Watertown, de Jean-Claude Götting
Philip Writing mène une existence paisible à Watertown, petite ville du Massachusetts. Paisible, pour ne pas dire insipide. Simple employé dans une compagnie d'assurances, il vit seul dans un appartement sans charme et termine ses journées en buvant de la bière avant de se coucher. Un matin, il s'arrête, comme à son habitude, dans la pâtisserie de M. Clarke pour y acheter un muffin. Au moment de saluer Maggie, la vendeuse, celle-ci lui annonce qu'elle ne sera plus là demain. Or, le jour d'après, Clarke est retrouvé mort dans sa cuisine. Maggie a bel et bien disparu. Deux ans plus tard, lors d'une visite chez son frère à Stockbridge, Writing croise dans une boutique d'antiquités le sosie de Maggie Laeger. Elle prétend pourtant s'appeler Marie Hotkins et nullement le connaître. Chiffonné, notre homme ne renonce pas si facilement et va rapidement élaborer de folles théories. Il entraîne, dans son sillage, un journaliste proche de la retraite, lequel va également connaître une fin tragique. C'est assez pour titiller la curiosité de notre homme et le plonger dans une folie obsessionnelle. Woow, que de mystères ! Et c'est franchement une réussite. Dès la première page, l'histoire nous accroche, dévoilant un scénario énigmatique et captivant. L'esthétisme est assez austère et d'une grande sobriété, mais conforte ce sentiment de climat lourd en secrets et autres faux-semblants. L'ensemble n'en demeure pas moins hypnotique. En faisant référence à un “polar hitchcockien”, l'éditeur ne se trompe pas. On retrouve aussi tous les codes du roman noir des années 60 - un héros solitaire, qui oublie la vacuité de sa vie en s'improvisant détective, une beauté blonde impénétrable, des disparitions étranges, une police démissionnaire, des petites villes paumées... C'est tout bon. Ambiance frileuse pour lecture envoûtante. Une découverte de choix !
Casterman, 2016