Pêle-mêle : Tout est magie - Bienvenus - Le Chat blanc et le Moine - Ma sœur, je la déteste !
Monsieur Lapin est un célèbre magicien, qui a toutefois bien du mal à trouver l'assistant idéal. Sa chance tourne le jour où il auditionne Houdini Bouquin. Un petit lapin au poil. Efficace, appliqué, sommant les troupes, veillant au grain, vraiment irréprochable. Mais un soir de représentation, une peau de banane oubliée sur scène, tout dérape. Monsieur Lapin perd le contrôle de la situation, Houdini aussi. Et les rôles sont inversés. Houdini va briller sous les feux de la rampe, devenir la nouvelle coqueluche en tant que magicien et faire salle comble en enchaînant une tournée à guichets fermés. Plus Houdini s'épanouit, plus Monsieur Lapin s'étiole en coulisses. La magie lui manque terriblement, il est temps de renverser le sablier. Quelle belle et étonnante histoire, franchement adorable ! Et quel fabuleux tour de passe-passe ! L'histoire et les illustrations offrent un très joli numéro de prestidigitation, assez cocasse et stupéfiant. Elle montre aussi que les lapins et les humains sont capables de choses “incroyablement surprenantes”, de quoi donner des étoiles dans les yeux aux enfants, enchantés à la lecture de cet album, coloré, fantasque, tout simplement magique ! ♥
Tout est magie, de Meg McLaren
Kaléidoscope, 2017 - Trad. Elisabeth Duval
©Tout est magie, de Meg McLaren
Trois ours polaires se prélassent sur la banquise, quand soudain la glace cède et les emporte au beau milieu de l'océan, sur leur fragile embarcation. Affrontant les intempéries, ils pensent crier victoire à la vue d'une terre à l'horizon, mais l'accueil réservé par les habitants est froid, inhospitalier. Ils doivent donc repartir, chercher une autre terre d'asile, loin, toujours plus loin. Chassés, ignorés, snobés, conspués, nos ours errent comme des âmes en peine. Désespérés, à bout de force, ils s'imaginent périr en mer, dans l'indifférence générale. Ce magnifique album, au sujet tristement d'actualité, présente aux enfants une vision des mouvements migratoires sous une apparente légèreté et beaucoup de poésie, sans écarter l'injustice et la complexité que peut provoquer cette transhumance. On nous présente aussi des pays planqués derrière leurs barricades, fermés aux autres, rejetant fermement toute nouvelle intrusion. Barroux illustre le thème des réfugiés en toute sobriété en racontant une histoire d'ours polaires, en train de dériver sans but, sans avoir recours à des propos moralisateurs. Chaque lecteur jugera selon son ressenti, sa sensibilité, en tenant compte du chemin parcouru pour nos trois ours aux abois. J'ai beaucoup apprécié la démarche, surtout que l'histoire baigne dans un beau cadre lumineux et pointe du doigt l'absurdité des uns et des autres. À découvrir ! Un album très pertinent.
Bienvenus, par Barroux
Kaléidoscope, 2017
Un moine et un chat blanc partagent la douceur de vivre ensemble, dans le calme d'une cellule ascétique, chacun vaquant à ses occupations, dans un silence respectueux. L'un s'abîme les yeux à étudier des manuscrits, pesant chaque mot, ne négligeant aucun détail. L'autre scrute le trou dans le mur et attend son heure pour sauter sur la souris qui se cache. Cette cohabitation respire la sérénité, la plénitude et la sagesse. À première vue, l'esthétisme peut sembler austère, les couleurs sont ternes et les illustrations plutôt sobres, mais cette ornementation épurée colle aussi avec l'ambiance du récit, d'où l'impression d'une harmonie parfaite. Cette lecture hyper apaisante fait également écho à un poème (Pangur Bán) inspiré d'après un moine bénédictin du 9e siècle et de sa relation complice avec son animal de compagnie. Il se dégage de cet album une vraie sensation de pureté et de bien-être.
Le Chat Blanc et le Moine, par Jo Ellen Bogard & ill. par Sydney Smith
Kaléidoscope, 2017 - Trad. Elisabeth Duval
Place maintenant à un grand classique : la sacro-sainte rivalité au cœur de la fratrie ! Christine Davenier nous raconte l'histoire de ce joli duo de frangines, qui ne se supportent plus. L'une est forcément plus douée, intelligente et préférée des grands, a contrario de l'autre qui se sent dans l'ombre et cherche à tirer la couverture à elle. Que de bisbilles pour presque rien. Quand l'une reçoit un chien en cadeau, l'autre choisit une belle palette de crayons... pour exprimer son talent artistique et susciter l'émerveillement de tous ! Et hop rebelote. La crise de jalousie alterne selon les jours, les humeurs, les circonstances. C'est une ronde sans fin. Et c'est ce qui rend l'album aussi attachant, amusant et authentique. On se retrouve implicitement dans cette guerre d'usure, chère en souvenirs ou autres anecdotes qui sentent le vécu, d'où le fil invisible qui relie le lecteur aux personnages et inspire une charmante connivence.
Ma sœur, je la déteste ! de Christine Davenier
Kaléidoscope, 2017