Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
16 juin 2016

Maudit manoir, Cocktail de saveurs, de Paul Martin & Manu Boisteau

Maudit Manoir

Drôle de quotidien au Maudit Manoir ! Entre les tâches ménagères, les factures à payer, le frigo à remplir, les expériences scientiques à conduire, nos monstres assaisonnent toutes les situations ordinaires à leur sauce (excessive et abominable).

C'est souvent beurk, proche de l'impensable, comme la visite médicale de Hans, qui se plaint d'un petit mal de dent, et qui va être décortiqué de fond en comble, tripes et boyaux à l'air... erk ! Notre ami n'aura plus que ses yeux pour pleurer.

Heureusement, le ton général est à l'humour. Dracunaze, Bernard le loup-garou, le professeur Von Skalpel, l'Horreur des marais, Céleste le fantôme et la baronne Béatrice se débattent pour résoudre leurs problèmes d'intendance et font souvent preuve d'une imagination débordante.

De l'art de faire place nette, de recycler les rats de laboratoire en terrine aux herbes, de tester l'instinct du ventre (avec pizza à l'appui), de trouver le voleur de porcelaines, de jouer au cerf-volant, de débusquer dans l'annuaire la formule qui transforme le plomb en or, de réparer la fuite du toit ou de déblayer la neige devant la porte... 

Les situations saugrenues s'enchaînent dans des séquences courtes, efficaces et irrésistibles. L'univers dépeint est bariolé, un peu criard, les créatures sont laides et vilaines. Une lecture simple, mais impayable. On se marre bien chez les monstres du manoir ! 

Casterman, juin 2016

 

Publicité
Publicité
16 juin 2016

Les Rêves dans la Maison de la Sorcière, de Mathieu Sapin & Patrick Pion, d'après Lovecraft

Les rêves dans la maison de la sorcière

Étudiant en mathématiques, Walter loue une chambre de bonne chargée d'une histoire bien noire, puisque, deux siècles plus tôt, la vieille sorcière Keziah Mason y avait vécu en semant l'effroi et le scandale. Loin de paniquer, le garçon est intrigué par cette légende. Il est, de plus, convaincu d'avoir développé une sensibilité quasi surnaturelle, comme de percevoir plus que nettement les cavalcades des rats qui envahissent le grenier de la maison, ou de ressentir l'influence malfaisante qui gravite autour de lui. Walter va d'abord mettre son agitation sur le compte de sa fatigue, de la surcharge de travail et de la pression à l'université. Puis il réalise que ses rêves eux-mêmes vont outrepasser les bornes de la raison. Comme si la sorcière cherchait à entrer en contact avec lui.

Adaptée d'une nouvelle de H-P Lovecraft, cette bande dessinée impose un univers remarquable d'angoisse et d'épouvante. On y découvre un personnage qui fait des rêves hallucinatoires, de plus en plus effrayants, voire déstabilisants pour sa santé mentale, et qui ne cessent de l'aspirer dans la fameuse quatrième dimension (également le sujet de ses recherches). Mathieu Sapin a puisé du texte original toute la sève de ce récit fantastique méconnu pour permettre à Patrick Pion d'en dessiner la folie douce et l'affolement du garçon prisonnier de ses lubies paranoïaques et obsessionnelles. La technique des pages en noir et blanc, glissées exprès pour illustrer les nuits cauchemardesques de Walter, vient justement trancher avec l'opacité de la BD aux teintes crépusculaires. On tremble tout du long, entre peur et perplexité face à la chute implacable du héros qui sombre dans un délire poignant. Mais on absorbe tout en tournant les pages avec fébrilité. La lecture procure quelques frissons, elle séduit aussi pour son sens de la poésie et surprend pour son goût du morbide. Amateurs d'étrange et de surnaturel, cette plongée sensationnelle mérite bien qu'on y perd ses repères à tenter de décrypter la symbolique des rêves et leur emprise sur nos vies, au risque d'atteindre le point de non-retour et de basculer dans le gouffre des enfers. Une lecture terrible et saisissante !! 

“Étaient-ce les rêves qui avaient engendré la fièvre ou bien la fièvre qui avait engendré les rêves...”

Rue de Sèvres, Juin 2016

16 juin 2016

Black Sands unité 731, de Tiburce Oger & Mathieu Contis

Black Sands

Tiburce Oger se fait scénariste pour le dessinateur Mathieu Contis, au service d’un thriller glaçant, inspiré de faits réels de la Seconde Guerre mondiale.

