La tresse, par Laëtitia Colombani
C'est parce que j'ai beaucoup vu ce roman sur Instagram que j'ai été piquée de curiosité pour le lire. Comme toujours, j'ai opté pour le format audio, qui s'emboîte parfaitement avec ma façon de vivre ces dernières semaines.
L'histoire du roman est assez simple : on suit trois femmes, dans trois pays, dont la destinée est inextricablement liée. En Inde, Smita rêve d'envoyer sa fille à l'école pour qu'elle apprenne à lire et écrire, mais se heurte au poids des castes et des traditions. En Sicile, Giulia reprend les affaires de son père, qui tenait un petit atelier de traitement de cheveux, mais les caisses sont vides et l'avenir compromis. Au Canada, une avocate carriériste, Sarah, voit soudain sa vie se mettre entre parenthèses en apprenant qu'elle est atteinte d'un cancer.
Ces trois parcours de vie sont tous plus attachants et passionnants les uns que les autres. J'ai écouté avec intérêt les conditions de vie, les sacrifices, les doutes, les espoirs naître, disparaître, gonfler, s'éclipser par alternance.
C'est un roman a priori ordinaire, assez court - il s'écoute en moins de 5 heures - mais c'est un roman authentique et engagé. Son impact émotionnel est tout sauf dérisoire. Il y a de la force, de la sensibilité, de l'intelligence dans cette lecture. C'est remarquable. J'ai apprécié chaque point de construction du récit, qui se tisse à la façon d'une tresse, avec application et adresse. J'ai aimé aussi prendre mon temps pour connaître chaque personnage, pour me familiariser avec leur environnement, pour entrer en empathie avec leur parcours et les suivre face aux adversités.
Généralement méfiante à l'égard des buzz littéraires, j'ai trouvé que celui-ci mettait, à juste titre, en valeur un roman touchant, mais pas larmoyant, qui parle des femmes et des combats à mener à travers le monde. On brasse ainsi un patchwork d'émotions, de cultures, de coutumes, de croyances, de rêves et d'ambitions. À sa façon, simple et pudique, le roman réussit un joli tour de passe-passe en nous embarquant du début à la fin dans cette histoire de tresse, véritable trait d'union entre ces trois femmes, liées également par le courage, le désir de liberté et l'abnégation. Très, très bon !
Grande justesse dans l'interprétation de Rebecca Marder et Estelle Vincent. L'auteur également lit les interludes avant de répondre à un entretien avec l'équipe Audiolib. Un format toujours judicieux et une prestation réussie.
©2017 Éditions Grasset & Fasquelle (P)2017 Audiolib
Lu par :
Celle qui fuit et celle qui reste (L'amie prodigieuse 3) de Elena Ferrante
J'ai accueilli avec joie la parution du troisième tome, après L'amie prodigieuse & Le nouveau nom, en format audio, puisque je n'envisage plus de connaître la suite de l'histoire autrement qu'en écoutant Marina Moncade. C'est un plaisir que je n'explique plus, mais j'aime cette plongée directe dans les chroniques napolitaines racontées avec tendresse et authenticité.
Nous retrouvons ainsi les deux amies dont les choix de vie ont pris des directions opposées - Lena se glorifie du succès inattendu de son premier roman, elle part s'installer à Florence avec son fiancé et s'enorgueillit du milieu intellectuel dans lequel elle gravite. De son côté, Lila trime dans une usine de salaisons et bousille sa santé, elle se sensibilise à la cause syndicale et se lance dans des revendications pour défendre les droits de la femme. Comme toujours, les deux amies vont reprendre contact et se tirer la bourre, par jalousie ou simple incompréhension. Leur relation n'en finit plus d'être “le reflet de leurs insuffisances” et se couvre d'amertume. Lila est devenue une personne sèche et aigrie, tandis que Lena demeure obstinément obsédée par son béguin de toujours, Nino Sarratore, avec lequel son amie a eu une brève liaison. À jamais insatisfaite, Lena ne parvient plus à se contenter de son bonheur conjugal et part en vrille.
Certes, ce troisième tome évoque les engagements politiques soulevés après Mai 68, les ouvriers revendiquent de meilleures conditions de travail, les femmes dénoncent les abus de pouvoir et le harcèlement... Mais il est aussi question de sexualité, de maternité, d'épanouissement personnel, d'équilibre et d'accomplissement. Lena et Lila ne sont pas des mères exemplaires, elles recherchent un autre sens à leur vie mais sont enfermées dans des rôles et des carcans établis de longue date dans leur quartier napolitain. Lila n'a pas renoncé à son désir de diriger sa propre entreprise, alors que Lena peine à écrire un autre roman et à perdurer sur la scène littéraire. Les deux jeunes femmes se perdent dans leur course à l'intelligence, à la beauté, à la richesse, l'une est lâche, l'autre méchante, les deux sont égoïstes, et la cruauté de leur relation est flagrante.
Quelle conclusion apporter à cette histoire ? Pour le savoir, il faudra patienter jusqu'en janvier 2018 avec la parution de L'enfant perdue en simultané avec le format audio - chic !
©2013 Titre original : "Storia di chi fugge e di chi resta" ("L'amica geniale", volume terzo), Traduit par Elsa Damien
(P)2017 Éditions Gallimard - coll. Écoutez lire, texte lu par Marina Moncade (durée : 13h 45)
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Cléopâtre Princesse de l'espace #2: Le voleur et l'épée, de Mike Maihack
Après l'excellente introduction du tome 1, on retrouve l'héroïque Cléopâtre dans de fabuleuses aventures qui mêlent amitié, action, humour et science-fiction. C'est franchement génial ! La future souveraine a été téléportée dans un monde bardé de technologies nouvelles, pour apprendre qu'une prophétie avait annoncé son arrivée, car elle est destinée à sauver la galaxie. Au lieu de tomber à la renverse, l'intrépide Cléo ne cache pas sa joie à l'idée de s'entraîner au tir et de brandir un pistolaser. Toutefois, elle ignore encore ce qu'on attend d'elle - récupérer un sabre sacré au milieu d'une horde de robots-zombies ? check. Mais d'autres enjeux restent à venir.
Le soir du grand bal des flocons, auquel Cléo se rend pour ne pas décevoir son amie Akila, notre casse-cou trompe son ennui en rencontrant Zaïd, le bad boy de la classe, puis comprend qu'un intrus s'est faufilé sur la base pour dérober la précieuse épée de Kebechet. Sans hésiter, elle se lance à sa poursuite avant d'être contrainte à renoncer. La jeune fille va également apprendre l'origine de sa venue dans le futur et ainsi comprendre que son sort n'est plus entre ses mains, car elle peut à tout moment être renvoyée chez elle, avec ou sans son consentement, si les deux tablettes temporelles sont réunies.
Pour empêcher cette catastrophe, Khensu, le mentor de Cléo, organise une grande expédition vers Hykosis et espère intervenir à temps pour contrer les plans d'Octavien - un semblant de Dark Vador qui rêve lui aussi de conquérir la galaxie et a engagé le voleur pour dérober l'épée de la fille d'Anubis. Dans quelles intentions ? Le conseil ne se doute de rien mais redoute le pire.
Ce deuxième épisode de la série confirme largement son potentiel en assurant une lecture débordante de couleurs, de pep's, de scènes d'action et de mystères saupoudrés à haute dose. Le graphisme aussi est éclatant et fait étalage de pleines pages de courses ou d'acrobaties tout à fait impressionnantes. Une très chouette bande-dessinée, originale et enthousiasmante.
Milan, coll. Grafiteen, 2017 - Trad. Marion Roman