Nightfall, de Jake Halpern & Peter Kujawinski
Après quatorze années de Jour, l'île de Bliss se prépare à plonger dans quatorze années d'une Nuit secrète et impénétrable. En effet, toute la population doit évacuer les lieux à bord de navires, après avoir procédé à un rituel rigoureux au moment de tout quitter. Chaque famille doit nettoyer à fond leur maison, rendre aux logis une “propreté immaculée”, positionner les meubles exactement comme à leur arrivée, soigner les moindres détails, et ne jamais poser de questions.
Pour Marine, son frère Kana et leur meilleur ami Liam, la situation inspire de l'inconfort et du doute, même s'ils s'appliquent à suivre strictement les consignes. Quelques semaines plus tôt, ils ont osé s'aventurer dans les bois et emprunter un sentier interdit. Ils sont rentrés bredouilles, et fâchés. Marine a égaré un précieux collier sur place et accuse Liam de négligence. Même Kana s'en mêle, supportant de moins en moins le rapprochement entre sa sœur et son pote.
Et bim, le jour du départ, Liam manque à l'appel. Kana et Marine estiment avoir suffisamment de temps pour le retrouver... Toutefois, les embarcations ne vont pas s'éterniser et charger tout le monde dans un chaos indescriptible. Effarés, Marine, Liam et Kana vont alors percer le mystère de Bliss et le regretter amèrement.
Le point fort du livre ? Son ambiance. Je le dis tout de suite, c'est super flippant. Les auteurs sont parvenus à dépeindre un décor sombre et inquiétant, d'où l'on perçoit l'angoisse des personnages perdus dans ce labyrinthe cauchemardesque. La tension dramatique est palpable. On avance à pas feutrés, on a le trouillomètre dans le rouge écarlate, on n'en mène pas large et on attend de découvrir ce que cache l'île de Bliss après la tombée du Jour. Verdict, c'est pas beau ! Voire, carrément terrifiant.
Certes, j'aurais sans doute espéré que l'histoire aille encore plus loin et bouscule les personnages, mais public jeunesse oblige, on reste dans une esquisse de thriller - néanmoins efficace - et on se contente de dessiner les contours. L'aperçu est bon, mais frustrant. J'attendais davantage, esprit sadique que je suis. Malgré tout, j'imaginais sincèrement que ce roman pouvait se suffire à lui-même, et puis j'ai découvert que Peter Kujawinski prévoyait d'autres livres inspirés de l'univers de Bliss, avec notamment les Fourreurs ou les Territoires Désertiques en figures de proue.
En attendant, cette lecture se découvre les soirs d'automne, par temps pluvieux, histoire de justifier les frissons qu'elle inspire ! Bonne chasse. ☺
PKJ - 2017
TRAD. Hélène Zilberait
It Girl #2: Pas facile d'être une It Girl, de Katy Birchall
Le roman de Katy Birchall - IT GIRL - avait été mon péché mignon au moment de sa découverte, l'an dernier. J'avais adoré le personnage d'Anna, une adolescente commune et maladroite, brutalement propulsée sur le devant de la scène parce que son père fréquente une actrice à la mode.
Depuis, notre demoiselle apprend à gérer cette soudaine popularité tout en menant une vie de lycéenne empotée, d'où les vidéos la surprenant dans des situations embarrassantes et qui viennent polluer les réseaux sociaux. Qu'à cela ne tienne, Anna garde la tête haute et assume d'être un boulet. Tant que son ami Connor, qu'elle aime secrètement, continue de cerner son potentiel d'héroïne, tout roule !
Et puis, bim ! Un article vient gratouiller sa confiance en elle en déplorant le vide existentiel des fameuses “it girls” et leur incommensurable superficialité. Déjà dans le creux de la vague, car elle a le sentiment que Connor s'éloigne d'elle, Anna décide de passer à l'action et brigue le poste de capitaine sportif dans une compétition de son école.
Pour une fille godiche et nulle en sports, l'enjeu s'annonce spectaculaire ! Mais Anna se lance dans la bataille, non seulement pour prouver à tous qu'elle n'est pas qu'une nigaude à la motricité douteuse, mais également pour attirer l'attention de Connor et récolter son premier baiser.
Youhou. Ce roman affiche crânement ses couleurs - il est drôle, savoureux, décalé, avec une héroïne extra, pleine d'autodérision, entourée d'amis et d'une famille aussi hilarants qu'elle. On assiste notamment aux préparatifs du mariage de son père et de sa dulcinée, la célèbre actrice, sauf que celle-ci s'emballe dans des délires et des projets qui mettent les nerfs de son entourage à rudes épreuves.
