Divergente par Quatre - Edition augmentée, de Veronica Roth
La bonne blague. Il y a à peine un mois je lisais l'édition datant d'avril 2015 de Divergente raconté par Quatre avant d'apprendre qu'une “édition augmentée” verrait le jour en cette fin d'année 2016. Le but de cette opération ? Moi pas comprendre.
Je n'ai jamais caché combien les ouvrages dérivés ne m'attiraient pas du tout. Je les découvre par curiosité (ou parce qu'ils sont disponibles en format audio), mais sinon je ne suis pas en demande de telles lectures. Et encore moins lorsqu'il s'agit d'un livre déjà lu qu'on nous ressort avec des trucs en plus, des trucs anodins, du réchauffé sur toute la ligne. Mouiii... bon... non merci.
L'autre souci, c'est qu'on a déjà fait le tour de la série Divergente. Attention, la trilogie est une lecture excitante, avec un univers exceptionnel et assez complexe. Veronica Roth nous en explique d'ailleurs les rouages et son travail d'écriture en bonus dans ce livre. Elle nous confie également les premiers jets de la série et ce qu'elle nomme son “protobrouillon” pour expliquer son choix et sa difficulté de la narration à la 1ère personne, comment planter le monde des factions, distribuer les rôles de chacun et faire évoluer les personnages, notamment celui de Caleb, ou révéler des secrets sur la mère de Tris. Elle s'explique aussi sur la “mort” des personnages et assume pleinement ce parti pris (moi aussi), puis glisse en lot de consolation un autre chapitre du point de vue de Tobias (la scène des couteaux dans le tome 1).
Je pense que cette lecture aurait certainement eu plus d'impact si je l'avais découverte dans le feu de l'action. J'avoue qu'en novembre 2016 ce bouquin fait office de point d'interrogation. Pourquoi maintenant ? quelle motivation ? Cela me dépasse. Par contre, si vous devez préparer une soutenance sur le sujet, là d'accord... il y a matière à argumenter votre thèse. ;-)
Le livre s'ouvre, sans surprise, sur les quatre nouvelles qui renvoient au monde original de Divergente (transfert, novice etc.) et s'attachent à tracer un portrait sensible du jeune Tobias Eaton, un écorché vif sous une apparence de dur à cuire. On suit son parcours, sa formation, ses doutes et ses espoirs, en même temps qu'on le sent sensible à la politique environnante et soucieux des premiers frimas de sécession. Sa rencontre avec Tris, qui n'apparaît que dans la dernière histoire (Le traître), laisse apparaître une fragilité touchante et plus humaine du personnage. Très émouvant !
Après quoi, on découvre un entretien avec Veronica Roth, les premiers jets de la série, les coupes de la cérémonie du choix, l'évolution de Caleb, l'enceinte des Audacieux, des extraits du journal de Natalie Prior, deux scènes inédites du tome 3, une nouvelle du point de vue de Tobias, des tatouages, des playlists et une étude sur le cerveau et la peur par un docteur en psychologie... Un supplément de 100 pages & une jolie couverture qui justifieraient un nouvel investissement à 17.95€ ? :-/
Prochain rendez-vous à attendre : début 2017, pour son nouveau roman - Carve the Mark (premier tome d'une duologie).
Nathan / Novembre 2016 - Trad. d'Anne Delcourt
Hugo de la Nuit, de Bertrand Santini
« Hugo entendit ses pas s’éloigner dans le noir.
La porte se referma sans bruit.
Maintenant, la nuit pouvait commencer… »
Ouh-la-la-la-la. Alors que j'étais déjà follement séduite par la couverture, illustrée par Julie Rouvière & Bertrand Santini, j'appréhendais bêtement de plonger mon nez dans ce livre. C'est chose courante quand j'aime des auteurs, je repousse le moment de découvrir leurs nouveaux romans pour des raisons sottes et inexplicables. Passons. Un soir de la semaine, repliée dans mon antre à l'abri du froid et de la pluie, je me décide enfin à rencontrer Hugo de la Nuit. Mon grog de 215 pages.
Hugo, un garçon de douze ans, grandit heureux dans un immense domaine que ses parents préservent jalousement. Ces derniers sont en effet soucieux depuis la découverte de pétrole sur leurs terres, suscitant les plus viles convoitises qu'ils cherchent à repousser au nom d'une espèce de plante rare à protéger. Mais leurs ennuis ne font que commencer... Une nuit, la veille de son anniversaire, Hugo surprend un individu dans la maison. Il fuit aussitôt dans le jardin, court à perdre haleine, dérape, glisse, s'égratigne avant de basculer dans la mare. Fin de l'histoire. Le corps du jeune garçon flotte à la surface de l'eau. Et c'est une bande de fantômes loufoques qui vient le recueillir.
Hein ? quoi ? comment ? Le héros de l'histoire meurt ? Des fantômes à la rescousse ? Mais c'est quoi cette fable ? Rhaaa... Cessez vos jérémiades, et laissez-vous porter par l'incroyable et l'inattendu. Car, oui, cette histoire relève du conte fantastique par son évocation de la mort et des terreurs nocturnes, mais aussi pour son imaginaire fabuleux et sa conduite époustouflante. C'est simple, on se laisse entraîner dans le sillage d'une aventure à la fois drôle, poignante, dramatique et palpitante. Et il s'en passe de belles sous les couvertures ! Bertrand Santini exécute avec brio un formidable tour de passe-passe et n'hésite pas à recourir à l'humour noir pour mener à bien sa mission. Le pari est osé, l'effet est parfois saisissant, mais franchement que de réjouissances !
Cette lecture va donc vous surprendre, vous étourdir, vous émouvoir et vous troubler. Avec son style cocasse, ses séquences burlesques, son sens de l'ironie désopilant, son goût du spectacle et son esprit feu follet, elle s'échappe des codes et des genres pour mieux vous régaler. Je n'en dévoile pas davantage, mais ne passez pas votre chemin, foncez, c'est un petit bouquin qui a tout pour plaire aux petits (12 ans) et aux grands. ☺
Grasset Jeunesse - avril 2016