Les valises, de Sève Laurent-Fajal
Sarah, quinze ans, se rend en voyage scolaire en Pologne où elle visite avec sa classe le camp d'Auschwitz. Pudique et solitaire, l'adolescente ressent un grand froid l'envahir en découvrant l'amoncellement des valises abandonnées ayant appartenu aux millions de déportés juifs. Prise de vertiges, elle a des visions de scènes sur un quai de gare où des enfants sont arrachés à leurs parents. Muette, angoissée d'horreur, Sarah se ferme comme une huître. Car tout ceci l'amène à réfléchir à ses propres origines.
Sarah vit seule avec sa maman, elle ignore qui est son père, ne sait rien de sa famille. Toutes deux sont cloîtrées dans leur bulle de silence et d'isolement, mais la jeune fille n'en peut plus et a envie que ça change. Seulement, le soir où elle s'arme de courage pour discuter avec sa mère, Sarah apprend que celle-ci a eu un accident et se trouve dans le coma sur un lit d'hôpital. Abrutie de chagrin et de désespoir, Sarah n'abandonne pas l'idée de fouiller le passé de sa mère et comprendre le mystère autour de sa naissance.
Quel doux roman ! Charmant, émouvant, totalement bouleversant. J'ai été littéralement captivée, complètement absorbée par la quête identitaire, par le cataclysme émotionnel et par les montagnes russes sur lesquelles surfent l'héroïne. C'est intuitif, l'histoire vous touche en plein cœur tant elle est éloquente, sensible et compatissante. Et au milieu de ce chaos sans nom, Sarah découvre aussi les fulgurances du premier amour. Une relation tendre, farouche et explosive se dessine, elle se noue ainsi au besoin de savoir qui elle est, quelles sont ses racines. C'est tout emmêlé, emberlificoté dans un parcours teinté de rencontres et révélations parfois rapides et improbables, mais qu'importe. La lecture est entraînante, animée d'une belle sincérité. On en ressort avec le cœur pulvérisé, un sourire heureux et des larmes au coin des yeux. C'est tout bon ! ♥
Gallimard Jeunesse, coll. Scripto, 2016