17/10/16

Intimidation, de Harlan Coben

Intimidation Audiolib

Ouch. Nouvelle lecture de Harlan Coben, promesse d'un divertissement basique, sans prise de tête. Et puis, non. Cette fois, la recette n'a pas su produire cette petite dose de fébrilité attendue et réserve même une entrée en matière particulièrement douteuse. 

Accoudé à un bar, Adam Price est apostrophé par un inconnu qui lui souffle « vous n'étiez pas obligé de rester avec elle » puis se met à lui débiter une histoire de fausse grossesse, comme quoi son épouse Corinne aurait bâti leur union sur un mensonge. Assommé par ces révélations, Adam cherche des explications, mais sa femme se débine et disparaît de la circulation. Seul avec leurs deux garçons, Adam remue ciel et terre pour percer le secret de Corinne.  

Vous décrire mes impressions de lecture ? 

 

Ennui profond. 

Non seulement l'histoire est confuse et lourde, mais également très moralisatrice et sans réelle action. De plus, l'auteur nous noie dans des considérations domestiques artificielles et des matches de lacrosse pas follement captivants, tout ça dans le but d'ancrer dans l'esprit du lecteur l'illusion du paradis familial pour qu'il saisisse ô combien le passé va pulvériser cette tendre quiétude... Mouiii. Seulement, cela ne m'a pas particulièrement emballée.

L'intrigue, ensuite, emprunte des détours improbables, avec des maîtres chanteurs, des crimes, des détournements de fonds, des gamins obsédés par la réussite, des clichés sur la vie en banlieue, des drames intimes, des carrières qui volent en éclats et du paraître à entretenir. Harlan Coben brasse large et se pose en observateur de ses contemporains avec cette fausse dérision pas du tout crédible (se moquer des génies en informatique qui ont lancé leur business dans leur garage). Et alors ?

Ce n'est pas drôle, pas émoustillant, pas palpitant. Et comble de tout, j'ai trouvé le temps long. Même Olivier Prémel, le lecteur pour Audiolib, semble embarrassé par l'exercice dans les premières minutes. Il taille le portrait d'Adam sans sincère investissement de sa part, ou disons que le rendu sonne affreusement convenu et me touche moyennement. Par la suite, tout le monde parvient à trouver le bon rythme à sa juste mesure même si le dénouement est aussi décevant que le reste. De là, toute réconciliation paraît impossible avec cette lecture pour le moins médiocre et lassante. ^-^ Dommage.

Texte lu par Olivier Prémel pour Audiolib (Octobre 2016) - durée : 9h 28

Traduit par Roxane Azimi pour les éditions Belfond

Posté par clarabel76 à 18:30:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
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Le Dompteur de lions, de Camilla Läckberg

LE DOMPTEUR DE LIONS

S'agissant déjà du 9ème tome de la série, ce roman de Camilla Läckberg ne crée plus la surprise et se contente de renouer des retrouvailles en bonne et due forme avec un ensemble déjà calibré (le couple Hedström, le commissariat de Tanumshede, les multiples conjectures familiales, sans oublier la ville de Fjällbacka). On se sent en territoire familier et ça a du bon aussi.  

Patrik et ses collègues enquêtent donc sur la disparition d'une adolescente, dont on vient de retrouver le corps fauché par une voiture, en notant les nombreux sévices subis, dont les yeux brûlés à l'acide. Cette découverte est pétrifiante et mine le moral des troupes. Les camarades de la jeune victime, qui fréquentent toutes le même centre équestre, sont effondrées. De plus, une psychose gagne les parents dès que leur progéniture disparaît du radar à la moindre seconde. Serial killer ou pas, la police veille au grain.
De son côté, Erica travaille sur son nouveau bouquin traitant d'une affaire survenue trente ans plus tôt, où une fillette aurait été martyrisée au sein de son foyer, battue par son père, avec la complicité de sa mère. Emprisonnée, celle-ci a toujours refusé de s'exprimer sur les circonstances du drame, mais fait une entorse pour Erica, qui a obtenu l'autorisation de la rencontrer pour recueillir ses premières confidences timides. Drôle de personnage, se dit l'écrivain qui s'interroge sur son crime et son absence d'émotions, et qui l'interpelle aussi dans son rôle de mère. Elle-même se débat avec son quotidien, ses mômes intenables, son boulot, son mari, sa sœur, sa belle-mère... Un tourbillon incessant, au centre duquel on perd vite pied. Et pourtant... Erica a besoin de creuser pour approfondir son sujet, et quoi de mieux pour s'aérer l'esprit que de fouiner dans les dossiers de son cher époux ! ? ^-^
Eh oui. On en revient toujours au même problème : Erica la mêle-tout. Même Camilla Läckberg se moque de son vice, tout en l'excusant, et la compare de façon éhontée aux fières tricoteuses des romans anglais ! Ah, ah. On devine sans peine. Et c'est comme ça qu'on recoupe tous les petits morceaux du puzzle. La façon dont l'auteur bricole ses intrigues n'est plus surprenante, mais c'est difficile de lui en vouloir. Ses lecteurs sont au rendez-vous et s'en satisfont. J'avoue faire partie du lot, même si les mignardises domestiques ont tendance à m'exaspérer (oh, Anna... encore et toujours, la 8ème plaie d'Egypte à elle seule). Mais j'aime l'ambiance générale, à la suédoise, qui est agréable et pleine de charme. Cela a aussi un côté rassurant. Le fond de l'histoire n'est pourtant guère lénifiant, puisqu'il questionne le lecteur sur l'instinct maternel et son droit à ne pas en être. La trame romanesque est profonde, poignante et sombre, au-delà de la façade affichée de déculpabiliser les mamans débordées ou qui ont le sentiment de négliger leurs enfants. Un roman davantage féminin que féministe.

Par contre, côté technique, Jean-Christophe Lebert, l'interprète pour Audiolib, est fâché après les adolescentes. Sa manière de singer leurs voix et de gérer leurs crises ne les rend franchement pas sympathiques. L'écoute en souffre un peu, sans en pâtir complètement, l'interprétation des voix féminines demeurant un problème récurrent chez ce comédien. ^-^

 Texte lu par Jean-Christophe Lebert pour Audiolib (durée :  13h 12) Août 2016

Traduit par Lena Grumbach pour les éditions Actes Sud

le dompteur de lions