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Chez Clarabel
4 mars 2016

Dernier meurtre avant la fin du monde, de Ben H. Winters

DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE

Le monde est devenu fou, depuis que les scientifiques ont annoncé l'impact de l'astéroïde Maïa sur la planète, sans espoir d'y échapper, l'humanité a compris qu'il lui restait moins d'un an à vivre. Pourquoi s'embêter dans sa routine si l'on peut enfin accomplir de vieux rêves et lâcher prise pour de bon ? C'est du moins ce que pense une grande majorité d'individus, à l'exception d'une poignée d'irréductibles, dont Hank Palace, flic à Concord, New Hampshire.

Alors qu'il se rend dans un vieux McDo pour constater un nouveau cas de suicide - un chargé en assurances, Peter Zell, qui a choisi de déposer les armes en avance - Hank a l'intime conviction que les apparences sont trompeuses et que la mort du type a été déguisée pour masquer un crime. Globalement, les services d'ordre bénéficient d'une réglementation plus stricte pour dissuader toute flambée de violence, mais nombre de policiers ne se donnent plus la peine de mener à bien leurs enquêtes et laissent trop souvent courir les affaires impunies. Aussi, l'obstination de Palace, à réfuter l'évidence et creuser une piste aléatoire, fait doucement glousser ses collègues. 

L'intrigue policière est en apparence conventionnelle et assez basique, dans le sens où on a là un pur roman noir, au déroulement classique et sans esbroufe. Ce qui le distingue du lot, finalement, c'est son contexte de fin du monde. Alors, là, chapeau pour la description de l'ambiance pré-apocalyptique, réaliste et poignante. On a franchement l'impression d'y être, de sentir la chape de plomb, prête à s'abattre, et d'éprouver un mélange d'impuissance, de colère et de désarroi. On baigne dans un climat pesant, limite démoralisant, mais on s'y habitue aussi, et c'est d'ailleurs en relevant le nez du livre qu'on se sent étourdi et plein de confusion. Quelles sont les limites de la réalité et de la fiction ?

Rien que pour ça, je trouve ce roman très réussi et je le recommande chaudement. Il sera suivi de deux autres livres, et vu le compte à rebours (l'histoire se déroule en mars, la fin du monde est prévue en octobre) cela présage des frissons d'angoisse et d'excitation ! 

10/18 / Février 2016 

Traduit par Valérie Le Plouhinec (The Last Policeman) pour les éditions Super 8.

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4 mars 2016

Les Monstres, de Lauren Beukes

Les Monstres

La police de Detroit vient de découvrir le corps mutilé d'un jeune garçon, dans une mise en scène sordide et révoltante (une bouillie de membres humains associés à des restes de cerf). L'inspectrice Gabriella Versado, chargée de l'enquête, est horrifiée par tant de perversité et ne va plus compter plus ses heures au boulot, délaissant malgré elle sa fille de seize ans, Layla, une adolescente solitaire et mal dans sa peau, qui va également occuper son temps libre de façon irréfléchie, en traquant les prédateurs sexuels sur le net (une idée de sa copine Cass, qui cherche à masquer sa fragilité derrière son insolence). D'autres personnages viennent compléter le tableau, dont Jonno, un pauvre type en quête de scoop pour son blog, ou Clayton Broom, au profil psychologique particulièrement instable. De toute manière, dans ce livre, rien n'est clair, tout fonctionne de travers. On y trouve une palette d'individus affligeants, dont les destinées semblent avoir été brassées grossièrement, dans un récipient vide et creux. Et puis ça sent très fort la fatalité, coincé dans un décor lugubre et morose. L'ambiance générale tend carrément à la déprime, à la désolation, au misérabilisme. L'histoire, enfin, est lourde, pesante et trop bizarre... pas du tout palpitante. Même le dénouement poussif tourne au ridicule les plus grandes scènes de suspense haletant. Là, sans rire, c'est pitoyable. Honnêtement, j'attendais plus de frissons. Au lieu de ça, cette première approche de l'univers, réputé sulfureux, de Lauren Beukes n'a été que déception et amertume. Sa vision trop noire et dérangeante du roman policier, conjuguée aux codes du fantastique, n'a pas su me convaincre.

Presses de la Cité / Coll. Sang d'encre ♦ Juin 2015

Traduit par Laurent Philibert-Caillat (Broken Monsters)

>> Ce livre audio en version intégrale vous est proposé en exclusivité par Audible, 
uniquement disponible en téléchargement.

