12/11/16

Georgia: Tous mes rêves chantent, de Timothée de Fombelle

Georgia

Georgia, aujourd'hui une star de la chanson, porte un secret d'enfance qu'elle confie pour la première fois.

“On venait d'arriver dans un appartement beaucoup trop grand pour nous. Parce qu'il n'y avait plus que ma tante avec moi depuis quelques jours. J'avais sept ans. Ils nous avaient éparpillées, mes trois petites sœurs et moi, à plusieurs endroits du pays comme une poignée de billes qu'on jette sur un carrelage.”

Dans cet appartement, très vite, Georgia entend chaque nuit un violon jouer à travers le mur. Émerveillée par cette bouleversante mélopée, elle en oublie facilement tous ses soucis, sa famille éclatée, ses problèmes à l'école, sa solitude... Son truc à elle, c'est d'être entourée de Rêves, nombreux et encombrants, joyeux et tristes, doux et souriants, indispensables et envahissants.

Parmi eux, il y a aussi Le Grand Rêve, qui va provoquer la rencontre avec Sam le violoniste, Sam le garçon sensible, Sam l'artiste attentif, qui voudrait que Georgia chante. Mais Sam a également un secret de famille, une histoire lourde et poignante, qu'il raconte avec sa voix et son violon et qu'il construit à la façon d'un petit théâtre ancien, si éloigné de la vie de Georgia, et néanmoins si proche qu'il semble murmurer près de son oreille.

Obsédée par cette musique et par son voisin invisible, la fillette veut tout connaître de Sam et finira par découvrir une partie de la vérité à la bibliothèque de l'école. Entre Sam et elle, une épaisseur de mur de cent ans. Mais qu'est-ce que cela change, puisque leurs voix le traversent ?

Conte onirique, histoire en chansons, fable pour enfants, lecture sensible et émouvante... cette Georgia n'a pas fini de susciter de vives émotions ! La première écoute est poignante, les suivantes enfin vous embobineront dans ce monde de Rêves aux apparences de doudous insolites, “aussi discrets qu'une équipe de rugby ou une fanfare” et qui laissent si peu de place aux autres, la vie, les copains, l'école...

Pour alléger le caractère grave de l'histoire, les illustrations de Benjamin Chaud glissent une subtile saveur de pitrerie et de tendresse. La colonie des Rêves est adorable ! Fantasque, bavarde, cocasse et loyale. Cette garde rapprochée protège la fillette de l'extérieur, avant de la bousculer pour dépasser ses peurs. La musique, les chansons et l'audace feront le reste. Apprendre à grandir et franchir les limites.

Cette délicieuse comédie musicale est soutenue par des artistes talentueux, comme Emily Loizeau, Albin de la Simone, Pauline Croze, Alain Chamfort, Babx et bien d'autres encore, dans des compositions originales et aux paroles écrites par Timothée de Fombelle, sans oublier des reprises de grands standards, comme l'incontournable Georgia on my mind... Le texte est lu par Cécile de France et Anny Duperey (dans le rôle du grand rêve).

Une distribution pudique et élégante pour une lecture empreinte d'une grande dignité. Très bel album, coloré et délicat, qui soutient SOS Villages d'Enfants.

Gallimard Jeunesse Musique - Novembre 2016 / Une production imaginée et réalisée par l'ENSEMBLE CONTRASTE

 

Georgia : la playlist Deezer

Retrouvez toutes les chansons de GEORGIA sur la playlist Deezer.


L'Énorme crocodile, de Roald Dahl & illustré par Quentin Blake

L'énorme crocodile

Un énorme crocodile se sent d'humour gourmande et carnivore. “Pour mon déjeuner, j'aimerais un joli petit  garçon bien juteux.” Et comme il est convaincu d'être le plus audacieux de toute la rivière, il prend le pari de traverser toute la jungle jusqu'à la ville pour croquer son repas tant convoité. Il clame haut et fort avoir des plans secrets et des ruses habiles. Et de s'en aller crânement.

En chemin, ça se corse lorsqu'il croise d'autres réfractaires, comme Double-Croupe l'hippopotame, Trompette l'éléphant, Jojo-la-Malice le singe et Dodu-de-la-Plume l'oiseau, qui se gaussent de son projet ambitieux avant de subir le courroux du reptile obstiné. Clopin-clopant, l'énorme crocodile rejoint la civilisation et met en place son piège subtil n°1. 

Chapeau bas pour les idées perfides de la bête. Son machiavélisme force l'admiration, si ce n'est... l'intervention grossière de malotrus. Notre énorme crocodile n'a plus que l'estomac dans les talons et grogne de mécontentement. Sa faim est décuplée, il a un besoin urgent d'être rassasié ! Ah, ah. Le dénouement frôle l'absurde et le burlesque, mais soulève de grands cris de joie et de soulagement dans l'assistance. 

Hip-hip-hourra pour les grincheux ! Cette fable n'a absolument aucune morale, sauf de rappeler qu'il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, sur un ton jouissif & tragicomique. Les illustrations de Quentin Blake participent beaucoup à cette illusion. Âmes sensibles s'abstenir. C'est un festival d'humour noir, hilarant et grotesque. 

Cette version, mise en musique par Isabelle Aboulker, est une découverte plaisante et originale. 30 musiciens de l'Orchestre de chambre de Paris, sous la direction de Pierre Dumoussaud, donnent du coffre et du chœur à ce récit malicieux, dont Yann Toussaint (baryton et crocodile), Yves Coudray (ténor), Anne Baquet (soprano) et les enfants du Chœur des Polysons. Une fabuleuse envolée de voix et d'émotions pour ce grand classique de Roald Dahl. 

Gallimard Jeunesse Musique - Novembre 2016 / Texte lu par FRANÇOIS MOREL

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