Le groupe, de Jean-Philippe Blondel
François Roussel est prof d'anglais dans un lycée de province et auteur de plusieurs romans (toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé, blablabla), lorsque sa collègue de philo, Marion Grand, lui propose d'animer un atelier d'écriture. Séduit par l'idée, il est également surpris par la participation des dix élèves de Terminale, toutes orientations confondues, et par leur motivation, séance après séance, à se frotter à ses exercices de style, visant à mettre leur âme à nu. Après la timidité du début, vient le relâchement. Cette liberté de tout dire, tout écrire, sans peur du regard des autres. Le groupe lâche prise et se libère des faux-semblants, mais avec toujours une certaine pudeur pour leur tenir la main et le stylo.
Il règne autour du groupe et de leur atelier une sensation de bulle réconfortante, qui fait que l'on s'y sent bien. On s'installe dans un coin, on écoute les langues se délier, les mots couler sur le papier. JP Blondel a ce don manifeste de créer une ambiance, d'installer des personnages, de nous amadouer avec délicatesse et de nous donner l'illusion d'être partie intégrante du microcosme. J'ai beaucoup aimé me plonger dans cette atmosphère, lire des bouts d'histoire, croiser des bouts de chemin, nouer des bouts de ficelle. On s'attache au groupe, mais on préserve aussi de la distance car la position d'oreille attentive ou de simple dépositaire est également très appréciable.
125 pages plus tard, j'ai refermé le livre en éprouvant une sensation de plénitude et de bonheur d'avoir partagé ces instants précieux et uniques. C'est sans nul doute un très bon roman qui a remué chez les êtres de papier et le lecteur des sentiments multiples mais bienfaisants. Un rendez-vous particulièrement délectable.
Actes Sud Junior, 2017