Miss Peregrine et les enfants particuliers, de Ransom Riggs & lu par Benjamin Jungers
Après avoir été décliné en bande dessinée, voici que le roman de Ransom Riggs pénètre dans le sérail du livre audio grâce à cette édition lue par Benjamin Jungers, à qui l'on doit de belles prestations comme Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom ou La dernière fugitive.
Abraham Portman, le grand-père de Jacob, est un vieil homme nostalgique de son enfance, accueilli dans un orphelinat, loin de la guerre, des persécutions contre les juifs et des “monstres”. Ses folles histoires, toutes plus passionnantes, ont longtemps captivé le garçon jusqu'à ce qu'il juge avoir grandi, passé l'âge d'être bon public et conclu que son grand-père racontait des sornettes. La mort d'Abraham n'en demeurera pas moins un choc. Jacob réalise combien son grand-père était secret, loin d'être dément, et qu'il a désormais emporté ses nombreux mystères. Dans le cadre de sa thérapie auprès du Dr Golan, Jacob obtient donc le droit de se rendre sur Cairnholm, l'île du Pays de Galles où se situerait le fameux orphelinat de son grand-père, sauf que sur place, le garçon ne découvre que des ruines !
La plongée dans l'univers de Miss Peregrine est juste ensorcelante. On retrouve dans cette lecture audio tout le charme et toute la magie de cette série sibylline - l'esthétisme en moins - et ce, grâce à l'interprétation animée de fougue et pleine de théâtralité du comédien. L'histoire est merveilleusement étrange, émouvante, palpitante, plantée dans une ambiance gothique - qui a inspiré le réalisateur Tim Burton (sortie du film en 2016). Une lecture audio fondamentalement enthousiasmante, dès les premières minutes d'écoute.
©2011 / 2016 Ransom Riggs. Traduit par Sidonie Van Den Dries pour Bayard Éditions.
(P)2017 Audiolib / Texte intégral (durée : 8h 40)
Un truc truc comme un biscuit craquant, d'E. Lockhart
Cette petite brique de 500 pages comprend en fait deux romans préalablement publiés sous les titres L'amour avec un grand Z (ou Journal d'une allumeuse) et L'art de perdre les pédales (Le grand livre des garçons). Casterman croit au potentiel de cette série - moi aussi - car elle est à la fois pétillante, pleine de charme et de lucidité, beaucoup moins girly et frivole qu'en apparence.
Présentation de notre héroïne : Ruby Oliver, 15 ans, 5 crises d'angoisse en 10 jours, 11 rendez-vous chez le psy et 4 grenouilles en céramique. En se confiant à l'impassible Docteur Z., l'adolescente prend conscience de son problème - elle est obsédée par les garçons mais ne récolte que de fâcheuses expériences. Dans le cadre de sa thérapie, Ruby doit dresser une liste de ses prétendants, pas forcément ses amoureux, juste les garçons qui ont compté dans sa vie. Et ils sont au nombre de 15, allant des rumeurs, des erreurs de parcours, des illusions, des quantités négligeables et le reste... C'est un casse-tête à décortiquer. Pas de bol pour elle, la liste est chapardée, reproduite et glissée dans le casier de tous les élèves de son lycée. Sa réputation est scellée - Ruby Oliver n'est qu'une allumeuse ! Ses meilleures copines la traitent en lépreuse. Notre héroïne est seule, plus désemparée que jamais, mais se débat pour laver son honneur.
Si l'intrigue traite vulgairement de batifolages, de baisers baveux et de pelotages en douce, elle ne reste pas non plus au ras des pâquerettes et révèle la détresse profonde et sincère de Ruby, à ne pas traiter à la légère. On y décèle, à travers les lignes, une grande sensibilité, des bouffées d'angoisse et des passages à vide, lesquels s'accompagnent de perte de confiance en soi, de trop-plein émotionnel et de tourbillon affectif. Ruby a néanmoins des réserves d'intelligence et de mauvaise foi pour sauver la face, beaucoup de répartie et un sens aigu du sarcasme, d'où un récit caustique, croustillant et jubilatoire à lire. Son parcours, jalonné de hauts et de bas, illustre à sa façon décomplexée la difficulté de jongler entre relations amicales et amoureuses chez les ados sans pitié et prompts à condamner. Après tout, la vie « c'est finalement un truc truc comme un biscuit craquant » !
Une série à ne pas sous-estimer. Elle renferme un ton subtil et touchant, en plus d'être drôle, et fait le portrait d'une jeune fille qui se vautre dans l'ironie pour masquer sa vulnérabilité. Une lecture distrayante et pleine de pep's, avec une héroïne hyper attachante.
Casterman, 2017 pour la présente édition
Trad. Antoine Pinchot (The Boyfriend List / The Boy Book)