Les monstres | Livre audio

Lu par : Gaëlle Savary / Durée : 14 h 15   (P)2015 Audible FR

3 mars 2016

Une année particulière, de Thomas Montasser

Une Année Particulière

Par une froide soirée d'hiver, Tante Charlotte quitte sa librairie, tourne la clef dans la serrure, serre son sac à main contre elle et trace sa route sans se retourner. Sans nouvelles de celle-ci, sa famille envoie la jeune Valérie, étudiante en économie et gestion d'entreprise, pour liquider son commerce poussiéreux et croulant sous les dettes. Notre ambitieuse et pragmatique héroïne ne s'avoue pas vaincue, même si l'ampleur de la tâche est conséquente. À peine débarquée dans l'antique librairie, Valérie s'effondre dans le fauteuil usé de sa tante et pousse un profond soupir. Elle songe alors qu'une bonne tasse de thé, préparé dans le précieux samovar, lui redonnera un coup de pep's avant de plonger son nez dans les registres et les catalogues. Attendant que le liquide infuse dans les bonnes proportions, Valérie patiente en prenant un livre au hasard et retourne s'installer dans son fauteuil... pour seulement s'en extraire en fin de journée, 248 pages lues, la goutte au nez, un sourire hébété sur les lèvres. ;-)

Pour Valérie, qui entretient un rapport très éloigné avec les livres, la littérature, l'imagination, les rêves, la poésie etc, cette plongée dans l'univers de sa tante, libraire par vocation, par goût et par envie, est un choc culturel d'amplitude considérable. Et pourtant, la magie a déjà fait son chemin. Au fil des jours, la jeune femme s'installe dans une routine, thé, fauteuil, lecture, et revoit progressivement sa perception des lieux. La librairie a fait son temps, perdu de nombreuses batailles, loupé le coche de la modernité et se débat désespérément contre la fatalité. Pour Valérie, pourtant, l'aventure ne fait que commencer. Un soir, un jeune homme déboule à l'improviste, cheveux en pétard, imperméable chiffonné, l'air pensif et recueilli devant les rayons. Et tout se scelle autour d'un petit bouquin, jugé défectueux, écrit par un auteur inconnu, avec pour titre Une année particulière... 

Alléchée par le résumé, j'ai dévoré ce roman en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Et si le contenu n'a pas su me séduire totalement (l'écriture est peu folichonne, l'histoire assez creuse), j'ai totalement succombé au charme du lieu, la librairie désuète et oubliée de tous, où on imagine s'y perdre, prendre un bouquin et s'affaler dans le fauteuil usé durant des heures, à boire du thé, croiser des figures aimables, des personnalités excentriques et attachantes (le môme Timmi qui ne craque que pour les BEAUX livres, le grand acteur Noé ou l'ouvrier du bâtiment, venu d'Iran, qui voue à la poésie perse une vénération sans borne). Autant de rencontres colorées, dans un endroit apparemment mis sur pause.

C'est un peu ça, finalement, qu'il faudra espérer du roman, une lecture hors du temps et des considérations sur la vie qui font réfléchir, une foule de livres à noter, une touche de fantaisie, pas mal de sensibilité, et un roman qui fait la part belle à cette passion de lire et de la lecture en général. 

Presses de la Cité / Mars 2016 ♦ Traduit par Leïla Pellissier (Ein ganz besonderes Jahr)

2 mars 2016

La Blonde en béton, de Michael Connelly

La Blonde en béton CL

Quatre ans après avoir tué Norman Church, le principal suspect dans l'affaire du Dollmaker, Harry Bosch doit rendre des comptes devant les tribunaux, accusé par la famille du défunt de grave erreur policière. Notre inspecteur tient bon la barre, contre vents et marées, affrontant les foudres de l'avocate Money Chandler, dont la spécialité consiste à épingler les dérapages des forces de l'ordre. La position de Bosch reste inflexible, jusqu'au jour où ses collègues sont prévenus de la présence d'un corps, coulé dans le béton, qui porte toutes les traces du serial killer, alors que celui-ci avait déjà été tué. Cette nouvelle découverte ébranle les certitudes de notre super-flic, qui doit agir vite et bien, et ce dans la plus grande discrétion, pour ne pas alerter l'accusation ni la presse. Mais l'étau se resserre et la paranoïa gagne du terrain. Bosch pointe du doigt l'éventualité d'un copieur et l'existence d'autres corps. Son enquête vole en éclats par la faute d'une taupe au sein de son équipe. Harry se sent acculé mais tente de cerner au mieux la personnalité du criminel et multiplie les suspects. Le dénouement est ainsi une succession de rebondissements après maintes déductions et tentatives d'approcher le coupable. Et c'est super bien rendu. Le scénario, haletant et habile, nous cueille par le nez pour nous guider là où il faut, quand il faut.

