Écoute-nous, de Liz Coley
Partie camper avec des amies, Angela, 13 ans, est kidnappée en pleine nuit par un individu qui l'entraîne dans une ferme perdue au milieu de nulle part avant de la relâcher trois ans plus tard, la mémoire en vrac, la personnalité dissociée. Ce retour au bercail provoque choc et émoi auprès de ses parents, contraints de faire leur deuil après une enquête classée sans suite. Plus dur aussi est d'admettre le calvaire de l'adolescente, livrée durant trois ans à un maniaque sexuel.
Angie suit alors une thérapie auprès du Dr Grant qui détecte chez elle un ensemble de caractères distincts, développés exprès pour parer aux multiples situations, il y a donc la Petite Scout, la Dévergondée, la Rapporteuse, l'Esseulée et Angel, dégainés à tour de rôle pour soutenir l'adolescente au gré des circonstances. Ce patchwork d'alters va ainsi révéler une histoire affreuse et éprouvante, contre laquelle l'héroïne continue de se battre, en attendant la guérison.
La solution viendra par une nouvelle méthode d'élimination, personnalité après personnalité, pour délivrer Angie de ses démons et mettre à jour son traumatisme. Le cheminement est bredouillant mais pointilleux, en même temps Angie cherche à reprendre une vie normale, entre la famille, le lycée, les amis, les petits copains... même si là aussi son comportement erratique va générer d'autres situations compromettantes.
J'ai quasi dévoré les 2/3 du roman, avant d'être dégoûtée par l'orientation glauque et déprimante de l'histoire, certes inextricable, pour finalement terminer ma lecture sur une note d'amertume. Les révélations sont très dures et accablantes (je n'aime clairement pas les intrigues avec des crimes pédophiles) et nous font sentir au bord du précipice. Le suspense aussi apparaît avec parcimonie, en alternance avec le domaine psychiatrique et les expériences faites sur Angie pour traiter son syndrome de dissociation.
En somme, il y a du bon et du moins bon... comme cette ultime révélation dans les dernières pages et le grand secret en devenir ! C'était clairement too much. Impression mitigée d'une lecture qui laisse au final un profond malaise et un sentiment d'improbabilité.
Traduit par Valérie Malfoy (Pretty Girl 13) pour les éditions Presses de la Cité, mars 2014
Texte lu par Christine Braconnier urée : 9h) - avril 2015
En exclusivité sur Audible - uniquement disponible en téléchargement.
Ce que tu veux, de Sabine Durrant
Deux ans après avoir perdu brutalement son mari dans un accident de voiture, Lizzie continue d'alimenter le souvenir de Zach et vient à s'imaginer qu'il est toujours en vie. Son corps n'ayant jamais été identifié, elle se surprend à traquer des signes, des indices prouvant sa théorie. Et de fil en aiguille, c'est un individu sombre, narcissique, possessif et jaloux qui renaît de ses cendres ! Car Zach, sous ses dehors d'artiste maudit, était un compagnon difficile et exigeant, qui exerçait sur Lizzie une emprise malsaine et étouffante. Son dernier souvenir de vie commune est d'ailleurs associé à son désir de rupture par une lettre, mais en fouillant dans son atelier, elle ne retrouve plus le courrier et comprend que Zach en a eu connaissance avant de mourir. Suicide ou mise en scène ? Rien n'est trop farfelu dans son cas. Zach était capable de tout. C'était un être intraitable, exclusif et violent. Lizzie devait à tout prix lui survivre... Seulement, deux ans après, elle ne se sent pas libérée. Toujours sur le qui-vive. Soucieuse de ses arrières. De plus, elle doute d'avoir connu le véritable Zach et entreprend d'éplucher son passé.
La lecture va finalement s'étoffer par le truchement d'une narration alternée. Et l'histoire d'être racontée par les deux protagonistes à intervalle régulier. On plonge encore plus loin dans les méandres de la duperie, de la manipulation, de la psychose et de la paranoïa. Les frontières entre le réel et le supposé deviennent floues. C'est bougrement diabolique. L'auteur s'amuse des faux-semblants et distille un suspense glaçant en imposant un climat de tension psychologique insoutenable. Ambiance suffocante, franchement irrespirable, chaque révélation venant noircir le tableau et polluer nos certitudes. Un bouquin qui met la tête à l'envers !
Traduit par Paul Benita (Remember Me This Way) pour les éditions Préludes, mars 2016