La course au bonheur, de Maggie Lehrman
Traumatisée par la mort tragique de ses parents, dans l'incendie de leur maison, la jeune Ari Madrigal a recours à un sort d'oubli, prodigué par une hékamiste. Dix ans plus tard, c'est son petit ami, Win, qu'elle perd dans un accident de voiture. Anéantie par la douleur, elle fait encore appel aux sorts de l'hékamiste sans avertir ses proches. Le charme opère, mais Ari ne veut pas paraître insensible et donne le change en faisant semblant d'être meurtrie dans sa chair, donc muette et désirant vivre dans sa bulle, loin de tous. Toutefois, pratiquer un sort d'hékamiste engage aussi des effets secondaires. Pour Ari, c'est son corps qui ne répond plus. Quand on est une grande danseuse, admise à une académie prestigieuse de New York, c'est le ciel qui s'effondre sur la tête. À Cape Cod, tous se connaissent depuis l'enfance mais se drapent dans des secrets qui distillent un poison invisible et propagent un mal sournois, hélas à l'origine d'une série de conséquences dramatiques. Avant de mourir, Win avait un urgent besoin d'argent liquide, son meilleur ami Markos a surpris le commerce douteux de sa mère, Kay a fait appel à un sort d'ancrage pour s'attacher ses copines, Diana et Ari ne peuvent plus quitter l'île sans courir un danger, Echo fait du chantage par désespoir, Cal Waters est fidèle à sa réputation de don juan... Tous sont donc enrôlés dans un feuilleton tragique, au charme hypnotisant et vénéneux. Dès les premières pages, j'ai été envoûtée par l'ambiance pleine de mystères et de suspense. On sent le poids des larmes, des événements graves, des non-dits, des remords et des regrets. Cela peut paraître lourd et étouffant, alors qu'en fait c'est captivant. L'auteur a réussi à orchestrer son histoire en faisant planer le doute mais en alimentant constamment la donne par des détails infimes et néanmoins percutants. J'ai plongé mon nez dans les 420 pages du roman, intriguée par les révélations qui allaient en découdre. D'ailleurs, la surprise est totale jusqu'à la toute dernière page ! Un premier roman très habile, passionnant et bouleversant.
Casterman, 2018 - traduit par Antoine Pinchot {The cost of all things}
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