Roland est mort, de Nicolas Robin
EN POCHE ! La couverture est kitsch, mais le roman vaut le détour. Avis aux amateurs d'humour acerbe ! ♥
Roland est mort. Roland, qui ? Son voisin ! C'est la dame du dessous qui vient annoncer la nouvelle au narrateur (dont on ignore le nom). Lui s'en fiche complètement. Il ne connaissait pas son voisin, sinon que c'était un vieux monsieur solitaire, qui aimait écouter Mireille Mathieu à plein volume. Le jour où les pompiers viennent récupérer son corps, ils lui confient le caniche du défunt, puis quelques jours plus tard, son urne pleine de cendres. Notre gars soupire et déprime. Après tout, ce Roland a tout l'air d'une triste projection de son propre futur. À quarante ans, notre anti-héros est lui aussi célibataire, sans boulot et amateur de porno. Sa mère lui reproche son état végétatif, sa grand-mère lui rebat les oreilles avec le mariage, même sa masseuse coréenne fait chorus au concert de désapprobation générale. Sur ce, notre héros inspire profondément et écarte les bras en croix en se demandant si la vie est belle et s'il aime la vie. Ha, ha.
L'humour de cette histoire est volontairement caustique, avec en sus un narrateur cynique, froid et calculateur, même pas antipathique. Il incarne à lui seul le désespoir de notre siècle, un pauvre type solitaire et blasé de vivre, alors qu'il est sous le contrecoup d'une rupture amoureuse, sans ambition, ni réseau social, et qui réduit au minimum son contact avec l'extérieur, si ce n'est pour boire du Campari ou un Picon-bière au comptoir du coin. Le tout est vachement mordant, décapant et incisif. Et c'est bougrement bon. On ne fait que se marrer tout du long !
Le Livre de Poche - mai 2017