La Maison des hautes falaises, de Karen Viggers
Karen Viggers est un auteur que je souhaitais découvrir depuis un moment, car je prévoyais une lecture riche en évasion, à l'instar des romans de Victoria Hislop. Le changement d'air est bien au rendez-vous - direction un coin paumé d'Australie, au bord de l'océan - par contre, l'histoire réserve des émotions contradictoires. On fait en effet la connaissance de deux personnages qui traversent l'existence en léchant leurs plaies mais qui refusent de s'épancher pour mieux chasser leurs vieux démons. Ils préfèrent, au contraire, les bichonner et les garder sous le coude. D'un côté, Lex avait une brillante carrière d'animateur et une vie de couple épanouissante, jusqu'à la perte tragique de son enfant. La soupape de sécurité ayant explosé, l'homme a tout plaqué pour s'installer dans un village de pêcheurs, à l'abri des regards. Un jour, il croise la route de Callista, une artiste locale, qui mène une vie de bohème. Elle aussi possède un passé parsemé de zones d'ombres, qu'elle préserve jalousement. Ces deux-là ont un coup de foudre. Ils vivent l'instant présent sans peur du lendemain, mais ne dévoilent rien de leurs fantômes. C'est dit comme ça, mais au fond c'est carrément borderline, et toute l'histoire ne cessera d'en faire la démonstration. Les personnages eux-mêmes ont conscience de leurs “émotions bordéliques”. Ce sont tous deux des êtres fêlés, handicapés sentimentalement, paralysés par le lâcher prise. Et bon sang comme c'est lourd à absorber ! J'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à suivre leurs dérives et à cerner leur valse des hésitations. Tout est trop compliqué et accablant. Malgré tous mes efforts, je n'ai pas su m'attacher à Lex et Callista. Leur histoire est longue et lente à se déployer - trop d'atermoiements, aucune perspective rayonnante, et cerise sur le gâteau, une interminable séance de sauvetage de baleine en guise de dénouement ! Débroussaillez tout ça et vous obtenez un roman bien amer, un poil mélodramatique, sur fond de douce sérénade mélancolique...
Valérie Marchant, lectrice pour Audiolib, sauve les meubles par son interprétation sensible et agréable à l'oreille. Car si le roman décline effectivement son ode à la nature et à l'océan, il manque cruellement de vigueur à nous transporter dans le parcours de vie des deux protagonistes. De la délicatesse, de la beauté et de la poésie... certes, mais l'envolée romanesque peine à décoller ! Une déception, donc.
©2016 / 2008 / 2017 Karen Viggers / Éditions les Escales, un département d'Edi8 / Audiolib. Traduit par Aude Carlier
(P)2017 Audiolib - Texte lu par Valérie Marchant (durée : 12h 39)