Alors que la guerre fait rage entre le Japon et les USA, des marines débarquent sur une île paumée du Pacifique, avant de se faire massacrer par une entité inconnue. Peu de temps après, un torpiller américain sera également coulé par un sous-marin japonais, laissant une poignée de rescapés. Ces derniers vont échouer sur la même île, pour rapidement déchanter. C'est avec eux qu'on va alors pénétrer dans la touffeur de cette jungle mystérieuse et pleine de dangers... Attention les yeux ! Palpitant dans le rouge. Émotions fortes garanties.

Car sur cette île, des zombies surgissent de nulle part, des civils sont séquestrés et livrés à des expériences dans un centre de recherches tenu par la Tokeitaï, la gestapo  japonaise ! Au cœur de ce méli-mélo improbable, un homme - Joseph Grégovitkz - va s'acharner pour lutter contre le destin et dynamiter ce projet fou. 

L'univers très sombre et opaque de la BD accentue l'orientation énigmatique et un peu glauque de l'intrigue. Les couleurs crépusculaires aussi viennent plomber l'ambiance. On avance à l'aveuglette dans l'histoire et on sursaute à chaque coin de page. C'est terrifiant, bien rendu. Une lecture qui tient en haleine et qui interpelle par son aspect authentique des faits rapportés (puisque inspirés de la réalité). 

Rue de Sèvres / Mars 2016

15 juin 2016

Quand j'étais Jane Eyre, de Sheila Kohler

QUAND J’ÉTAIS JANE EYRE

Au chevet de son vieux père, qui se remet doucement d'une opération risquée des yeux, Charlotte trouve le temps long et sent son esprit divaguer vers des bouts d'idées qui amorcent le début d'un nouveau roman. En s'inspirant de son expérience, pauvrette et maigrichonne, et de son entourage, restreint et condamné aux psychoses innombrables, Charlotte élabore un roman ambitieux, promu à devenir un grand classique, mais il lui faudra encore patienter deux ans pour savourer pleinement le produit de son labeur. En attendant, on suit notre héroïne dans son existence terne et monotone, d'abord à Manchester, puis dans le petit presbytère de Haworth, où elle passe tout son temps à écrire avec ses sœurs, Emily et Anne, tandis que leur frère Branwell succombe à ses délires obsessionnels et son penchant pour l'alcool. Le quotidien chez les Brontë est terriblement austère, empesé par les échecs, les doutes, les refoulements. Sans doute cette accumulation de frustrations donna lieu à cette verve romanesque et flamboyante présente dans les livres des sœurs Brontë. Toujours est-il que Charlotte, Emily et Anne contenaient en elles une passion et une violence qui ne demandaient qu'à s'exprimer, d'où leur prose déchaînée dans leurs romans, et pourtant si longtemps incomprise aux yeux de leurs contemporains. Il n'y a qu'à relire Les Hauts de Hurlevent pour sentir cette sauvagerie et l'impudeur des sentiments, déchirés entre la haine et la vengeance, et saisir ce qui a offusqué les critiques et les lecteurs de l'époque. Ou plonger dans Jane Eyre pour y aspirer l'étroitesse d'un avenir sans horizon, l'angoisse de l'amour naissant et le désespoir d'une passion bafouée après la découverte de la tromperie. Ce court roman de Sheila Kohler retrace le portrait remarquable d'une famille composée de trois talentueuses jeunes femmes, condamnées à une existence sans éclat (filles de pasteur, vivant à la campagne, vouées au célibat), et qui vont se consacrer religieusement à l'écriture, avec la conscience aigüe de maintenir leurs projets dans le secret (d'où leurs pseudonymes, Currer, Ellis et Acton Bell, pour brouiller les pistes de leur sexe). Sheila Kohler a su s'imprégner de cette ambiance pour nous livrer un roman original et authentique, qui nous convie dans une ronde des souvenirs sincères et émouvants, où l'on prend conscience des ambitions et des espoirs déçus de ces jeunes femmes, de leur ténacité et de leur prodigiosité à avoir su sublimer le tragique de leurs vies en œuvres d'un romantisme fougueux. Un vrai coup de maître ! 

