Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
13 février 2018

Pêle-Mêle : Culottées - Taïpi, Un paradis cannibale - Une saison en Egypte - L'odeur des garçons affamés - Le premier homme

CULOTTÉESLes héroïnes mises à l'honneur par Pénélope Bagieu sont toutes remarquables, culottées et intrépides, elles ont brisé les carcans de leur époque et ont pris leur destin en mains sans peur de brusquer la bienséance ou la morale.
Ce sont des guerrières, des sirènes, des gardiennes de phare ou des créatrices, des médecins ou des exploratrices. Leur fabuleuse destinée nous est donc racontée en quinze portraits, faits de drôlerie et d'impertinence.
Ainsi Margaret Hamilton, l'actrice terrifiante, connue pour incarner l'horrible sorcière de l'Ouest dans Le Magicien d'Oz. Au cours du tournage, celle-ci a été brûlée aux mains et au visage, suite à un incident technique et a longtemps conservé un teint verdâtre, conséquence de la peinture verte qui a imprégné sa peau. Ironie du sort, beaucoup de ses scènes ont été coupées au montage car son interprétation était trop terrifiante ! Ah ah !
Autre personnalité mémorable : l'impératrice Wu Zetian, réputée pour sa grande beauté, destinée à être concubine puis envoyée dans un monastère après la mort de son protecteur. Elle revient en force pour épouser son héritier et va occuper une place importante dans les décisions politiques, favorisant une société récompensée au mérite, revalorisant la place de la femme et renforçant l'influence du bouddhisme. Les historiens officiels sont encore désarçonnés à considérer sa dynastie comme un modèle de réussite et de prospérité !
Et je ne vous parle pas de Joséphine Baker ni de Tove Janson (la maman des Moomins), et encore moins de Josephina van Gorkum (l'amoureuse têtue), car Pénélope Bagieu réussit à le faire avec beaucoup de charme et d'humour !
Très chouette lecture.

Culottées Tome 1, de Pénélope Bagieu

Gallimard BD (2016)

==========================

 

taïpi paradis cannibaleTom et Toby sont deux matelots qui rêvent d'une autre vie. Lorsque leur baleinier accoste aux larges des îles Marquises, les deux camarades résistent aux chants des sirènes pour se tailler en doute. Ils s'enfoncent dans la jungle luxuriante, avant de croiser l'étrange tribu Taïpi.

Désarçonnés par leur dialecte qu'ils ne comprennent pas, les deux hommes se contentent de hocher bêtement la tête. Puis font rapidement profil bas, ne sachant pas ce qui les attend, mais se fondent dans le décor, participant à la vie de village, à la pêche, à la chasse... avant de comprendre qu'ils viennent de débarquer en plein paradis cannibale.

Cette adaptation du roman de Melville par le duo Melchior et Bachelier est une franche réussite. On a des décors exotiques, de la sensualité, une invitation au voyage, une explosion des sens, l'indolence et la douceur, la séduction, l'imagination, l'aliénation et l'ensorcellement...

On plonge littéralement dans un récit poétique, nourri de fantasmes, de couleurs et de mystères. Cela se découvre, entre émerveillement et appréhension. Et c'est assez spectaculaire.

Taïpi, un paradis cannibale de Stéphane Melchior & Benjamin Bachelier

Gallimard BD (2016)

==========================

 

Une saison en EgypteSacha, poète désargenté, quitte Saint-Pétersbourg pour visiter l'Egypte et soigner ses poumons fragilisés par un climat trop rude et humide. Au cours de son voyage, il rencontre un couple atypique, artiste et bohème, Alexandre et Catherine Payan.

Le trio devient inséparable et arpente les rues du Caire avec éblouissement. Mais le peintre va tomber sous le charme d'une danseuse orientale, la sublime Asma, pour laquelle Alexandre est prêt à tout abandonner. Éplorée, Catherine demande à Sacha de le raisonner avant de partir pour une aventure faite de drames et de rebondissements.

Une histoire romantique, tour à tour légère, drôle et émouvante, sert prodigieusement cette lecture au charme impénétrable. J'ai beaucoup aimé.

Une saison en Egypte, de Claire Fauvel

Casterman BD (2015)

==========================

 

L'odeur des garçons affamésDeux hommes et un gamin forment un drôle d'équipage et parcourent les plaines sauvages du Texas : Oscar Forrest, photographe, Stingley, géologue, et Milton, un fils de fermier qui s'est sauvé de chez lui.

Forrest doit répertorier les paysages de l'Ouest mais ne cherche pas à cerner les intentions - troubles - de son employeur. Il a tout à gagner de filer droit car lui aussi est en fuite. 

Ces trois-là ne sont pourtant pas au bout de leurs surprises : poursuivis par un affreux type en noir, un Indien mutique et des mustangs déchaînés. Ils vont également être au cœur d'étranges phénomènes, fouler des territoires interdits. Même le climat au sein du groupe devient plus lourd et déconcertant.

La lecture, qui débute comme un western, revêt très vite des allures de thriller avant de glisser vers une dimension onirique et fantastique. Le résultat vaut franchement le détour ! C'est bluffant.

L'odeur des garçons affamés, par Frederik Peeters & Loo Hui Phang

Casterman BD (2016)

==========================

 

le premier hommeEt pour finir...

J'ai également beaucoup aimé cette adaptation par Jacques Ferrandez du roman (inachevé) d'Albert Camus.

Jacques Cormery est écrivain et vit à Paris, quand il décide d'écrire sur ses souvenirs d'enfance, en particulier sur son père Henri, mort à la bataille de la Marne en 1914, à seulement 29 ans. Il repart en Algérie où vit toujours sa mère, petite bonne femme craintive, refusant de quitter son quartier. Il se rappelle sa grand-mère, intraitable et tyrannique, dégainant les coups de fouet pour brider les pulsions cabotines du garçons. En grandissant, celui-ci a eu honte de son foyer, sans argent, sans éducation... Lui a cherché à se grandir dans les leçons et à l'école, reniant davantage ses origines.

« En somme, je vais parler de ceux que j'aimais », écrit Albert Camus au sujet de son nouveau livre... lequel ne sera jamais achevé. Les 144 pages du manuscrits seront d'ailleurs sauvées in extremis dans la Facel Vega fracturée contre un platane pour finalement être publiées quarante ans plus tard, sans être retouchées. Camus y convoquait les parfums et couleurs de son enfance, en tournant autour de deux absents : son père et l'Algérie. Il est même dit que Camus rêvait de « concilier passé enfoui, présent tumultueux et avenir espéré ».

Jacques Ferrandez a réussi à en saisir l'essence pour produire un ouvrage remarquable. On se passionne alors à suivre le gamin aux jambes frêles cavaler dans les rues de Belcourt, jouer au foot avec les copains, apprendre à nager, partir à la chasse, régler ses comptes à la récré par des coups des poing rageurs, faire le piquet, voler deux françs à sa famille, aller au cinéma... Tout n'est pas qu'insouciance et billevisées, au loin le climat politique est lourd, menaçant, féroce.

De la tendresse, de la sensibilité, de la justesse. Une BD remarquable !

Le premier homme, de Jacques Ferrandez

Gallimard BD (2017)

==========================

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité