Poppy Pym et la malédiction du pharaon, de Laura Wood
Abandonnée dans un cirque, Poppy Pym a grandi pendant douze ans au sein d'une troupe de joyeux lurons, désormais sa nouvelle famille, composée d'acrobates, de clowns et de dresseurs de lion. Mais Poppy doit les quitter pour suivre sa scolarité à Saint Smithen, un pensionnat privé, avec uniforme et règlement assez strict, où la fillette fait rapidement sensation avec ses numéros de voltige et son enfance bohème. Cela atténue un tant soit peu sa mélancolie d'être loin des siens, même si son amitié avec Ingrid et Kip lui donne aussi du baume au cœur. Et puis la vie à l'école est riche de promesses excitantes, quand débarque une exposition d'antiquités égyptiennes, dont le rubis scarabée du pharaon et une vieille histoire de malédiction. Sitôt après, survient une série de faits étranges qui mettent les sens de Poppy en alerte. La jeune fille étant une lectrice assidue de romans policiers, elle s'improvise immédiatement détective et se lance dans l'enquête avec beaucoup de vigueur, non sans maladresse. La suite se déroule dans un esprit bon enfant, assez rafraîchissant à parcourir, d'autant plus que Poppy Pym est une héroïne adorable et attachante. La lecture manque probablement d'un soupçon d'espièglerie pour la distinguer de la masse, si ce n'est qu'elle baigne dans un univers sensationnel (le cirque) qui constitue une toile de fond originale, avec des personnages déjantés et atypiques. Les dialogues avec Suzy l'élastique, Fanella, Luigi ou Marvin distillent ce grain de folie qui fait défaut au reste de l'histoire trop enfermée dans le cercle de Saint Smithen et sa routine ronronnante (ou trop enfantine). Ceci dit, les plus jeunes y trouveront sans problème la matière nécessaire pour extrapoler, rêver et imaginer vivre des vies différentes, en supposant aussi être de bons lecteurs pour se lancer dans une aventure de 340 pages !
Seuil jeunesse / Mars 2016 ♦ Traduction de Cécile Nelson (Poppy Pym and the Pharaoh's Curse)
Beatrice Bencivenni pour les illustrations
No et moi, de Delphine de Vigan
J'avais déjà lu le roman à sa sortie (en 2007) et le redécouvre en format audio aujourd'hui. Il est lu par la ravissante Lola Naymark, qui incarne à sa façon, discrète et élégante, le désœuvrement adolescent et la sensation d'être au bord du gouffre en papillonnant de désespoir pour ne pas y tomber. Lou a treize ans et deux ans d'avance sur sa scolarité. Avec son physique frêle et fragile, l'adolescente se tient à distance de ses camarades, se sentant souvent empruntée et maladroite. Obligée de rendre un exposé scolaire, sur le thème des sans-abris, Lou fait la rencontre de No, dix-huit ans, seule dans la rue, hargneuse et révoltée. La fillette cherche à l'approcher, lui offre à boire et à manger, avant de lui proposer de l'héberger si ses parents sont d'accord. L'ambiance à la maison est particulièrement morose, depuis la perte du bébé, sa mère a sombré dans une dépression et vit isolée dans sa bulle. Cette indifférence atteint Lou, qui souffre en silence et veut chercher à compenser ce vide en voulant arracher No à sa propre détresse et ses vieux démons. Las ! le charme de la relecture n'a ici plus opéré car j'ai trouvé l'histoire agaçante et désespérante. Je n'étais plus convaincue de suivre les déboires d'une jeune SDF irrécupérable, dont le parcours ne me touchait pas, ni de comprendre les agissements de Lou, naïve et à fleur de peau, totalement inconsciente et irresponsable, alors qu'elle cherche à colmater ses propres failles sans réaliser qu'elle se goure complètement. C'est assez frustrant de constater les défauts d'un roman qu'on pensait apprécier (il y a neuf ans), mais de retrouver un tableau qu'on juge davantage amer et démoralisant. Je ne regrette pas ce contre-essai, c'est le jeu aussi d'affronter ses souvenirs et de prendre le risque d'en étioler les couleurs. Je pense qu'il est temps de transmettre cette lecture à mon adolescente de fille...
Lu par Lola Naymark pour Audiolib / Mars 2016 (durée : 5h 10)