Traduit de l’anglais par Michèle Hechter pour Quai Voltaire / La Table Ronde (2012)

Repris chez 10/18 Littérature Étrangère, Août 2013

 

Mois Anglais 1 Mois Anglais 1 Mois Anglais 1

#Mois Anglais 2016 : Victoriens anglais

 

14 juin 2016

Une braise sous la cendre, de Sabaa Tahir

Une braise sous la cendre

« Je vais te dire ce que je dis à chaque esclave qui arrive à Blackcliff : la Résistance a tenté de pénétrer dans l'école un nombre incalculable de fois. Si tu travailles pour elle, si tu contactes ses membres, et même si tu y songes, je le saurai et je t'écraserai. »

Autrefois l'Empire était partagé entre les Érudits, cultivés, gardiens du savoir, et les Martiaux, armée redoutable, brutale, dévouée à l'empereur. Mais les soldats ont pris le dessus, et désormais quiconque est surpris en train de lire ou d'écrire s'expose aux pires châtiments. Dans ce monde sans merci, Laia, une érudite de seize ans, devenue esclave par choix (pour sauver son frère), et Elias, un soldat d'élite, pressenti pour devenir empereur, vont croiser leur destin et écrire le début de cette saga flamboyante !

Ouhlala ! Avalanche d'émotions à prévoir. Cette lecture est palpitante, du début à la fin. D'ailleurs, l'immersion est immédiate : on plonge dans un univers sombre, effroyable et poignant. L'endoctrinement des plus jeunes, les tortures, les coups, l'absence de réaction... ce monde sans pitié s'étale sous nos yeux sans fard, sans filtre. C'est sidérant. L'introduction est longue exprès pour mieux imprégner le lecteur, cela laisse aussi à l'histoire du temps et de l'espace pour s'installer : personnages, créatures, enjeux. On prend note, on lit, on écoute et on patiente. C'est finement joué, le suspense est palpable et nous tient en haleine. On retrouve aussi des éléments issus des thèmes de la fantasy, mais aussi de la dystopie. Un savant mélange qui rend cette lecture alerte et entraînante. Personnellement j'ai beaucoup aimé. J'ai tout de suite accroché aux personnalités du trio vedette, tout en force, sensibilité, tendresse, courage et arrogance. Des liens déjà se nouent, des cœurs qui battent en rythme et des penchants probables mais incertains se dessinent... Triangle amoureux, certes. Mais triangle amoureux pertinent et bénéfique au pep's de l'intrigue. ^-^ On n'oublie pas les enjeux politiques, la toile de fond inéluctable et féroce, qui accentue l'orientation opaque et inquiétante de la série. C'est très, très bon. Énigmatique, sinistre, rigoureux, dramatique et impressionnant. Un début en fanfare ! Il me tarde de connaître la suite (prochainement disponible en novembre 2016) ! ☺

Traduit par Hélène Zylberait pour les éditions PKJ. (Pocket Jeunesse) - Octobre 2015

Publicité
Publicité
14 juin 2016

Ses griffes et ses crocs, de Mathieu Robin

Ses griffes et ses crocs

Invitée à passer leurs vacances dans un chalet perdu en pleine montagne, la famille Coogan débarque avec leurs amis pour un séjour de détente, vivement conseillé pour calmer les crises d'angoisse de leur fils Marcus.
Or, très vite, un climat hostile et électrique s'installe entre eux. Anika et son mari se déchirent pour des querelles stupides. Lia, l'aînée, en profite pour semer la zizanie. Adolescente instable, au caractère fort et boudeur, elle se comporte comme une effrontée.
Marcus, sous calmant, n'en reste pas moins fragile, prêt à exploser. Son premier réflexe avait été de demander à partir. Les lieux ne lui inspirent aucune confiance. Le cadre de la nature environnante le terrifie, sans expliquer pourquoi.
Habitués à ses troubles, ses parents ont balayé ses protestations, lui assurant que ces vacances leur seraient bénéfiques à tous !
Marcus va finalement oublier ses mauvais pressentiments et chercher du réconfort dans la lecture. Il trouve ainsi un ouvrage sur une légende indienne, mais se voit confisquer le livre sans explication.
Inutile d'alimenter sa psychose avec des contes populaires... 
Et puis un jour, ses parents et leurs amis partent en randonnée. Le temps passe... Le garçon va se faufiler dans leur chambre pour retrouver son bouquin. Le reste de l'histoire va alors basculer dans l'innommable.
Jusqu'à la fin, on ignore à quelle sauce l'histoire va nous manger. Entre thriller fantastique et récit initiatique, le roman nous malmène avec dextérité et jubile in petto. C'est super angoissant, bien écrit, planté dans des paysages fascinants, qui font voyager dans les grands espaces américains, en donnant l'illusion d'une échappée. Cela tient aussi toutes ses promesses pour nous tenir en haleine, pour donner du champ à toute interprétation et autres spéculations. On sait en préambule que la suite va être rude et implacable... Alors installez-vous et bonne lecture ! 

