Hôtel Grand Amour, de Sjoerd Kuyper
Vic a treize ans et adore le foot. Son rêve serait de faire partie de la prestigieuse équipe nationale, l'Ajax d'Amsterdam. Un but pas si vain pour le garçon, dont les exploits sur le terrain viennent de taper dans l'œil d'un recruteur de passage.
Seulement, au même moment, son père fait un malaise dans les gradins et est hospitalisé d'urgence, laissant l'hôtel familial entre les mains de ses quatre enfants, lesquels vont découvrir toutes sortes de joyeusetés, non sans pression, car les créanciers se bousculent au portillon !
Entre les clients grognons, les réservations fantômes et le personnel récalcitrant, le quotidien d'un hôtel n'est pas de tout repos. Vic va en faire la douloureuse expérience. Or, le garçon a la volonté de ne pas décevoir son papa. C'est une responsabilité qu'il tient à tout prix à honorer. Aussi, pour y réussir, le garçon ne recule devant rien. Participer à un concours de miss ? Pourquoi pas !
L'histoire de cette famille hollandaise est pleine d'inattendus et renvoie une image farfelue, mais positive, qui fait paraître la vie plus belle et conquérante, dès lors qu'on se serre un peu les coudes et qu'on met du cœur à l'ouvrage.
À l'Hôtel Grand A, on respire l'aventure, l'audace et l'amour. Chacun se débat du mieux qu'il peut, dans un contexte parfois éreintant (la maladie et la mort sont des spectres toujours présents chez ces enfants marqués par la perte de leur maman). Mais le moral est bon.
Autre détail, le héros raconte ses péripéties en s'enregistrant sur un vieux magnétophone et semble s'adresser directement au lecteur dans une langue qui correspond aux codes actuels. Bien entendu, il ignore que la jolie Isabel, son béguin de toujours, intervient régulièrement pour mettre son grain de sel et donner sa version des faits !
Cette double narration nous fait vivre un récit plein d'humour et de sensibilité, dans une ambiance vaudevillesque tout à fait charmante. Un quasi tout bon !
Didier Jeunesse, 2017 / Traduction : Emmanuèle Sandron
Couverture : Laurence Bentz
AniMalcolm, de David Baddiel
Malcolm n'aime pas les animaux et a pour malchance de vivre dans une famille qui adore les animaux. D'où un profond sentiment de solitude et d'incompréhension. Même le jour de son anniversaire, c'est la totale déconfiture face à son cadeau - un chinchilla lanigère andin.
Il faut croire que la poisse le poursuit, car une semaine plus tard, Malcolm part en classe découverte à la ferme d'Orwell. Oui, une ferme pleine d'animaux. Un cauchemar sans fin. Malcolm est tétanisé et confie ses déboires à un vieux bouc avec une longue barbichette.
Avec son air triste et ses yeux globuleux, l'animal semble sensible à la détresse du garçon... si bien que celui-ci finit par tomber de sommeil. Plouf. À son réveil, surprise, Malcolm est devenu une tortue !
Ne cherchez pas à comprendre, l'histoire est une farce, qui se lit sur le mode de la rigolade. Particulièrement efficace, car on sourit tout du long à partager les mésaventures de Malcolm.
Entre sortilège et malédiction, en fin de compte, cette expérience va surtout servir de thérapie au garçon, lequel ne comprend pas pourquoi il n'aime pas les animaux, d'où vient ce rejet et comment en guérir. Pour approfondir le sujet, Malcolm devient donc mouton, chat, cochon ou chimpanzé (dès qu'il s'endort, il change de peau).
Un traitement de choc qui fait néanmoins sourire le jeune lecteur, séduit par les péripéties du héros et de ses compagnons à poils, à plumes et à carapace. Leur escapade jusqu'au zoo, par exemple, est invraisemblable mais tellement drôle.
Côté adultes, nous avions déjà du David Safier (Maudit Karma ; Toujours maudit) dans ce registre de la réincarnation façon burlesque. David Baddiel s'adresse aux plus jeunes et propose une aventure délirante, qui les introduit dans la vie secrète des animaux. C'est simple, cocasse et rocambolesque.
Une lecture au top. ☺
Seuil jeunesse, 2018 / Illustrations de Jim Field
Traduction de Rosalind Elland-Goldsmith