Une histoire de sable, de Benjamin Desmares
Jeanne accompagne ses parents dans une maison en bord de mer pour y passer les vacances d'hiver dans le froid et la solitude, pendant que son père et sa mère ont le nez collé sur leurs ordinateurs. Jeanne est particulièrement hargneuse, elle déteste tout, du lieu de villégiature à l'ambiance sinistre de cette ville fantôme qui n'a aucun charme. Il n'y a pas âme qui vive aux alentours, à part deux frangins qui traînent devant chez eux et s'amusent à compter les grains de sable. Quel ennui. Et pourtant, Jeanne retourne chaque jour auprès d'eux, Bruno et Alain, qui semblent s'être échappés des années 80. Ils lui ont d'abord tapé dans l'œil en raison de leur look ringard, leur prénom a fini d'interpeller la jeune fille. Mais Jeanne tombe également sous le charme de l'aîné, elle aime être en sa compagnie, parler, rire et oublier ce qui les entoure.
La promesse d'une histoire pleine de surprises tient évidemment le lecteur en alerte, et l'incite à veiller aux moindres détails. Le dénouement n'est donc plus source de stupéfaction, mais la pirouette n'en est pas moins habile. Rien que l'idée de proposer une intrigue aussi troublante est déjà une réussite. Benjamin Desmares est un auteur doué qui nous emmène, livre après livre, dans des univers inattendus et captivants (cf. Cornichon Jim ou Des poings dans le ventre). Chaque histoire se renouvelle avec intelligence. Pour “Une histoire de sable” il est question d'une histoire d'amour insolite, avec une adolescente bougonne, un poil trop grossière à mon goût, perdue au milieu d'une station balnéaire désertifiée, et deux garçons mystérieux, complètement décalés avec notre époque. Cette drôle d'ambiance, à la fois évanescente et hors du temps, n'est pas sans rappeler celle du film Les Autres avec Nicole Kidman - moins pour l'intrigue que pour le décor, les personnages et leurs secrets. C'est à la fois étrange et fascinant, mais la lecture sort franchement de l'ordinaire !
Editions du Rouergue - coll. doAdo - Février 2016
Journal d'une ado vraiment déjantée, de Candy Harper
À l'approche du deuxième trimestre, Victoire rayonne de bonheur : son béguin de toujours, Finn, le beau surfeur, la considère enfin comme une petite copine potentielle. Mais la réalité semble dépasser ses illusions d'une idylle parfaite. Car l'adonis se révèle assez creux, banal et rasoir. Au lieu de reconnaître son échec, Victoire s'accroche à ses folles espérances et se préoccupe des amours de ses copines - Meg, Angharad et Lily. Car la vie de ces jeunes anglaises dépend entièrement de leurs élans du cœur ! Seulement, quand on fréquente une école pour filles, les opportunités pour trouver l'âme sœur ne sont pas courantes. En début d'année, les filles avaient tiré profit de la chorale pour rencontrer Ethan et ses potes. Cette fois, à force de se creuser la cervelle, elles ont décidé de lancer un club de débats.
Il règne ainsi une impression de fourmillement perpétuel dans ce livre. Victoire est le point de concentration de cette effervescence et nous emmène dans sa ronde pour tout ce qui implique ses amies, sa famille et ses copains. Il y a notamment sa relation avec Ethan, pas seulement amicale, mais la demoiselle est obsédée par Finn et refuse de voir les signaux d'alerte. Elle choisit délibérément d'être aveugle et se montre parfois insupportable avec ce garçon adorable. Quelle plaie. Sa famille est toujours aussi folle, sa grand-mère est devenue une accro au portable, son frère lui fait honte constamment et ses parents manquent sérieusement de compassion envers ses drames de collégienne.
Bref. Il y a de la dérision, de l'humour et du superflu dans cette lecture, riche en crises et autres délires du même bord. C'est léger et distrayant, certes un cran en-dessous du premier volume, cf. Journal d'une ado déjantée. Le ton s'essouffle et manque de mordant, avec une intrigue qui ne casse pas trois pattes à un canard. Je reste toutefois friande des romans de cet acabit et vais de ce pas lire la suite du Grand roman de ma petite vie de l'excellente Susie Morgenstern.
Albin Michel Jeunesse - Traduction d'Alice Marchand (Septembre 2016)
illustration de couv. : Astrid M
Comparatif des couvertures VO plus déjantées :