Ce roman est aussi pour moi la conversion ultime à la série Harry Bosch dont les deux premiers tomes (Les égouts de Los Angeles et La Glace noire) n'avaient pas su me charmer au-delà du possible. Cette fois, l'alchimie a opéré et je suis fatalement conquise. Bosch est un flic teigneux, pas sympa, mais sa force et sa détermination sont aussi la dynamique de la lecture, qui jongle entre la procédure judiciaire et la quête du serial killer, deux directions fort palpitantes pour l'intrigue. J'ai entrepris de suivre la série par ordre chronologique et vais découvrir ça avec grand plaisir dorénavant ! 

Calmann Levy / Robert Pépin présente (Mai 2014)

Lire le premier chapitre de "La Blonde en béton"

 

La blonde en béton   La blonde en béton LdP 2015

Points Policier (Mai 2012) / Le Livre de Poche (Mai 2015)

Traduit par Jean Esch (The Concrete Blonde, 1994)

1 mars 2016

Les Mondes de Philip K. Dick

mercredi 02 mars à 22h40 (56 min) sur ARTE

LES MONDES DE PHILIP K

 Rediffusion mardi 29.03 à 3h25

Le nom de Philip K Dick vous évoque probablement l'univers abstrait de la science-fiction, que je considérais stupidement inaccessible, ou peu à mon goût, jusqu'à ce que j'apprenne que Minority Report, Blade Runner, Paycheck, L'Agence ou Total Recall, avant d'être les adaptations hollywoodiennes à succès, étaient tous des romans (ou nouvelles) de l'auteur. Et cela change tout. J'ai eu soudain envie d'en savoir plus, et bingo, le film, diffusé sur Arte, écrit par Yann Coquart et Ariel Kyrou, vous invite à mieux découvrir la personnalité, le parcours et les écrits de l'auteur. 

En moins d'une heure, on découvre un véritable personnage de fiction : l'homme, de nature paranoïaque, à tendance obsessionnelle, ne sortait jamais de chez lui, recherchait l'éternelle fille aux cheveux noirs ou vivait dans le souvenir de sa jumelle décédée, il croyait aussi en la théorie du complot, voyait le danger partout, imaginait notre société du futur sous le contrôle des machines et des nouvelles technologies, notre humanité effacée par la rencontre du 3e type, le martien n'étant plus un mythe etc. C'est aussi tordant que décalé, torturé que tourmenté, un esprit génial, en surchauffe perpétuelle, dopé aux amphétamines ou visionnaire défaitiste... Les spéculations ne manquent pas. Mais le plus perturbant revient à lire ou relire ses œuvres, aujourd'hui, en plein XXIe siècle blasé par l'évolution perpétuelle de notre mode de vie. On plonge dans ses histoires avec le même trouble et la même fascination, réalisant surtout que tout avait déjà été écrit, pensé, annoncé. Philip K Dick avait réellement anticipé notre monde actuel - par pur génie ou simple fantasme délirant ?

Pour le savoir, laissez-vous porter par ce portrait dressé d'après de nombreux témoignages (dont sa veuve, son thérapeute et son biographe), des clichés personnels et, surtout, des passages de ses récits lus à voix haute. Et si l'envie de tout noter pour en lire davantage et prolonger cette immersion "dickienne" ne vous effleure pas, je n'y comprends rien ! ;-) Pour ma part, j'ai commencé la lecture de son roman uchronique, Le Maître du Haut Château. Et je me régale. 

Les Mondes de Philip K. Dick (1928-1982), réalisé par Yann Coquart, produit par Thibaut de Corday (2015).

