Voyage à Zorgamazoo« Les histoires de zorgles, c'est une vérité sacrée,
Sont écrites tout entières en rimes versifiées.
Certains crient au délire ! D'autres jugent magnifique
Un roman qui respecte une parfaite  métrique !
Et cette fable, cher lecteur, entendons-nous bien :
C'est le livre qu'à présent vous tenez dans vos mains. »

Ah, quelle fantastique lecture ! Voilà un roman joyeusement inventif et à l'imagination débordante, dont l'écriture en vers ne manquera pas d'étonner le jeune lecteur. Eh oui, c'est dans un style enlevé et très comique que l'auteur nous embarque dans son aventure.
Au commencement, Katrina Katrell surprend dans le métro une créature étrange, cornue et poilue, qu'elle semble être la seule à voir. Sa tutrice, l'abominable Miss Krabone, la réprimande et convoque un spécialiste du cerveau pour lobotomiser la jeune fille ! Le découvrant, Katrina se sauve aussitôt. Car l'enfant n'a pas rêvé et a bien croisé la route de Mortimer Yorgle, surnommé Morty. Ce reporter maladroit n'est pourtant pas du genre à attirer l'attention sur lui. Il préfère de loin le confort et la tranquillité, contrairement à son vieux père, aujourd'hui très malade, dont on glorifie les nombreuses frasques et les prestations héroïques. Et puis... et puis... Le destin de Mortimer va être tiré au sort et le désigner comme seul et unique HÉROS pour accomplir une terrible mission - retrouver tous les zorgles mystérieusement disparus à la campagne. C'est donc en compagnie de Katrina, qui ne cache pas son âme d'aventurière, qu'il se rend à Zorgamazoo pour mener à bien son enquête. Notre bon ami, dont l'unique passion est le zorgleball, va devoir se surpasser et se lancer dans un sacré périple, rempli de dangers, contre lesquels il déploiera toute sa bravoure pour ne pas décevoir les attentes de son peuple.

Le résultat se révèle aussi insolite que déjanté, avec une description des personnages qui prête à sourire, des rebondissements qui font pousser des cris d'exclamation (hello, j'ai dix ans) et une articulation très originale dans la tournure générale. Car le texte s'éparpille comme un feu follet, d'abord par son contenu, puis par sa métrique, et enfin par sa typographie recherchée. On sent le souci d'originalité ET le soin scrupuleux à fignoler tout ça. Cela m'a beaucoup plu et je conseille sans détour ce roman aux enfants qui aiment rêver en grand ! Au passage, excellent travail de traduction de Rosalind Elland-Goldsmith. ☺  

SEUIL JEUNESSE, 2017 - Traduit par Rosalind Elland-Goldsmith - Illustration de couverture : Roland Garrigue