Mademoiselle Alice qui inventa le cinéma, de Sandrine Beau & Cléo Germain
Ce petit roman nous introduit avec efficacité dans le milieu du cinéma à ses débuts balbutiants et nous fait rencontrer une incroyable demoiselle, Alice Guy, vingt-deux ans en 1895. Suite au décès de son père, Alice n'a pas d'autre choix que de trouver du travail et décroche un poste de secrétaire au Comptoire général de photographie, auprès de M. Gaumont. Sa découverte du cinématographe des frères Lumière va considérablement chambouler son destin ! Car Mademoiselle Alice comprend très vite le potentiel de la machine et la nécessité de créer des petites histoires pour divertir le public. Son succès est immédiat, parfois au grand mécontentement de son patron, qui rouspète pour la forme, car il la propulse à la tête d'un vrai studio de cinéma pour y développer ses tournages. Alice, toujours pleine d'entrain, se lie d'amitié avec un garçon comédien, Joseph, surnommé La Glu, et tombe amoureuse de son cameraman, Herbert. Ensemble, ils vont même s'exiler aux USA pour assurer la promotion du chronophone de M. Gaumont et réaliser toujours plus de films. J'étais remplie d'enthousiasme à la lecture de ce délicieux portrait, jusqu'à ce que je tombe sur la note biographique en fin d'ouvrage (le coin des experts) pour y apprendre le revers de la médaille et les malheurs d'Alice, ce qui explique pourquoi, de nos jours, cette figure du cinéma du XIXe siècle soit si peu connue. Tristesse. Mais je conserve néanmoins une excellente appréciation quant à ma lecture et au parcours de cette pionnière mésestimée, qui a réalisé pas moins de 400 films et révolutionné le genre en apportant de la couleur et du son aux images. Le roman fait aussi un bref état des lieux de cette industrie décrite comme « une invention sans avenir » selon Louis Lumière et qui évoluera de façon considérable grâce au génie de réalisateurs passionnés et talentueux (Alice Guy, mais aussi Georges Méliès et son célèbre Voyage dans la Lune). Une lecture instructive, enrichissante et un tantinet poignante.
Belin Jeunesse, avril 2016 - illustrations de Cléo Germain