La menace, de S.K. Tremayne
Lorsque Rachel rencontre David Kerthen, à Londres, la jeune femme croit immédiatement au conte de fées. David est bel homme, avocat brillant, veuf et père d'un adorable garçon, Jamie. Sous le charme, elle l'épouse et part vivre dans son manoir, Carnhallow, au cœur des Cornouailles. C'est là que tout va se compliquer. Entre les souvenirs de l'épouse tragiquement disparue, les murs figés dans le temps et les fantômes du passé familial, Rachel perd pied. Elle remarque aussi que Jamie se comporte de façon étrange et fuyante avec elle. Le garçon n'est plus que l'ombre de lui-même, il s'isole et chuchote dans son coin, il prétend que sa mère est vivante et déclare enfin que Rachel va mourir le soir de Noël. Glacée d'horreur, elle cherche à en toucher un mot à David, qui se ferme comme une huître et interdit formellement sa nouvelle épouse de céder à une curiosité malsaine. Son fils ne souffre nullement de troubles psychotiques, sa mère est bel et bien morte, aucun spécialiste de l'âme humaine n'est apte à comprendre leur deuil. Le sujet est clos. Sauf pour Rachel, décidée à en découdre. Alors qu'elle pense être enceinte, elle se demande qui est réellement l'homme qui partage sa vie.
Ouch, cette histoire affiche clairement son ambiguïté et sa volonté de brouiller les cartes. Au départ, on pense fatalement à Daphné du Maurier, avant d'en chasser l'idée car le roman de SK Tremayne surprend, mais de façon obscure. On le sait, l'auteur est friand des mystères, des névroses et des embruns, cf. Le doute pour en juger. Cette fois encore, il joue avec les frontières qui séparent le réel du fantasme, il sème le trouble, rend ses personnages nébuleux, lance des pistes puis revient sur ses pas, en bref il entraîne le lecteur dans un long dédale infernal et l'égare exprès pour rendre “la menace” insaisissable jusqu'au bout. Par principe, le suspense psychologique est au taquet. La lecture se veut nerveuse et angoissante... même si le stress ressenti est pesant. Au final, j'ai fatalement décroché dans la dernière ligne droite car j'étais à la limite de la suffocation, et je trouvais que cela partait dans tous les sens, que cela devenait ridicule.
Par contre, j'ai été à cran avec la lecture audio de Virginie Méry pour Audible Studios (également la narratrice de Rebecca pour Audiolib - tiens donc). Son interprétation est remarquable car elle multiplie les casquettes et les personnalités, en devient pernicieuse et borderline. En gros, sa composition est à double tranchant. C'est souvent effrayant, pour ne pas dire dérangeant, mais c'est à la hauteur des attentes car son jeu de rôles est bluffant. À tenter en écoute.
©2017 Place des Éditeurs. Traduit de l'allemand par Catherine Barret (P)2017 Audible Studios
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Texte lu par urée : 9 h 58) pour Audible Studios