06/07/17

George, d'Alex Gino

GEORGE

Ne vous fiez pas aux apparences, même si sa mère l'appelle Gigi et pense à son avenir de “jeune homme”, ou lorsque son frère Scott le taquine en pensant qu'il reluque des magazines pour se rincer l'œil, George est une fille. George se sent une fille. George veut jouer le rôle de Charlotte dans la pièce de l'école. George a besoin d'être prise au sérieux. Seule sa meilleure amie Kelly est prête à la soutenir et lui propose d'échanger son rôle, ni vu ni connu, pour que la vérité éclate devant tout le monde, sur la scène. Mais George doit convaincre sa famille, se battre contre les garçons de son école qui se moquent d'elle, trouver le mot qui correspond à son état d'esprit, “transgenre”, et avancer à tâtons dans cette existence où rien n'est simple et où les gens ne voient les choses que comme ils croient qu'elles sont. 

Ce petit roman a la délicatesse d'aborder un sujet sensible en visant un public jeune. Et comme c'est assez rare, on ne peut qu'encourager l'initiative. On suit donc l'histoire en nous glissant dans la peau d'un enfant de 8 ans, avec déjà des questions à la pelle dans la tête, concernant son identité et son genre, et heureusement une famille épatante, qui encaisse la nouvelle avec stoïcisme, non par souci des convenances, mais par crainte de la violence et du refus de la société figée dans ses préjugés. Pour George, “ce qui est vraiment difficile, c'est de faire semblant d'être un garçon”. D'où son acharnement à obtenir le premier rôle féminin de la pièce de théâtre et de balayer de la main les principes de catégories fermées. Le monde n'en est que plus injuste. Pour Kelly, son amie, être une fille revient à porter des jupes, des paillettes et du gloss. C'est un peu exagéré, mais si George a enfin le sentiment d'être bien dans sa peau... pourquoi pas ? Le texte lui-même joue avec l'ambivalence, évoquant George par le pronom personnel féminin (elle), brouillant les pistes et soulignant la frontière floue entre l'être et le paraître, ce qui rend sa lecture pointilleuse et intelligente.

On a là un rendez-vous de douceur, avec un roman qui véhicule un vrai message de tolérance et qui ne doit pas s'excuser de renvoyer une impression de sexisme par l'utilisation de clichés. Les jeunes enfants retiendront essentiellement le cheminement de George dans sa volonté d'être acceptée en tant que fille dans un corps de garçon. 

L'école des Loisirs, 2017

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Léon l'extra petit terrestre, de Jo Witek & Stéphane Kiehl

leon extra petit terrestre

Léon est un adorable petit garçon, extrêmement timide, qui préfère souvent s'enfermer dans sa bulle pour rêver. C'est sa planète à lui, comme la lune. Sa maman lui dit souvent qu'il est dans la lune, ça veut bien dire la vérité. Soit, il décroche souvent du monde qui l'entoure, il voyage loin et crée son monde à lui. Quand il doit redescendre sur Terre, il se retrouve en classe, avec des camarades qui souvent l'impressionnent, car ils réussissent tout ce qu'ils entreprennent. Léon aussi voudrait colorier sans dépasser, faire du toboggan à l'envers ou foncer en trottinette sans perdre son bonnet. À la place, Léon ne sait que dessiner des loups, ça ne fait pas beaucoup. Et puis il y a la jolie Marguerite, qu'il aimerait emmener avec lui sur sa planète, une invitation à fermer les yeux, pour qu'elle réalise combien lui aussi est super courageux en vérité.

J'ai fondu comme du beurre au soleil en lisant cet album, vraiment doux, tendre et délicat. Léon est un petit garçon sensible à l'excès, mais si touchant et attachant, qu'on lui tendrait une échelle pour venir fouler le sol de notre petite planète, sans craindre de s'y perdre. Cette histoire est aussi un bel hommage à tous les grands rêveurs, qui s'isolent ainsi par timidité, par manque de confiance ou par peur de l'inconnu, et c'est tellement émouvant. Chaque page comporte également une découpe en forme de cercle pour illustrer de façon astucieuse cette planète sur laquelle l'enfant aime se réfugier, en attendant le déclic pour affronter ses petites angoisses et sourire à la vie. Cette histoire est belle, juste, attendrissante, écrite avec un soin particulier, veillant à piocher dans un vocabulaire qui sort parfois de l'ordinaire, pour une symphonie raffinée et de grande qualité. J'ai adoré ! 

Léon l'extra petit terrestre, de Jo Witek & Stéphane Kiehl

De la Martinière Jeunesse, 2016

 

 

Posté par clarabel76 à 11:45:00 - - Commentaires [1] - Permalien [#]
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