Là où tu iras j'irai, de Marie Vareille
En couple depuis cinq ans, Isabelle file le parfait amour avec Quentin mais préfère le quitter lorsqu'il lui demande de l'épouser. Isabelle n'envisage pas d'avoir des enfants - elle affirme les détester - et choisit de lui rendre sa liberté. Effondrée par cet incroyable revers, Isabelle se retrouve sans toit et sans un sou en poche. Aussi, accepte-t-elle la proposition indécente de jouer la nounou chez la riche famille Kozlowski afin de séduire le maître des lieux et briser ses fiançailles avec sa coach du bonheur. Oui, Isabelle est au fond du trou. Elle débarque donc en baskets dans cette superbe villa près du lac de Côme et fait connaissance avec ses nouveaux employeurs - Jan, le célèbre réalisateur qui a brisé sa carrière d'actrice débutante quinze ans plus tôt, Valentina la douairière intraitable, les enfants Adriana, Zoé et Nicolas, qui ne vont pas faire dans la dentelle pour lui réserver un séjour mouvementé et éreintant. Qu'à cela ne tienne, notre jeune nanny laisse sa fraîcheur et sa spontanéité guider ses actes et ses paroles. Pour une soit-disante diplômée de Norland College, la prestation de ses services va se révéler explosive et inattendue !
J'ai souri tout du long à la lecture de ce roman gai et pimpant, dans lequel on partage les folles aventures d'une héroïne pas toujours exemplaire et particulièrement immature et frivole (oui, parfois Isabelle est exaspérante). Mais j'ai été irrémédiablement aspirée par cette spirale de folie douce et de candeur. Isabelle est étonnante de sincérité et de maladresse, prompte à se fourrer dans des situations improbables, évidemment sources de fous rires chez le lecteur. La mise en scène est digne d'une comédie moderne et enlevée, saupoudrée d'humour, de quiproquos et de rebondissements. C'est un vrai tourbillon, un festival de couleurs et d'émotions. On s'y sent merveilleusement bien. ♥
Mazarine, 2017
Demain n'est pas un autre jour, de Robyn Schneider
Lane avait déjà bâti son avenir selon un plan parfait - avec ses résultats brillants et sa motivation gonflée à bloc, le garçon visait une entrée en grandes pompes à Stanford. Au lieu de ça, c'est à Latham House qu'il pose ses valises avec un profond sentiment d'échec. Latham est un sanatorium pour jeunes malades atteints de tuberculose. Récemment diagnostiqué, Lane est contraint au confinement et au repos. Sur place, le garçon retrouve une ancienne camarade de colo, Sadie, qui s'est entourée d'une bande de potes turbulents, aimant flirter avec les limites du raisonnable. Lassé de son rôle de garçon modèle, au parcours irréprochable, Lane tente de les approcher mais se heurte à une Sadie hargneuse et rancunière.
C'est parce que j'avais beaucoup apprécié le premier roman de Robyn Schneider, Cœurs brisés, têtes coupées, que j'ai décidé de me plonger dans celui-ci. Car un livre traitant de maladie et d'amour n'a généralement pas mes faveurs... L'autre aspect positif du roman, c'est son ambiance en vase clos, où des jeunes gens patientent et luttent contre une fin programmée, mais choisissent de profiter pleinement plutôt que de s'avachir dans leur coin en tremblant de peur. Ce sont des résistants, des guerriers, des héros. J'ai aimé suivre leurs transgressions dans les bois ou à la bibliothèque. Leurs échanges aussi sont pleins d'autodérision. Et sous leurs airs bravaches, forcément, on devine leurs failles, leurs trouilles, leurs espoirs... C'est très bon, merveilleusement écrit, avec certes un sujet réchauffé, mais le roman possède le même charme que Auprès de moi toujours de K. Ishiguro, autre lecture empreinte de nostalgie, de beauté et de poésie. Si vous aimez John Green, vous ne pouvez louper Robyn Schneider !
Gallimard Jeunesse, 2017 - Trad. Nathalie Peronny [Extraordinary Means]
« Jamais je n'ai eu autant envie de faire partie d'une bande qu'à cet instant précis. Ils détonnaient avec le reste de Latham, mais pas comme moi. Ils se comportaient comme dans un pensionnat strict à l'ancienne où on défiait l'autorité et où on enfreignait les règles en cachette. Je les trouvais plus combatifs que les autres. Moins enclins à pleurnicher sur leur sort et à passer leurs journées au lit. Ils n'étaient pas en vacances, ils vivaient une aventure. »