Actes Sud Junior, Juin 2015

« Impossible de savoir combien de temps s'est écoulé. Dehors la lumière a changé. Le visage de Marcus est éclairé par un crépuscule rouge presque irréel. Un bruit sourd et massif se répète. Encore sous l'effet du médicament, Marcus émerge difficilement. Il a du mal à se redresser sur le lit. Il entend simplement ce lourd martèlement qui se rapproche, comme un bruit de pas, mais des pas de géant tant le sol tremble. Puis, plus rien, le silence. Marcus essaie de se lever pour aller à la fenêtre mais la tête lui tourne, il retombe sur le lit. Il appelle sa sœur, mais personne ne lui répond. Il crie à nouveau et tend l'oreille. La réponse qu'il reçoit n'est pas celle escomptée : un hurlement rauque, monstrueux, résonne dehors. La marche reprend, pesante, colossale, si proche que la vitre de la fenêtre vibre à chaque enjambée. Marcus, tétanisé, aperçoit par la fenêtre les cimes des arbres bouger à l'horizon, écartés comme de vulgaires buissons. Et si la légende disait vrai ? La Bête arrive droit sur lui ! »

 

14 juin 2016

Erik Vogler et les Crimes du Roi Blanc, de Beatriz Osés

Erik Vogler

Erik Vogler passe pour un adolescent excentrique et monomaniaque, avec ses petites lubies, ses manies, ses tics et ses tocs. Sa grand-mère Berta de Grasberg a beaucoup de mal à supporter ses bizarreries. Pourtant, c'est chez elle que le garçon devra passer ses vacances, au lieu d'un voyage à New York avec son père. Erik est très contrarié lorsqu'il arrive à la campagne et s'installe dans sa petite chambre poussiéreuse. Son séjour va être un calvaire. De plus, le garçon et la grand-mère ne cachent pas leurs sentiments réciproques à subir cette cohabitation sous la contrainte.

Le premier soir, par un nuit d'orage, Erik est surpris par une panne de courant au moment de prendre sa douche. Au même instant, il aperçoit un fantôme derrière la fenêtre et croit mourir de peur. Les jours suivants, d'autres indices lui font tourner la tête (une pièce d'un jeu d'échecs qui apparaît et disparaît, la sonate de Schubert qui s'enclenche sans raison, une page d'un poème de Goethe qu'il trouve dans ses affaires...). Inutile d'attendre de sa grand-mère un quelconque soutien. Au lieu de ça, Erik finit par comprendre qu'ON cherche à lui adresser un message et va s'intéresser aux récents faits divers. Chez lui, à Brême, une jeune fille de son âge, Sandra Nadel, a été retrouvée assassinée, mais son criminel court toujours. Erik va donc chercher à résoudre l'énigme.

Ce fantastique petit bouquin se lit d'une traite, tant il nous happe dans son histoire au suspense efficace. Les personnages aussi ne manquent pas de mordant et cassent la routine d'une osmose familiale idyllique. Erik Vogler est un garçon assez triste, solitaire, enfermé dans des mimétismes qui lui ôtent toute spontanéité, attaché à des petits gestes snobs (sa coiffure impeccable, ses chaussures de marque, sa tenue de rigueur, son eau plate à température ambiante qu'il commande tous les jours au café...). Sa grand-mère va vicieusement perturber ses habitudes, lui servir des soupes froides, des plats peu appétissants, lui présenter un voisin, Albert Zimmer, un prétentieux imbattable aux échecs.

C'est ainsi que ce trio improbable nous convie à suivre leurs aventures cocasses et palpitantes dans ce petit roman qui croque aussi bien leurs portraits avec humour sans alléger l'attente anxieuse et le climat angoissant de l'histoire. D'autres livres existent en version originale. Ce serait sympa de les voir traduits pour retrouver ce jeune héros hors du commun ! 

