Les Jonquilles de Green Park, de Jérôme Attal
Quel joli roman sur l'enfance - pourtant mise à mal par la violence du Blitz qui chamboule le quotidien des londoniens en cette année 1940 - roman qui parvient à s'extirper du chaos pour nous plonger dans la vie turbulente et facétieuse de la famille Bratford !
L'histoire s'attache avant tout au jeune Tommy, 13 ans. Un chic môme amateur de comics et de Mila Jacobson, la fille la plus formidable de Londres. On suit donc ses folles escapades en ville, souvent avec son pote Oscar, qui vient de Pologne et dont le père a rejoint la Royal Air Force. Tous deux s'échappent de la réalité avec leurs jeux et leurs lectures, craignent un prochain exil à la campagne mais ne s'étonnent plus d'interrompre leur réveillon de Noël pour se planquer dans une cave en écoutant la nouvelle radio de son père. Dans la famille Bratford, on compte aussi un joli panel de personnalités excentriques et attachantes - il y a d'abord le père, qui passe son temps à inventer des choses farfelues, comme un tatou de la taille d'un brontosaure, censé protéger la population des bombardements, son épouse s'en va pédaler en chantant jusqu'à son usine d'ampoules électriques, et Jenny, leur fille de seize ans, est en quête du grand amour, à défaut de rencontrer Clark Gable.
Ce portrait de doux-dingues est coloré, charmant, joyeux et insolite, ce qui rend la lecture radieuse et espiègle. Mais sous l'humour, l'insouciance et la légèreté, on ne traite pas moins des heures sombres de cette guerre effroyable, qui éprouve les familles dans un contexte de sursis. J'ai été séduite par la plume de Jérôme Attal, par son exercice à jongler entre le rire et les larmes, par son hommage voilé à la désinvolture des jeunes années, par sa poésie à chasser le gris des bombes en évoquant les jonquilles de Green Park.
En bref, c'est un roman lumineux, très touchant. Une très belle découverte, lue dans le courant de mon été... d'où mes souvenirs un peu vagues, si ce n'est d'avoir aimé fort, fort, fort. ♥
POCKET, 2017