Je te vois, de Clare Mackintosh
Tu fais la même chose tous les jours - Quelqu'un d'autre le sait
Lors de son trajet de retour dans le train, Zoe Walker croit reconnaître sa photo dans un journal à petites annonces mais sa famille la détrompe en arguant qu'elle se fait des illusions. Toutefois, ce détail la turlupine et la pousse à compulser les précédentes éditions pour découvrir d'autres portraits de jeunes femmes illustrant le même site de rencontres. La panique la gagne quand elle réalise que certaines auraient été agressées, et vraisemblablement traquées par des abonnés qui les pisteraient grâce à des informations achetées sur un site internet. Par chance, Zoe trouve une oreille compatissante en la personne de Kelly Swift, ancienne enquêtrice criminelle, désormais affectée à la brigade des transports publics. Elle aussi rumine une ancienne affaire d'agression sexuelle, dont elle revit les heures sombres à travers le cas de Zoe. Persuadée que ses angoisses sont bien fondées, l'agent Swift va outrepasser ses fonctions et aborder la question sans détour. Résultat, je m'attendais à une lecture assez ordinaire et au final, je me retrouve avec un roman au suspense bien maîtrisé - et dont je n'avais absolument pas deviné la fin ! Rien que pour ça, cela vaut le coup de s'y attarder. Au programme, attendez-vous à de l'action lente, à de la manipulation mentale, à de la névrose et à la perspective glaçante d'être une cible potentielle à force de répéter la même routine ou d'afficher sa vie sur la toile. Paradoxalement, cette histoire installe un vrai climat de confiance, où l'on s'imprègne des pensées des personnages, on partage leur vie familiale et on côtoie leurs drames intimes. En même temps, on perçoit une voix inquiétante et la sensation malsaine du danger imminent, donc la position est loin d'être confortable. Certes, tout n'est pas parfait (longueurs et lourdeurs) mais globalement le roman s'en tire bien grâce à son tour de passe-passe final. J'ai d'ailleurs préféré ce titre au précédent, Te laisser partir.
© 2017 Pour la traduction française par Françoise Smith pour Hachette Livre (Marabout)
(P)2018 Audiolib. Texte lu par Marcha Van Boven. Durée : 12h
Très bonne lecture faite par Marcha Van Boven ... qu'on retrouve également dans la série Laurie Moran de Mary Higgins Clark & Alafair Burke.
Les Prisonniers de la nuit, de Johan Heliot
Suite à une catastrophe écologique, la vie sur Terre n'est plus que l'ombre d'elle-même. Jon et sa famille vivent dans un grand Complexe technologique au cœur de la Vallée, mais les parents du garçon ont soudainement décidé de l'envoyer quinze jours dans un camp d'été dans les montagnes, soit-disant pour bousculer ses habitudes, faire de nouvelles rencontres et se dégourdir hors de son environnement préservé. Ce séjour n'enchante guère l'adolescent... qui découvre avec effroi un lieu abandonné, sans eau, sans électricité, et particulièrement énigmatique, car toutes les étoiles s'éteignent à la nuit tombée. Jon et ses compagnons vont ainsi organiser leur survie (trouver à boire, de quoi manger, faire du feu, repérer les alentours) même si des bisbilles éclatent au sein du groupe, faisant apparaître deux clans distincts. La tension sur le camp est palpable, alourdie par l'angoisse et les nombreuses interrogations que leur présence suscite. Cette ambiance si particulière a d'ailleurs été bénéfique car j'ai été immédiatement happée par ma lecture : on y découvre un univers mystérieux, qui peut faire penser à d'autres romans du même genre (Hunger Games, Sa Majesté des Mouches, Les enfants de Timpelbach, Gone...). Ou comment des enfants s'organisent dans un milieu hostile sans soutien parental. Enfin bref, l'histoire est assez surprenante et se lit incroyablement vite. Puis, changement de ton, changement de rythme, changement de décor aussi. Je vous laisse découvrir la suite, qui renverse la donne et chasse la sensation d'avoir déjà deviné la fin. Au-delà du thriller ou du roman d'aventures, c'est aussi une profonde réflexion sur notre façon de vivre et la vigilance à avoir pour sauvegarder notre milieu naturel. Très bonne découverte.
Seuil jeunesse, 2018 - illustration de couverture : Nelson Gonçalves