On suit donc cette joyeuse frénésie à travers les échanges de mails, ou en lisant les messages de Jess, sa copine délurée et extravagante, qui pousse souvent Anna à franchir la ligne jaune. Comment ne pas ricaner en avançant dans l'histoire parsemée de petits cailloux aussi biscornus ?
Si vous êtes en quête d'une lecture distrayante et décomplexée, tentez la série IT GIRL et son humour british salvateur ! ♥
PKJ, 2017 - Trad. Juliette Lê
Princesse Henriette #1: Hamster au bois mordant, de Ursula Vernon
Henriette de La Grignote est une princesse hamster audacieuse et anticonformiste - elle refuse d'afficher un air mélancolique en végétant entre les murs du château de ses parents. Ce qu'elle désire, c'est vivre une aventure, avec de l'action, du danger, un vrai sens à sa vie. En apprenant qu'une malédiction pèse sur ses épaules, Henriette joue son va-tout et profite de son sursis pour assouvir pleinement sa passion. De la baston, encore et toujours, et une solide réputation de princesse cinglée à la clef !
Car le jour de ses douze ans, Henriette va se piquer le doigt à une roue pour hamster et sombrer dans un sommeil éternel. La bonne blague. Notre princesse intrépide choisit d'affronter son destin et va résister à la méchante fée Ratcabosse. Chemin faisant, tout son univers est sens dessus dessous et notre tête couronnée doit voler à travers le royaume pour dénicher un prince digne de ce nom et rompre la fatalité.
Ne vous attardez pas au titre, à la couverture rose pétante, aux liserés argentés, au hamster ou à la princesse, car c'est loin, très loin des expectatives ! Ici, point d'héroïne nunuche ou d'histoire prout-prout. La princesse en chef est une rebelle dans l'âme, qui chevauche les plaines et les vallées à dos de caille de course, qui montre une véritable adresse avec son épée (mieux qu'avec une aiguille à coudre), et qui ne fait pas la fine bouche pour zigouiller les monstres répugnants. Princesse Henriette, elle, prend son pied à vivre au péril de sa vie. Et on applaudit.
On la suit donc dans sa folle quête du prince charmant, en savourant sa fougue, son entrain, son énergie etc., et on tombe sur Wilbur, qui est tout le contraire de notre vaillante héroïne. Leur duo est cocasse et donne encore à lire une histoire pétillante et pleine d'humour.
Avis aux lecteurs qui fuient la guimauve, cette série est assez désopilante dans son genre ! À partir de 8 ans.
MILAN - 2017
Série : PRINCESSE HENRIETTE
Tome 2 déjà disponible : PRINCESSE HENRIETTE : LE BAL DES DOUZE SOURIS
Apolline et le renard mauve, de Chris Riddell
Pour cette quatrième aventure, la jeune et jolie Apolline décide d'organiser une petite fête, chez elle, dans l'appartement 243 de la tour P.W Huffledinck, autrement dit le Poivrier. Avec son inséparable monsieur Munroe, elle dresse une petite liste des derniers détails à convenir : les invités, le repas, le ménage... Et sans plus tarder, nos deux amis se mettent en l'ouvrage et procèdent à un grand dépoussiérage dans les placards qui débordent.
C'est donc en se rendant aux poubelles - pour se débarrasser des dernières babioles collectées à travers le monde par ses parents - que la fillette fait une étrange rencontre. En effet, un renard au pelage mauve l'invite à visiter son humble demeure, la poubelle 34, et lui explique, face à son étonnement, qu'il existe un grand nombre d'animaux vivant dans la Grande Ville sans que personne ne les remarque jamais. Pour preuve, il l'invite à un safari urbain et lui donne rendez-vous, le lendemain soir à minuit...
Très belle lecture que voilà ! Chris Riddell nous régale avec cette promenade poétique et débordante d'imagination dans son univers atypique - et attachant - de la jeune Apolline. Au programme : des rencontres, des découvertes, des histoires palpitantes, de la tendresse, de l'humour, des détails cocasses, de la fantaisie, et j'en passe, tout ça dans un écrin sur-mesure (couverture cartonnée, illustrations pointilleuses et raffinées).
En bref, on n'en perd pas une miette et on fait rouler les yeux sur toutes les pages du livre. Sans jamais perdre le sourire. Un pur moment de délectation, pour une série à adopter d'urgence. ♥
éditions Milan, 2017 - Trad. Amélie Sarn