La maison du péril, d'Agatha Christie
Hercule Poirot vient de prendre sa retraite et réchauffe ses vieux os dans la station balnéaire de St Loo, sur la côte de Cornouailles, en compagnie de son fidèle Hastings. Pas loin de sombrer dans la mélancolie, Poirot accorde finalement un vif intérêt à sa rencontre avec la fraîche et pétillante Nick Buckley.
Par son allure moderne et décalée, ses manières décomplexées, elle divertit notre ami en racontant, autour d'un cocktail, qu'elle vit dans une vieille bicoque hantée, autrement nommée “la maison du péril”. Bavarde et insouciante, elle leur explique avoir échappé par trois fois à d'étranges pépins - un tableau qui se décroche et tombe sur son lit, un rocher qui dévale une falaise pour s'écraser à deux pas, et les freins de sa voiture qui lâchent inopinément...
Quelle chance inouïe, songe Hercule Poirot, jusqu'à ce qu'il ramasse le feutre mou de la jeune femme, soufflé par le vent, et qu'il remarque un petit trou net et bien rond. La trace d'une balle perdue. Une fois encore, Nick vient d'échapper à la mort. Sous la moustache du détective.
Ses petites cellules grises sont dans tous leurs états. Il est temps pour Hercule de reprendre du service et de s'inviter dans cette symbolique maison !
Mise en scène impeccable, des personnages insondables, de l'élégance, du mystère et de l'enfumage... Je raffole des ambiances désuètes, encore plus lorsqu'elles sont au service d'une intrigue habilement troussée, à la tension psychologique avant-gardiste, à la construction complexe et au dénouement insoupçonné.
Un très bon Agatha Christie, dans lequel Hercule Poirot brille par son éternelle suffisance et par sa clairvoyance qu'il récupère in extremis ! Classique, inlassable.
Éditions du Masque / 2015 - Traduction (entièrement révisée) de Robert Nobret