 

SOURCE : Arte  © Nova Production

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1 mars 2016

Expo 58, de Jonathan Coe

Expo 58

Thomas Foley, du Bureau de l’Information, se voit confier la mission de superviser la construction du Pavillon britannique, lors de la prochaine Exposition universelle qui aura lieu à Bruxelles. Nous sommes en 1958. Il doit ainsi partir six mois en Belgique pour administrer le fameux pub anglais, le Britannia, un fac-similé qui deviendra rapidement le bastion d'individus pittoresques. On y retrouve notamment son camarade de chambrée, Tony Buttress, un scientifique anglais responsable d’une machine susceptible de bouleverser la technologie nucléaire, Anneke, la jolie hôtesse belge, son amie Clara, Jamie la barmaid et Emily l'américaine volubile, sans oublier Andrey Chersky, un journaliste russe, peu gêné aux entournures de brandir sa fierté patriotique, même s'il craque copieusement pour les nouvelles chips anglaises. Cette joyeuse bande passe donc de longues soirées animées, à boire de la bière, flirter, danser et refaire le monde. Thomas, tout absorbé par cette ambiance de fête, en oublie même son épouse Sylvia, restée à Tooting, en banlieue londonienne, avec leur bébé sur les bras ! Totalement sous le charme de la blonde Anneke, il vient également de basculer dans une dimension surréaliste - impliquant un kidnapping dans les règles de l'art et une mission d'espionnage à la James Bond - et est clairement dépassé par la situation.

N'en doutez pas, c'est un roman tout simplement exquis. L'histoire au départ ne laisse absolument pas présager la tournure qu'elle va prendre, alors accrochez-vous ! Thomas est un type affreusement guindé, pas taillé pour le rôle de l'agent secret, mais son entourage et leurs péripéties valent franchement le détour. Résultat, on ricane beaucoup à la lecture des aventures folkloriques et truculentes de cet anti-héros qui marche sur les plates-bandes de l'agent 007 comme un automate dégingandé. On redécouvre aussi l'époque de la guerre froide dans une représentation complètement dingue et aberrante, très caricaturale aussi, mais tout ça est fait exprès. L'ensemble peut sembler inattendu, mais c'est absolument désopilant à lire. Frais et enlevé. Un vrai roman anglais qui se moque des codes et du genre.

Folio / Juin 2015 ♦ Traduit par Josée Kamoun pour les éditions Gallimard

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1 mars 2016

Opération Sweet Tooth, par Ian McEwan

Opération sweet tooth

Au début des années 1970, Serena Frome, une jeune anglaise, fille de pasteur, étudiante en mathématiques à Cambridge, fait la rencontre d'un éminent professeur, qui va la modeler intellectuellement, avant de la recommander aux services secrets du MI5. Son idylle se termine douloureusement et, pour oublier son chagrin, Serena travaille d'arrache-pied pour décrocher sa première mission : l'opération Sweet Tooth, qui consiste à encourager de jeunes écrivains, en subvenant à leurs besoins financiers, pour qu'ils publient des écrits dont les idéologies concordent avec celles du gouvernement britannique. Tout ceci dans la plus grande discrétion, naturellement. La cible de Serena s'appelle Tom Haley, une plume prometteuse et pleine de talent, mais à l'univers assez sombre et torturé. La jeune femme tombe néanmoins amoureuse de ses nouvelles, avant de connaître le personnage... et de succomber de nouveau au charme de l'intellectuel. C'est une récurrence chez cette héroïne, belle et vaniteuse, qui reconnaît son attirance pour la même figure masculine dominatrice. Et fatalement, en tombant amoureuse de son client, la jeune femme compromet sa mission et s'attire le courroux de son superviseur fou de jalousie...

Serena n'étant toutefois pas une figure très attachante, son histoire ne nous touche pas davantage, aussi admirablement écrite et fascinante soit-elle. Dans ce roman d'amour, sur fond d'espionnage, l'auteur tente d'exploiter une nouvelle palette de sensations, où les relations semblent plus douces, plus délicates et à la sensualité plus nuancée, mais l'ensemble sonne faux, froid, imperméable aux émotions. L'auteur se sert aussi de la littérature comme un outil de manipulation - l'univers sulfureux de Haley rappelle celui de McEwan - la cruauté et la perversité s'étalant dans toute leur splendeur. Les femmes, aussi, sont traitées comme de simples objets jetables, dans une société qu'on devine désœuvrée, en quête de nouveaux ennemis (la guerre froide s'étiole, mais les premières frictions en Irlande du Nord apparaissent). C'est donc un roman pour le moins troublant et poignant... mais tellement déconcertant. J'en sors quelque peu perplexe. 

Folio / Octobre 2015 ♦ Traduit par France Camus-Pichon pour les éditions Gallimard

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