24/03/18

La Plage de la mariée, de Clarisse Sabard

La plage de la mariée

À 30 ans, Zoé voit son existence chavirer en apprenant l'accident de moto de ses parents. Son père est mort sur le coup, sa mère est hospitalisée, dans un état grave, et a juste le temps de souffler à sa fille qu'elle a grandi dans le mensonge et que son véritable père vit en Bretagne, près d'un site légendaire surnommé La Plage de la mariée. Sous le choc, Zoé est submergée par le chagrin et l'incompréhension, avant de tout plaquer pour partir à la recherche de son père. Elle débarque ainsi dans un petit village breton et trouve rapidement une nouvelle famille providentielle, à la Cupcakerie d'Alice. La patronne et ses habitués accueillent avec effusion cette jeune sudiste, un brin gaffeuse et empêtrée dans sa mélancolie. Tous vont guider ses nouveaux pas et lui redonner goût au bonheur. Charmant et guilleret, le roman l'est sans aucun doute. C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai savouré sa lecture, heureuse de retrouver un univers qui avait tant su me séduire avec Les lettres de Rose. Cette fois, quelques couacs sont peut-être intervenus (la personnalité de l'héroïne est nunuche au possible, l'impression d'une fable utopique est également persistante) mais c'est sans rancune car la petite mélodie est légère et agréable à écouter. Une jolie balade au parfum iodé et au goût de caramel beurre salé.

©2017 Leduc.s (P)2017 Audible Studios (exclusivité)

Lu par Camille Lamache / durée : 13h env.

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En attendant Monsieur Bellivier, de Britta Röstlund

En attendant monsieur Bellivier

Étonnant chassé-croisé dans les rues de Paris ! Boulevard des Batignolles, l'épicerie de Mancebo devient le nouveau point d'observation des faits et gestes de Ted Baker, un écrivain d'origine américaine, soupçonné d'infidélité par son épouse. Un jour, celle-ci propose à Mancebo de le surveiller durant ses absences et de lui transmettre ses rapports confidentiels dans un bocal d'olives. Notre homme accepte, mais signe pour un complet chahut de son existence tranquille - filatures loupées, migraines et intimidations. Plus Mancebo fouille la vie de l'écrivain, plus il s'interroge sur ceux qui l'entourent. Sa femme, son fils, son cousin et son épouse ne le reconnaissent plus, mais Mancebo doit taire son nouveau rôle de détective.
De son côté, Helena est journaliste, mais souffre de dépression et de surménage. Attablée dans un café, un inconnu l'aborde en lui demandant si elle attend Monsieur Bellivier. Elle répond oui, sans réfléchir. Puis l'accompagne dans une tour de La Défense, dans un bureau désert, et se poste seule face à un ordinateur. Elle doit ainsi transférer à M. Bellivier des mails indescriptibles. Ne pas adresser la parole aux autres employés. Et rentrer chez elle, avec un gros bouquet de fleurs. Intriguée par cette étrange mission, Helena suit pourtant les consignes à la lettre mais finit par prendre les fleurs en grippe. Elle cherche donc à s'en débarrasser et les dépose dans un cimetière juif... au grand mécontentement d'un vieux monsieur qui la sermonne avant de s'effondrer sous ses yeux.
J'ai été agréablement surprise par ce roman, qui raconte deux histoires assez farfelues, dont on attend longtemps l'impact ou le lien invisible, même si ce n'est finalement qu'un détail car on s'embarque dans leurs aventures avec un ahurissement permanent. C'est tout en finesse, en élégance et avec humour aussi que Mancebo et Helena évoluent, alimentant la lecture de leurs anecdotes truculentes. Parfois le rythme pêche un peu, le roman perd de sa fraîcheur et s'encroûte légèrement, pour finalement se ressaisir avec panache et livrer un dénouement tout aussi cocasse. J'ai alterné les émotions, entre curiosité et attendrissement, perplexité et étonnement, mais j'ai globalement ressenti beaucoup d'attachement à accompagner les personnages dans cette lecture aux épisodes improbables. Le roman aussi nous plonge dans les rues de Paris avec une authenticité rayonnante, et c'est tout à l'honneur de son auteur, Britta Röstlund, une suédoise résidant en France depuis 17 ans. Son regard est empreint d'admiration et d'amour, et cela se ressent. Très jolie rencontre !

JC Lattès, 2018 - traduit par Esther Sermage & Isabelle Piette

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« Mancebo secoue la tête. Il fait chaud, mais des glaçons dans le pastis, il ne faut pas exagérer. »

 

Posté par clarabel76 à 11:00:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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