Les aventures improbables de Julie Dumont, de Cassandra O'Donnell
EN POCHE ! ☺
Julie Dumont est journaliste, parisienne, célibataire, fonceuse et gaffeuse. Effrayée de se réveiller un matin avec un homme nu dans son lit, incapable de se souvenir de son identité, la belle brune file à l'anglaise en Normandie pour l'anniversaire de mariage de ses parents. En route, elle voit un type jeté d'une voiture et lui porte secours alors qu'il gise dans le fossé. Son détour par l'hôpital la met en retard et lui vaut les pires remontrances de sa mère. Mais les ennuis continuent, lorsqu'une convive tombe raide morte sous son nez. Trêve des réjouissances. Julie est persuadée d'avoir la scoumoune et revoit son séduisant rescapé, Benjamin Stein, qui lui confie en retour une nouvelle mission : enquêter sur le meurtre d'une épouse de notable. L'affaire a fait grand bruit dans la région (argent, liaison, amant roumain, disparition...) et a attiré un journal à scandale comme Le Nouvel Inquisiteur, pour lequel bosse Benjamin. Celui-ci soudoie alors Julie pour reprendre le flambeau, quitte à s'improviser détective avec pertes et fracas. Là où elle passe, les témoins trépassent. Et pour tout arranger, son inconnu abandonné dans son lit déboule dans sa verte campagne.
Amateurs de comédies policières façon Janet Evanovich ou Sophie Henrionnet, vous allez vous régaler avec Julie Dumont et ses aventures improbables ! L'histoire est complètement folle, futile et légère. C'est donc avec un plaisir sincère que j'ai suivi Julie dans ses péripéties rocambolesques, tentant de résoudre une énigme crapuleuse, habilement troussée, riche en suspense et en rebondissements. La personnalité de l'héroïne donne aussi du pep's au récit : Julie est une jeune femme moderne et indépendante, spontanée et pleine d'ambition, elle collectionne les impairs et les cadavres, mais ne s'apitoie jamais sur son sort. Son retour sur les terres de son enfance lui donne également du fil à retordre, entre son éternel célibat, son choix de carrière et son départ pour la capitale, ses oreilles n'en finissent plus de siffler ! Il faut dire que son entourage est particulièrement gratiné - famille de croque-morts, vivant au Neubourg, une mère impatiente de la marier, un père au flegme admirable et un grand-père obsédé sexuel. Les tablées autour du rôti dominical ne manquent pas de saveur ! Tous les codes de la comédie ont ainsi été réunis pour combler la lectrice en quête de détente et de bonne humeur. Rien que pour ça, le roman a rempli son contrat et m'a fait passer un très bon moment. ☺
J'ai Lu - 2017 (7.60€)
Entre ciel et Lou, de Lorraine Fouchet
EN POCHE !
Lou vient de mourir. Sa santé vacillante et ses pertes de mémoire avaient finalement conduit son époux Jo à la placer dans une maison spécialisée, à seulement cinquante-huit ans. Trop jeune pour être écartée, trop jeune pour s'éclipser. Leurs enfants, Cyrian et Sarah, n'ont jamais compris le choix de leur père et continuent de lui en tenir rigueur. La lecture du testament va d'ailleurs consolider leurs reproches, alors que le notaire énonce à voix haute que Jo aurait “trahi” Lou. La suite du document est cependant confidentielle, les enfants sont priés de quitter l'office, non sans une certaine amertume. Très déçus par leur père, ils imaginent une tromperie impardonnable et repartent le cœur lourd.
Seulement, Lou a confié à son mari la délicate tâche de rendre leurs enfants heureux. Elle a été une épouse comblée, une mère épanouie, mais hélas Cyrian et Sarah n'ont pas hérité leur droit au bonheur. C'est au tour de Jo de rectifier le tir, en toute discrétion. Cette mission n'enchante guère notre veuf éploré, depuis longtemps ses enfants et lui ont vécu des vies parallèles. Cyrian mène une existence bourgeoise, complètement éteinte, et se tient à distance de Groix, où il prétend ne pas y trouver sa place. Sarah est tétanisée par son handicap et sa maladie, au point de renoncer à l'amour en ne s'attachant à personne.
