche. Ils ne veulent pas traîner dans les parages et cherchent à quitter les lieux le plus vite possible. C'est là que ça se complique... Et pour le lecteur aussi les illusions se brisent. Après avoir dévoré les 100 premières pages d'une traite, prise par le souffle, l'angoisse, le mystère et le suspense de l'histoire, j'ai moyennement apprécié le tournant de l'intrigue et la révélation qui s'en profile. Oui, j'avais deviné avant la fin ce que l'auteur tramait. Et cela ne m'a pas plu. J'ai néanmoins terminé le roman pour en avoir la confirmation (bingo) en ingurgitant au passage des réflexions plus ou moins passables, car éculées, sur l'amour, la vie, la mort. Dommage que ça parte en cacahuète, car le début était extra, digne d'un épisode de la mythique Quatrième dimension !
Folio SF / Février 2016 ♦ Traduit par Louise Malagoli (The Silent Land) pour les éditions Bragelonne
Extinction, de Matthew Mather
Les habitants d'un immeuble new-yorkais se trouvent bloqués chez eux, suite à une tempête de neige qui vient de s'abattre sur la ville. Mike, sa femme Lauren et leur fils Luke peuvent compter sur leur ami Chuck, un survivaliste de premier ordre, qui va organiser leur subsistance avec célérité. Mais d'autres signes alarmants viennent s'ajouter à la cacophonie ambiante - New York est sens dessus dessous - car les réseaux de télécommunication sont perturbés, internet est coupé, bientôt tout le circuit électrique est touché, bref rien ne va plus et la psychose prend vite le pas. Les semaines défilent et la situation ne cesse d'empirer (épidémies, grippe aviaire, choléra, froid, faim, soif, manque de sécurité). Le chaos est d'une amplitude considérable. Mike et Chuck tiennent toujours les rênes de leur immeuble, qui rassemble une poignée de désespérés, mais doivent également parer aux attaques extérieures, de plus en plus organisées et d'une rare violence. La tension psychologique du livre est redoutable, le contexte horrifique et glaçant nous absorbe complètement et nous donne l'impression de nous fondre dans le décor. C'est très pertubant. L'explication d'un tel scénario est assez floue - cyberattaque, riposte chinoise ou mouvement intérieur - mais vise surtout à démontrer le comportement de l'homme face à lui-même. Les personnages ici ne sont pas très attachants et manquent de relief, par contre les sensations ressenties - détresse, anxiété, peur - sont au taquet. On stresse tout du long et on tourne les pages dans l'attente de la prochaine catastrophe. C'est éprouvant pour les nerfs, passablement démoralisant. Une lecture anxiogène, plutôt efficace, malgré quelques longueurs.
Fleuve Noir / Novembre 2015 ♦ Traduit par Christine Barbaste (Cyberstorm)