Fiona Maye est juge aux affaires familiales, totalement dévouée à sa carrière, prompte à ressasser régulièrement les affaires les plus conflictuelles de sa carrière. Décrite comme étant “divinement hautaine, diaboliquement intelligente”, Fiona s'affiche comme étant une femme inaccessible et sûre d'elle. Sa vie de couple en a pourtant souffert, car aujourd'hui son mari Ralph exprime sa lassitude et son désir d'une aventure extraconjugale. Fiona tombe des nues et manifeste sa colère avec froideur.
Un dossier urgent va alors accaparer son attention. Un jeune garçon de dix-sept ans révolus, Adam Henry, est atteint d'une leucémie. Ses parents, témoins de Jéhovah, refusent tout traitement sanguin, au nom de leurs croyances. Les médecins s'alarment et ont saisi la justice pour trancher. Lorsqu'elle rencontre le jeune malade, Fiona est à la fois surprise et séduite par ce garçon sensé et sensible, amoureux des mots et de musique. Une longue discussion s'engage, avant de rendre le verdict...
Indéniablement, le roman questionne, le roman interroge, le roman interpose et interpelle. Il évoque ainsi l'intérêt de l'enfant, la valeur des libertés individuelles, la responsabilité humaine, celle du juge ou des parents, la volonté personnelle ou celle de la communauté... C'est extrêmement pointilleux, au risque de paraître lourd et assommant. En vrai, l'histoire n'a pas une grande portée émotionnelle, les personnages sont apathiques, l'affaire Adam Henry n'est qu'un diablotin surgissant de sa boîte. L'auteur tire son épingle du jeu en tissant une ambiance particulièrement oppressante et néanmoins fascinante, qui inspire autant de sentiments contradictoires. C'est un roman assez court, donc qui se lit rapidement, mais qui suscite une certaine perplexité.
Collection Folio (n° 6299), Gallimard / 2017
Trad. de l'anglais par France Camus-Pichon [The Children Act]