Cette couverture flippante donne une bonne indication de l'inconfort ressenti à la lecture du roman. Je ne suis clairement pas fan, mais j'ai passé outre pour me plonger dans une histoire au scénario navrant et implacable. Cela commence par un simple article dans un journal. Calle Collin a coutume de dresser des portraits de défunts à la demande des familles éplorées. C'est ainsi qu'il rencontre Margit Svensson, son fils Mattias et la maîtresse de celui-ci, Sara Vallgren. Calle écoute cette mère endeuillée lui parler de son fils Kent, victime innocente d'un chauffard ayant pris la fuite après son crime. Lorsque l'article est enfin publié, Calle ignore encore le fumier qu'il va remuer. Car cet article mielleux ravive la douleur d'Anders Malmberg. Aujourd'hui célèbre pour ses chroniques sulfureuses, il n'a jamais oublié ses années d'école où il était victime des brimades de ses camarades, dont un certain Kent Svensson. Anders réplique aussitôt en éditant à son tour un bulletin acrimonieux, qui va profondément blesser la famille du disparu et provoquer leur courroux. Après quoi, une avalanche de violence va se répandre sur les uns et les autres. Le couple infernal, formé par Mattias et Sara, va notamment orchestrer une vendetta féroce pour remettre de l'ordre dans leur business, mais aussi pour rappeler à ces “journaleux” qu'ils ne peuvent pas écrire ce qu'ils veulent en toute impunité. Deux enquêteurs de police vont également rôder non loin de nos suspects, emboîtant péniblement les pièces du puzzle, souvent avec un temps de retard. En somme, le roman nous glace d'effroi pour l'étendue de représailles exercées sans état d'âme dans un petit cercle de braves gens confrontés au pire de l'espèce humaine. Le scénario n'a sans doute rien d'exceptionnel, mais il a réussi à me tenir en haleine grâce à son arrangement minutieux et pertinent. J'ai d'ailleurs lu ce roman d'une traite, scotchée par l'engrenage infernal qui se déploie sous nos yeux. Effroyable et sidérant.
Presses de la Cité, 2017 - Trad. du suédois par Hélène Hervieu [Om döda ont]