Traduit du castillan par Anaïs Goacolou (Erik Vogler y los crímenes del rey blanco) pour Hachette, mai 2016

 

13 juin 2016

Nom de code : BlackBird, tome 2 : Game Over, d'Anna Carey

Blackbird

L'histoire reprend exactement là où nous avait lâché l'auteur : à savoir une héroïne face à son destin, des masques qui tombent et des retrouvailles inattendues avec le garçon qui ne cesse d'apparaître dans ses rêves !
Ce Rafe tombe à point pour lui rafraîchir la mémoire et lui raconter leur parcours commun. Jusqu'alors, la jeune fille souffrait d'amnésie et avait joué de malchance avec ses rencontres, même si elle avait rapidement pris conscience de courir un grand danger, elle n'avait pu s'empêcher de tomber dans la gueule du loup.
Grosses émotions à la fin du premier livre.
La course-poursuite ne va donc pas faiblir dans ce nouvel épisode mené tambour battant. Les révélations sont nombreuses et viennent étoffer toute l'intrigue concernant la partie de chasse et les événements sur l'île. 
Confidences sidérantes.
On n'a clairement pas le temps de s'ennuyer. Rebondissements, suspense et intensité font bon ménage. Sunny et Rafe doivent rejoindre un troisième comparse et se rendent à New York dans ce but, mais se heurtent à d'autres obstacles. Leurs ennemis ont une longueur d'avance. Les encerclent. Jouent avec leurs nerfs. Et jubilent.
Cache-cache sadique et nerveux. Pfiou.
Ajoutez un final poignant, sur fond de violons sirupeux, et vous détenez la recette trop facile du triangle amoureux résolu... ^-^
Pour qui aime l'action et l'aventure, sur fond de jeu macabre au scénario tordu, vous pouvez vous jeter sur cette courte série en seulement deux tomes et tout dévorer en une goulée ! 
Une bonne surprise. 

Traduit par Eric Moreau pour les éditions Bayard Jeunesse / Novembre 2015

13 juin 2016

Half Bad : Traque Blanche, de Sally Green

Half Bad 1

Au commencement, se trouve un garçon dans une cage, les poings ferrés par des anneaux, un collier autour du cou. Nul espoir de s'échapper. Sa geôlière veille nuit et jour sur lui. Le gamin, loin de se soumettre, lui fait vivre un enfer et n'a de cesse de saisir la moindre opportunité pour tenter sa chance et s'évader. Pourquoi un tel sort ?

Car notre monde abrite des sorciers. Des sorciers blancs, qui sont bons. Et des noirs, qui incarnent le mal. Nathan est né d'une liaison interdite, entre sa mère, grande sorcière blanche, et son père le plus puissant des sorciers noirs. Sa mère décédée, le garçon a été élevé par sa grand-mère, avant d'être arraché par les membres du conseil pour l'enfermer dans une prison et l'éloigner de Marcus. Son père représente la plus grande menace dans l'histoire de la sorcellerie. Tous rêvent de l'attraper et lui faire payer ses crimes. Nathan aussi voudrait retrouver son père, ses sentiments à son sujet sont partagés, mais l'injustice qu'il subit de la part des sorciers blancs le pousse à basculer vers sa nature noire. Pour le moment, il se contient. 

À l'approche de son dix-septième anniversaire, Nathan doit recevoir son Don et trois présents par un membre de sa famille pour consacrer son statut de sorcier. Il n'y a que Marcus pour pouvoir pratiquer cette cérémonie. Mais le conseil aussi veut l'empêcher d'obtenir ses objectifs et entend se servir du garçon pour atteindre le père. Dans cet univers machiavélique et sournois, Nathan se débat pour survivre et peine à trouver sa place, à force de subir coups durs et trahisons. Son sang mêlé fait de lui un être exceptionnel, une arme puissante pour les uns, un danger pour les autres, mais également pour lui-même. Il est une énigme à part entière. Toujours est-il que Nathan fait peur, car il est différent. Bon ? Mauvais ? Nul ne le sait.

Le roman ouvre sur d'excitantes perspectives et propose une thématique originale dans un monde de sorciers très durs et implacables, avec au centre un jeune héros torturé, tourmenté, jamais trop parfait, plutôt impulsif et audacieux, et encore moins honoré de louables intentions. Ce môme est paumé, stigmatisé à cause de ses origines. On ne lui a jamais donné sa chance pour prouver sa valeur mais a servi de cobaye dans des luttes de pouvoir, si bien qu'il a grandi dans la méfiance et ne compte plus que sur lui-même. Par contre, pour raconter tout ça, l'auteur s'embrouille avec son sens du rythme et des effets stylistiques maladroits (comme l'emploi de la deuxième personne du singulier). Cela donne une impression de lecture tantôt poussive tantôt entraînante. C'est assez inégal. Sans quoi, cette nouvelle série séduit pour son aura inquiétante et son ton percutant qui ne laisse place à aucun sentimentalisme inutile.  

