La Terrifiante histoire de Prosper Redding #1 : Une Alliance diabolique, d'Alexandra Bracken
Quelques jours avant leur douzième anniversaire, les jumeaux Redding sont conviés dans le Cottage de leur grand-mère pour une grande réunion familiale. C'est sans se douter du piège à venir... car Prosper et sa sœur Prue vont être testés pour savoir lequel des deux est possédé par le démon. Vrai de vrai.
En fait, une vieille malédiction court chez les Redding - un pacte aurait été conclu mais sans jamais s'acquitter de la dette. Résultat, le démon est en colère et réclame son contrat avec âme en péril. Prosper, mouton noir de la famille, découvre qu'il vient de décrocher le gros lot. Aussitôt, ses proches lui tombent dessus et l'enferment dans un cachot. Le reste tombe dans l'oubli... Prosper se réveille dans une maison inconnue, chez un oncle et une cousine qu'il ne connaît ni d'Eve ni d'Adam.
Pourtant, Barnabas et Nell sont ses dernières roues de secours. Ils connaissent le sortilège capable de le libérer du démon, mais doivent réunir tous les ingrédients dans un laps de temps très court. En attendant, Prosper doit se cacher, prendre une nouvelle identité, rompre tout contact avec les Redding et résister à l'attraction démoniaque.
Car Alastor est un démon charmeur et persuasif. Il va habilement se servir du garçon pour qu'il gagne en popularité à l'école ou décroche les honneurs en arts plastiques. Ses intentions sont claires - pactiser avec Prosper - mais celui-ci n'est pas né de la dernière pluie. Il connaît trop les ravages d'une vie vouée à la destruction et à la vengeance pour tomber sous sa coupe.
Résultat, ils vont former un duo impayable ! Alastor est une créature mauvaise et perfide, mais joue franc jeu et avance sans filtre, si bien que Prosper n'est pas dupe de son numéro mais copine avec lui pour servir ses intérêts. Le gamin, particulièrement maladroit, possède aussi un solide sens de l'humour et une autodérision à toutes épreuves.
Qu'est-ce qu'on rit ! Je m'attendais, au vu de la sublime couverture, à une histoire sombre et effrayante, au bout du compte je découvre avec plaisir une intrigue savoureuse et cocasse. Quel bonheur. Certes, il y a aussi de la tension et du suspense, une bonne surprise finale et des haussements de sourcils qui font que j'ai vraiment très, très envie de lire la suite !
La lecture est surprenante et extraordinaire. J'ai dégusté chaque bouchée à la petite cuillère. Miam.
seuil jeunesse, 2018 - traduit par Cécile Magné
illustration de couverture : Anaïs Albar
La Chanson d’Orphée, de David Almond
David Almond est un enchanteur. Il peut me raconter toutes les histoires du monde, je suis bouche bée, yeux écarquillés, incrédule et fascinée. C'est dit. Dans ce roman, nous faisons connaissance avec Claire, 17 ans, son amie Ella et leur bande de potes avides de croquer la vie à pleines dents. « Nous étions libres, sans attaches, sûrs de ne jamais devenir vieux ni ennuyeux. »
Pendant les vacances de Pâques, le groupe part camper dans le Northumberland et fait la rencontre d'un étrange garçon, très beau, en train de jouer de la lyre. Sa chanson les ensorcelle, si bien que Claire téléphone à son amie Ella, restée à la maison, pour partager cet instant de grâce. À l'autre bout de la ligne, la jeune fille a le coup de foudre. Dès leur retour, Ella est intarissable. Il lui faut Orphée. Elle brûle d'envie de le rencontrer, elle pressent une grande, une belle, une puissante histoire d'amour, un lien fort et inaltérable. Et bim, Orphée débarque en ville. Ella tombe dans ses bras. Spectatrice envieuse et jalouse, Claire raconte cette passion foudroyante.
La lecture nous emporte loin dans un univers lyrique et follement romantique, où les mots fusent et font des claquettes sur la route de brique jaune. C'est magnifique. David Almond m'ensorcelle avec son style, son imaginaire et sa précision d'orfèvre. On plonge dans une histoire fabuleuse, aux inspirations très prononcées, mais qui se déroule dans une Angleterre actuelle. Cette aventure fait aussi la part belle à la jeunesse, à la musique et à la littérature. Les passions sont disproportionnées, les émotions fortes, les chants poignants et les sacrifices bouleversants. Cela peut se lire comme un conte, moderne et poétique, ou comme un formidable hommage à l'amour.
La qualité esthétique est également au rendez-vous : quand Orphée se rend en Enfer, les pages deviennent alors toutes noires et la police de caractères se met à danser et projeter des ombres sur les murs. C'est surprenant, impeccable. Parfait pour une lecture unique en son genre.
Gallimard jeunesse (2018) - traduit par Diane Ménard
#moisanglais_2018
David Almond a d'abord été postier, vendeur de balais, éditeur et enseignant. Un beau jour, il quitte son travail, vend sa maison et rejoint une communauté d'artistes pour se consacrer entièrement à l'écriture. Skellig, son premier roman pour la jeunesse, remporte un grand succès et reçoit la Carnegie Medal. Le style de David Almond consiste à allier réalité et imaginaire, créant un mélange excitant et original, composé de drames humains, d'allégories et d'épisodes surréalistes. Il est l'un des écrivains préférés de J. K. Rowling et a reçu le prix Hans Christian Andersen (surnommé le petit prix Nobel de littérature) à Bologne en 2010.