Le mystère Henri Pick, de David Foenkinos & lu par Pierre Hancisse
Passionné de littérature, Jean-Pierre Gourvec s'inspire d'une idée de Richard Brautigan et décide d'ouvrir une bibliothèque des livres refusés dans sa petite commune du Finistère. En vacances chez ses parents, non loin de Crozon, Delphine Despero, une jeune éditrice parisienne, découvre parmi ce fatras une véritable pépite. Une histoire d'amour perdu, vraisemblablement écrite par le pizzaiolo du coin. Delphine parvient aussitôt à convaincre sa veuve de publier le manuscrit, lequel va rencontrer un succès commercial inouï. L'existence de Madeleine Pick et de sa fille Joséphine en est complètement chamboulée. Seulement, cette aubaine n'est pas sans attirer la convoitise des uns et des autres, à commencer par Jean-Michel Rouche, un journaliste en quête d'influence, également convaincu d'une supercherie éditoriale. Décidé à percer le mystère Henri Pick, il se rend alors en Bretagne pour mener son enquête et rencontre les acteurs de cet incroyable vaudeville. On réalise finalement combien les répercussions de cette “découverte” ont eu un impact autant positif que négatif sur leur vie. David Foenkinos prend visiblement son pied à raconter cette comédie burlesque, qui dénonce à la fois la superficialité du milieu littéraire et les nombreuses ramifications pour extirper une œuvre quelconque vers le firmament, d'où les enjeux, les gros sous, les ambitions, les campagnes de presse, les émissions TV, les sourires factices, les jalousies et autres petitesses d'un secteur très éloigné du glamour promis. J'ai vite pris le pli et suivi avec grand intérêt la mise en scène de cette intrigue rondement menée. On regarde chaque personnage aller et venir, placer ses billes, on fait mine de tout gober, on soupire, on peste, on espère, on avale les indices et on recoupe les informations en souriant sardoniquement. Oui, oui. J'ai sincèrement pris goût à cette enquête littéraire, formulée avec verve, tendresse et insolence. Pierre Hancisse y mène également sa barque avec ce qu'il faut de légèreté, d'humour et de délicatesse. Un vrai régal. J'ai été la première surprise à savourer autant ce roman, dont on devine pourtant les ressorts d'une potentielle adaptation cinématographique (ou télévisuelle). Cela n'altère nullement le sentiment d'avoir passé un moment de lecture très plaisant, frais, printanier et distrayant.
durée d'écoute : environ 6 h 30
Jeux de miroirs, de E.O Chirovici
Peter Katz est un agent littéraire influent à New York et habitué de recevoir des sollicitations de toutes parts, mais c'est en découvrant un manuscrit partiel d'un certain Richard Flynn que son intérêt va être fortement émoustillé. Alors qu'il était étudiant à Princeton, celui-ci revient sur sa rencontre avec la sublime Laura Baines, sa nouvelle colocataire, et le professeur Joseph Wieder, un éminent spécialiste en psychologie cognitive qui va être assassiné chez lui. Gros scandale sur le campus. Ont évidemment suivi des tonnes de supputations, un défilé de suspects, puis le coupable idéal, avec toutefois des questions ouvertes et le doute d'une erreur judiciaire. Au moment de contacter l'auteur, Katz apprend qu'il est décédé et ne dispose pas de la suite du manuscrit. Frustré, il confie au journaliste John Keller la mission de se réapproprier l'enquête pour démêler le vrai du faux, puis c'est au tour d'un ancien policier, Roy Freeman, de reprendre le flambeau. On obtient ainsi un roman au schéma aussi tortueux que La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, mais en format plus court (300 pages, soit 7h 30 d'écoute), ce qui rend la lecture plus percutante et vorace. Le principe est cependant le même - bousculer le lecteur dans ses acquis et l'embrouiller dans ses perceptions et autres interprétations de l'intrigue. Celle-ci joue en effet de faux-semblants et de chausse-trappes qui remettent rapidement tout en question. C'est diabolique, pour qui aime les rebondissements et les théories à l'envi. En ce qui me concerne, ma curiosité a été judicieusement piquée à vif et ma lecture grandement motivée ! Je n'ai pas vu le temps passer, j'ai englouti le tout très vite. C'est super efficace et astucieux, après je ne pense pas que ce roman me laissera un souvenir impérissable non plus, mais au moins j'ai passé un bon moment, le temps d'un weekend de détente. Texte lu par Vincent Schmitt pour une écoute tout à fait distrayante.
Audiolib, mars 2017 - Texte lu par Vincent Schmitt (durée : 7h 30) / Trad. Isabelle Maillet pour Les Escales, un département d'Édi8 [The Book of Mirrors]