Le Massacre des faux-bourdons, d'Élisa Vix
Un apiculteur amateur vient de trouver la mort chez lui, la tête flanquée d'une ruche. Cet homme venait de s'installer à Soissons pour y mener une retraite paisible. Qui diable aurait pu lui faire la peau ? Le lieutenant Thierry Sauvage est perplexe et décide avec sa collègue Joana d'interroger le patron du syndicat d'apiculture pour cerner la personnalité de la victime. Deux frères agriculteurs sont rapidement désignés comme des suspects potentiels, eux dont les pratiques abusives de pesticides ont mis leurs voisins apiculteurs en colère. Néanmoins, la piste est trop facile, trop fraîche, trop mielleuse. Bientôt un nouvel éleveur d'abeilles est retrouvé assassiné. L'existence possible d'un serial-killer en pleine campagne picarde met inévitablement la police en alerte, ce qui n'empêche nullement notre lieutenant Sauvage de dormir sur ses deux oreilles. Flic macho et flagorneur, notre homme traîne une réputation de dilettante qui agace son supérieur et ses collègues. Seule l'intrépide Joana réussit à composer la bonne posture en sa compagnie. La jeune femme est une fonceuse, qui ne doute de rien, surtout pas de ses fiançailles précipitées ni de son prochain mariage avec le séduisant Ben. Sauvage, lui, a une vie sentimentale compliquée : divorcé, il se bat continuellement avec son ex pour la garde de leur fils. Il a depuis rencontré Valérie, une jolie coiffeuse sexy, avec laquelle il a eu des jumelles qui n'ont que quelques mois, mais il refuse de partager leur quotidien. Thierry Sauvage n'est ni papa poule ni romantique. C'est un homme égoïste, qui sait se rendre détestable, mais dont on apprécie malgré tout l'instinct de survie, les déductions fulgurantes et le mauvais caractère à leur juste valeur. Cela change d'avoir un personnage de flic pas franchement zélé et antipathique, qui ne traite pourtant pas ses enquêtes à la légère. D'ailleurs, l'intrigue criminelle nous mène savamment en bateau. C'est fin, bien écrit, trituré au scalpel. Une lecture proprement captivante, avec de sacrés personnages qu'il me tarde de retrouver dans d'autres aventures (Rosa mortalis, La Baba-Yaga et Bad dog).
Rouergue Noir / Mars 2015