Le Collège des Éplucheurs de Citrouilles, de Laure Deslandes
Intriguée par le titre et le résumé du livre, je me réjouissais d'avance de découvrir une lecture un brin fantasque. Au final, c'est assez loin du compte, ou disons qu'il s'agit plus platement d'une histoire contemporaine avec des détails insolites. Le sachant, la frustration sera évidemment moins grande !
Direction la campagne bretonne où se tient un minuscule collège qui regroupe les égarés du coin. Péline a grandi auprès d'une maman baba cool qui privilégie le fait-maison et se démène pour joindre les deux bouts. L'adolescente n'en a jamais souffert, mais comprend qu'avec l'arrivée de nouveaux élèves, débarqués de nulle part, leur regard sur sa petite vie risque fortement de la déstabiliser.
En effet, le collège des Museaux a augmenté son effectif en ouvrant durant l'été un internat rural. Dans sa classe, Péline compte cinq nouvelles têtes de lard dont l'attitude arrogante et grossière fait sortir la jeune fille de ses gonds. Résultat, les garçons se gaussent mais elle relève le défi de les intégrer dans leur système. Car le collège des Museaux n'est pas un établissement ordinaire - aucun réseau téléphonique ou internet, une pédagogie qui s'affranchit des codes et des enseignants hauts en couleur. Les élèves apprennent donc l'estonien ou s'entraînent à grimper dans les arbres, les professeurs traînent en chaussons, les livres peuvent se lire par la fin, et à la cantine on sert de bons petits plats mitonnés avec amour (sauté de porc aux tiges de bettes et tajine de quinoa au fenouil). Pour des habitués des nuggets et de la pizza, la coupe est pleine !
C'est donc une cohabitation explosive qui s'annonce entre les autochtones et les exilés, et qui donne lieu à une lecture agréablement surprenante. Elle ne verse pas non plus dans cette dose de folie douce que j'apprécie particulièrement, mais fait preuve d'audace et d'exubérance pour compenser. Ajoutez une intrigue policière impliquant un objet dérobé, une traque pas possible avec un forcené et un climat un poil grotesque pour absorber le tout... Ce premier roman est du genre foutraque mais se lit comme une aventure loufoque et allumée. Dans l'ensemble, c'est marrant.
Dernière phrase du livre : « Il y a un pommier dans le champ voisin. » ☺
L'école des Loisirs, 2017
« Le collège des Museaux, c'est le contraire de l'armée, c'est le bonheur. Enfin non ; ça, c'était avant. »
Marcelle et les Indiens, de Delphine Bournay
Marcelle est une petite taupe, passionnée par les westerns et les indiens. À l'instar de nombreux enfants, elle n'aime pas trop ranger sa chambre et se plaît parmi ses jouets éparpillés sur le sol. Seulement, elle n'a plus trop le choix quand son papa la menace d'être privée de goûter, miam des petits choux fourrés de mousse au chocolat blanc avec coulis de framboise et des morceaux de meringues, c'est assez pour l'encourager ! Marcelle ne sait pas par où commencer, elle invoque la magie, fait chou blanc, puis rêve qu'elle rencontre des indiens, un peu trop farceurs à son goût, alors elle se fâche et leur dit ses quatre vérités. Les indiens font profil bas et promettent de lui filer un coup de main. La bonne blague.
Marcelle et son papa ont également un autre rituel et ne loupent jamais leur soirée western. Tous deux s'installent dans le canapé, blottis sous un plaid, devant un bon vieux film où les cowboys et les indiens se livrent une guerre sans pitié. Mais l'heure du coucher arrive toujours trop tôt. Seule, dans son lit, la petite taupe n'a pas l'œil à dormir car elle revit chaque instant du film en se représentant des indiens dans sa chambre. Elle aimerait bien se glisser en douce sous la couette près de son papa sans qu'il rechigne. Ses doudous vont alors lui donner quelques tuyaux.
Delphine Bournay nous régale d'une lecture simple et adorable, avec ses illustrations en pastel, son humour et sa tendresse obsessionnelle pour les indiens. Cela n'égale pas l'excellence des Grignotin et Mentalo mais ça a du bon aussi. Marcelle est une petite taupe à l'imagination débordante et sa relation avec son papa est aussi exclusive que douce et attendrissante !
Le texte est aéré, le ton dynamique et délirant. Une chouette petite lecture, pour les débutants.
Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2017