Un million d'éléphants, de Jean-Luc Cornette & Vanyda
J'étais curieuse de découvrir cette nouvelle BD de Vanyda qui raconte aussi l'histoire de sa famille au Laos, en remontant jusqu'aux années 30 avec son ancêtre Sauradeth, qui meurt suite à une blessure lors d'une chasse au tigre. Son fils Virasay va grandir dans la religion bouddhiste, faire son service militaire, trouver l'amour, fonder une famille et vivre de sa passion pour la musique traditionnelle qu'il joue dans l'orchestre royal. La vie s'écoule paisiblement, les bébés naissent et le couple baigne dans le bonheur. Mais avec les années 50, viennent aussi les instabilités politiques. Virasay accompagne le contingent envoyé en renfort pour soutenir l'armée française en difficulté à Diên Biên Phu, et rencontre un nouvel ami, Phou Chay, dont le rêve serait de devenir taxi. L'arrivée des Viet Minhs, farouchement opposés à la monarchie du Laos et aux occupants occidentaux, va néanmoins profondément bouleverser leur destinée. Suite aux persécutions et aux massacres, des milliers de personnes vont traverser le Mekong pour atteindre la Thaïlande et se résigner à leur triste sort en végétant dans des camps surpeuplés, certains pourront s'envoler jusqu'en France et construire une vie nouvelle, non sans difficulté là aussi. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie et d'émotion à la lecture de ces parcours de vie, qui concernent aussi bien Virasay et sa famille, mais aussi d'autres proches, des camarades rencontrés au fil du temps, même des copains de ses enfants. Cela donne un tableau assez vaste, pour ne pas dire confus, d'où la frustration. Jean-Luc Cornette et Vanyda ont certes réalisé un projet ambitieux, aux intentions nobles et admirables, mais le résultat est hélas confus et déroutant. Le déroulement de l'histoire est en effet trop rapide, on ne s'attarde jamais, on ne s'attache pas aux détails, on avance toujours plus loin dans le temps, et les portraits défilent. Seulement, il y a beaucoup de personnages et de noms à retenir, les dessins ne donnent aucun signe distinctif, c'est trop imprécis et il m'est arrivé plus d'une fois de me concentrer pour replacer qui était qui, où, quand, comment. C'est dommage, malgré des messages forts et intelligents, on passe finalement à côté de cette lecture... où tout va trop vite. Par contre, j'ai beaucoup aimé le carnet de bord à la fin de l'ouvrage, qui explique la genèse du projet, le voyage de l'auteur au Laos, ses rencontres et ses découvertes, ainsi que des photos plus personnelles.
Futuropolis, 2017
Un récit choral, qui parle des bouleversements d'un pays à travers les blessures et les espoirs de ses habitants.