Traduit de l'anglais par Marie Cambolieu, pour les éditions Milan (sept. 2014)

 

British mysteries

# Mois Anglais 2016 : British Mysteries

Sally Green vit dans le nord-ouest de l'Angleterre. Elle a fait divers métiers (certains payés, d'autres non) et a même eu un début de carrière… pour finalement décider qu'il était temps d'écrire les histoires qu'elle avait en tête. Elle aime lire, marcher, et aimerait boire moins de café. "Half Bad" est son premier roman.

 

11 juin 2016

Pique-Nique à Hanging Rock, de Joan Lindsay

Pique-nique à Hanging Rock

« Pour les habitants d'Appleyard College, le dimanche 15 février fut un jour de cauchemar où l'on balançait entre le rêve et la réalité et où alternaient selon les tempéraments des bouffées d'espoir violent et d'angoisse éperdue. » La veille encore, une cohorte de collégiennes innocentes s'aventure pour un pique-nique champêtre en compagnie de leurs chaperons. Le temps est ensoleillé, la chaleur douce et apaisante. Quatre jeunes filles vont se détacher du groupe pour se hasarder dans les brousses et explorer le site de Hanging Rock. Au bout d'une heure, pourtant, seule l'une d'entre elles revient en pleurant. Elle ne sait plus, elle ne comprend pas. Toujours est-il que ses camarades ont disparu, sans laisser la moindre trace. Une enseignante va se lancer à leur recherche, avant d'être à son tour aspirée par l'énigme et s'évaporer dans les airs. Ce drame va aussitôt marquer les habitants de la région et bouleverser le pensionnat de Mrs Appleyard, qui s'enorgueillissait d'instruire la crème de la crème en matière de jeunes héritières écervelées. La police va mener son enquête, fouiller les lieux, alerter la presse et ne pas ménager ses efforts. Elle va rassembler les témoignages des enseignants, des élèves, des rares témoins sur place, dont deux jeunes hommes en goguette...  « Oh, Miranda, Marion, où êtes-vous parties... ? » Outre le suspense présent dans cette histoire curieuse et inquiétante, on trouve aussi un style étonnamment alerte et primesautier, un lyrisme délirant et parfois déconcertant, où au détour d'un détail poignant, l'auteur coupe court avec des interventions hallucinantes. « Bien que nous soyons nécessairement concernés, dans un récit d'événements, par l'action physique qui se déroule au grand jour, l'histoire donne à penser que l'esprit humain s'aventure bien plus loin dans les heures silencieuses qui s'écoulent entre minuit et l'aube, ces fructueuses heures sombres rarement relatées, dont les secrètes floraisons engendrent la paix et la guerre, l'amour et la haine, le couronnement et la chute des rois. Ainsi, par exemple, que prépare la petite impératrice grassouillette de l'Inde, en chemise de nuit de pilou, dans son lit à Balmoral, qui la fait sourire en cette nuit de mars et froncer sa petite bouche obstinée ? Qui sait ? » Publié en 1967, adapté au cinéma par Peter Weir, Pique-nique à Hanging Rock est une lecture hors du commun et hors du temps. Récit dramatique, il est surtout empreint d'un charme envoûtant, qui laisse une trace marquante d'un mystère qui continuera de vous hanter un long moment.

Traduit par Marianne Véron pour Flammarion (1977)

Repris par Le Livre de Poche, mai 2016 pour la présente édition

bannerfans_16489672 (60) bannerfans_16489672 (60) bannerfans_16489672 (60)

 

# Mois Anglais 2016 : Auteurs anglais d'origine étrangère 

Drink tea and read english

Joan Lindsay, née Weigall, est une écrivaine connu pour son roman Picnic at Hanging Rock publié en 1967. Dramaturge, critique littéraire et critique d'art, elle a collaboré à diverses revues et journaux. Elle fait partie des membres fondateurs de National Trust of Victoria, une organisation non gouvernementale australienne, créée pour la promotion et la conservation du patrimoine aborigène, naturel et historique du pays.

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité