Quelques jours de nos vies, de Clare Swatman
Par sa promesse d'une lecture riche en émotion, ce roman est une invitation à retenir le temps présent pour en savourer chaque instant. Prenons en exemple l'histoire de Zoe et Ed, en couple depuis vingt ans, ils s'aiment mais ont laissé les vicissitudes du quotidien ronger leur insouciance. Pourtant, en apprenant la mort de son compagnon dans un accident, Zoe s'effondre et se reproche d'être partie le matin sans avoir pris le temps d'embrasser Ed une dernière fois. Bouleversée, elle ressasse avec amertume tous les petits riens qui ont empoisonné leur existence. Si elle avait su... Et bim, elle se réveille le lendemain dans son lit de jeune fille, en 1993. Elle est étudiante, s'installe en colocation sur le campus et rencontre Ed. Ô stupéfiante seconde chance, dont on ne cherche pas à nous vendre le pourquoi et le comment, si ce n'est d'offrir à Zoe la possibilité de revivre les moments les plus marquants de son couple. C'est donc toute leur vie à deux que l'on découvre, avec ses hauts et ses bas, ses élans et ses espoirs, mais c'est surtout pour Zoe l'occasion de corriger le passé pour glisser vers un lendemain meilleur. Peut-elle déjouer le sort et sauver Ed ? Comme Zoe, on s'accroche à ce désir insensé et on l'accompagne dans sa rétrospective des vingt années écoulées. S'expose alors l'étendue d'une histoire banale et ordinaire, entre tendresse, joie, peine, doute et bonheur, le tout raconté avec beaucoup d'authenticité. Au final, notre cœur bat à l'unisson avec celui des personnages. Tout semble vrai, sincère et sensible, même si l'histoire inspire aussi une certaine retenue à l'évocation de cette vie de couple fastidieuse et triviale. Un soupçon de fantaisie aurait sans doute été appréciable, à mon goût. La fin aussi m'inspire quelque scepticisme, mais passons. Horace a dit : “Carpe diem, cueillez le jour” - ce sur quoi le roman s'appuie, en toute humilité. Le résultat est tout à fait honorable, très touchant. Et la couverture est ravissante.
Presses de la Cité, 2017 - Trad. Claire-Marie Clévy (Before You Go)
ill. de couverure : Jo Thompson / Adaptation : Mélanie Wintersdorff