Comment consoler cette famille cabossée par les aléas de la vie, la réconcilier avec la notion de famille, synonyme de valeur sûre et d'entraide, quand il n'y en a jamais été question, ou seulement pour sauver les apparences, et pour soutenir la mater familias ? J'ai finalement été agréablement surprise par cette belle histoire d'une famille qui va droit dans le mur, complètement paralysée par ses émotions, et qui a trop l'habitude de conserver pour elle ses vérités, en contenant aussi ses élans affectifs. Et puis il y a le cadre de l'île de Groix, véritable pivot de l'intrigue, et surtout un appel du pied pour y déposer ses bagages. C'est un cocon hors du temps, un refuge bienveillant, avec des personnages attachants (Maëlle, sa petite Pomme, les copains de banquet, où l'on se rappelle entre rires et larmes que Lou était une piètre cuisinière...). Soudain les chagrins et les peines vous semblent moins lourds, moins insurmontables. On guérit de tout, à Groix !
Cette lecture a eu l'effet d'une bulle et a su m'envelopper tout naturellement. Je m'y suis sentie tellement bien. Parfaitement à mon aise. J'étais prête pour suivre l'histoire de Jo, face au nouveau challenge de sa vie, un défi pour le forcer à ne pas couler à pic non plus, car notre homme est vraiment très, très triste d'avoir perdu son alter ego. Pour s'accrocher à la vie, il se tourne vers ses enfants qu'il ne comprend plus. Au départ, il est un peu pataud dans ses tentatives de “colmatage”, et puis au fil du temps ses stratagèmes vont prendre forme et approcher le rêve inaccessible. C'est vraiment une chouette lecture, qui envoie de bonnes ondes et qui fait se sentir #heureux. C'est simple, charmant et riche en émotions. Un beau et bon roman, à déguster!
Le Livre de Poche - mars 2017
En bonus : une recette et une postface inédites.
Meilleurs ennemis, de Sally Thorne
« Tout ce que nous faisons, Joshua et moi, obéit toujours à la loi du Talion. Œil pour œil, dent pour dent. Nous ne connaissons que ça. »
Collègues dans la maison d'édition qui vient de fusionner, Lucinda Hutton et Joshua Templeton travaillent leurs antagonismes en se livrant une véritable guerre froide à force de regards impénétrables, de répliques piquantes et d'allusions sournoises. Mais la tension monte d'un cran depuis qu'ils se savent en compétition pour le même poste. Lucy et Joshua affûtent leurs armes, quand soudain celui-ci manifeste étrangement un certain penchant pour sa collègue. Baiser fougueux volé dans l'ascenseur, crise de jalousie, attitude possessive et/ou protectrice... Les signaux envoyés sont totalement perturbés, ET perturbants. Lucy perd ses repères, découvre la face soigneusement cachée de Josh, sent ses sens fondre comme beurre au soleil, devient complètement obsédée... sans perdre de vue qu'il s'agit peut-être d'une technique habile pour prendre le dessus et lui voler sa promotion. Jeux de dupe, attirance fatale et numéros de charme viennent donc troubler une relation largement placée sous le signe du “je t'aime moi non plus” !
Comment ne pas sourire béatement à la lecture de cette jolie comédie éclaboussée d'humour, de séduction et de tendresse ! J'ai totalement succombé. Le couple de Lucy et Josh est affolant de quiproquo, d'interdit et d'enchantement. Le combo parfait. Chaque interaction est explosive, mais laisse place à une subtile attirance qui rend l'alchimie éclatante. Les codes de la romance sont déclinés dans la plus pure tradition, tout en étant moderne, pétillante et enlevée. Il faut, par contre, fermer les yeux sur l'attitude déjantée et incohérente de Lucy, un minuscule bout de femme qui adore porter du rouge à lèvres couleur lance-flammes, qui souffre de solitude, qui est nostalgique de son enfance parmi les champs de fraises et qui refoule son ambition par peur de se lancer tout de go. Dès lors qu'elle est en présence de Josh, c'est plus fort qu'elle, elle pète les plombs et lui fait du rentre-dedans, tout en admettant in petto être franchement pathétique. Face à elle, Joshua est en mode “control freak”, stoïque et insondable, il réussit à attiser son désir en cultivant le mystère (“mais pourquoi s'impose-t-il la frustration de séances de préliminaires dignes d'adolescents avec sa collègue un peu bizarre ?”). Ce jeu du chat et de la souris peut friser l'absurde, mais génère de fabuleuses scènes qui m'ont fait honteusement glousser. J'avoue, ce roman a été un rendez-vous déculpabilisant, frais, drôle, décalé. Il réunit clairement tout ce que j'aime, de l'humour, de l'humour et encore de l'humour. C'est sans conteste une comédie pur jus, à déguster pour le plaisir de rire et s'évader. Et ça fait toujours du bien. ♥
Harlequin, coll. & H - Trad. Charlotte Demanie [The Hating Game] - 2016