Sur un mauvais adieu, de Michael Connelly
Harry Bosch ne travaille plus pour le LAPD, suite à sa retraite forcée. Mais notre homme a depuis rebondi et prête son concours à la police de San Fernando aux affaires classées. Il travaille en équipe avec Bella Lourdes et Danny Sisto sur le cas du Screen Cutter, un violeur en série qui court depuis des années sans être inquiété.
En parallèle, Bosch a été embauché par un milliardiaire en quête de descendance. Des décennies plus tôt, sa famille n'a pas accepté sa liaison avec une jeune mexicaine, tombée enceinte. L'homme voudrait retrouver cet enfant avant de mourir mais dispose de maigres informations sur la mère. Cette enquête vaut toutefois à Bosch de raviver ses vieux souvenirs du Vietnam, alors que sa fille Madeline balaie ce détail d'un revers de la main en l'invitant au resto. Détail cocasse, mais non négligeable.
On retrouve tous les fondamentaux de la série - avec un inspecteur Harry increvable, son évolution de carrière, ses nouveaux collègues, son ADN de flic, sa fille étudiante et son frère avocat bossant dans sa Lincoln... Des retrouvailles toujours plaisantes et qui inspirent un sentiment de familiarité.
En somme, la lecture est divertissante, dans le genre polar classique et efficace. Et Jacques Chaussepied est excellent dans l'exercice audio.
Une valeur sûre sur tous les plans.
©2018 Calmann-Lévy. Traduit par Robert Pépin. (Titre VO : The Wrong Side of Goodbye)
(P)2018 Audiolib. Lu par Jacques Chaussepied (durée : 12h 40)
Le songe de l'astronome, de Thierry Bourcy & François-Henri Soulié
Nous sommes à Prague, en 1601. L'empereur Rodolphe II de Habsbourg a prévu une somptueuse cérémonie en l'honneur de l'astronome Tycho Brahé. Ce dernier promet en effet une grande annonce au cours de la soirée, ce qui n'a pas lieu d'enchanter l'assemblée car l'homme est retrouvé mort dans sa chambre.
Suspectant un empoisonnement, tous les convives sont assignés à résidence et ne doivent pas quitter le palais jusqu'à nouvel ordre, le temps que le capitaine Joseph Kassov mène son enquête, assisté de son neveu Mattheus.
La cour, rassemblant les plus grands penseurs, artistes et notables de l'époque, gronde de mécontentement. Mais tous sont des assassins plausibles et n'auront de cesse de brouiller les pistes à force de dissimulations et de révélations étonnantes.
Parmi eux, on trouve le peintre Sprangler, l'alchimiste Michael Maier et l'inquisiteur Roberto Bellarmin... mais également des intrigantes, doublées d'espionnes pour la cour d'Angleterre, un nain lubrique et comploteur, des courtisanes sans vergogne et des domestiques faibles et abusées.
Le tableau dressé est vraisemblable d'authenticité. Les auteurs ont en effet habilement mélangé le romanesque à des faits historiques (la mort de l'astronome est demeurée longtemps une énigme... jusqu'à la récente conclusion, en 2012). On apprécie donc ce voyage dans le temps, avec une peinture de la Renaissance fastueuse et haute en couleurs.
Plus largement, on ressent également la pression de l'enquête tenue à huis clos. La facture est classique mais efficace. Quelques longueurs à mi-parcours mais sans pénaliser la lecture qui s'avère distrayante et instructive !
Très bonne écoute audio : texte lu par Patrick Donnay avec une emphase tout à fait séduisante.
©2016 10-18 Grands Détectives.
(P)2018 Lizzie. Texte lu par Patrick Donnay (durée : 7h 30 env.)
En poche ! Emporter nos rêves, de Vanessa Diffenbaugh
Letty a toujours fui ses responsabilités de maman, laissant à ses parents le soin d'élever ses deux enfants, Alex, quinze ans, et Luna, six ans. Mais lorsqu'ils décident de rentrer au Mexique couler une retraite paisible, Letty doit soudainement renoncer à ses vieilles habitudes - adieu les soirées alcoolisées, à s'oublier dans des étreintes sans lendemain, Letty doit désormais penser à nourrir ses enfants, s'assurer qu'ils sont en sécurité quand elle part au boulot et envisager pour eux un meilleur avenir. Serveuse dans un restaurant, situé dans un aéroport, elle ressasse avec amertume son parcours chaotique, entre rendez-vous loupés et mauvaises décisions prises. Comme ne jamais avouer sa grossesse au père de son fils, Wes Riley, voulant remettre à plus tard l'annonce et reculant toujours plus loin l'échéance. Quinze ans plus tard, Letty ignore que son garçon a finalement retrouvé sa trace et rôde autour de sa maison. L'heure de la raison a donc sonné pour la jeune femme, qui décide de changer son fils de lycée pour réussir dans ses études... Mais Alex aimerait sauver sa petite copine, Yesenia, contre la violence de son école et la menace d'être expulsée - la jeune fille vit en situation illégale sur le sol américain - quitte à prendre des risques insensés. Pour Letty et sa famille, la paix des ménages n'est pas encore au coin de la rue !
J'ai été agréablement surprise par cette lecture, entamée sans attente précise, me fiant simplement au nom de l'auteur et à la promesse d'un rendez-vous de douceur et d'émotion. Le contrat a été pleinement rempli - on suit l'histoire d'une jeune femme paumée, qui va remettre sa vie sur les rails et entraîner ses proches dans ce grand élan d'espoir et d'optimisme. On lit tout ça avec beaucoup de complaisance et d'attendrissement. Les personnages sont en effet attachants, cabossés, écorchés mais vrais. Leur histoire s'écrit en toute simplicité, sans pathos, sans sentimentalisme exacerbé. C'est une belle leçon d'abnégation, riche en tendresse et pleine d'espérance. Un joli roman sur la poursuite du bonheur coûte que coûte.
Pocket (2018) - traduit par Isabelle Chapman
En poche ! Tu avais promis que tu vivrais pour moi, de Carène Ponte
Inconsolable depuis la mort de Marie, sa meilleure amie depuis l'enfance, Molly a la surprise de recevoir un mystérieux paquet contenant douze lettres à découvrir mois après mois. Une façon pour la défunte de motiver notre héroïne à se lancer de nouveaux défis et vivre enfin la vie qu'elle mérite. Pour l'heure, Molly est serveuse à Paris et vit avec Germain, un gentil garçon, adorable et prévenant... mais tellement plat et ennuyeux. Pas vraiment le candidat idéal aux yeux de Marie qui a toujours rêvé d'un John pour son amie. Sur une idée de la disparue, Molly part donc en weekend à Grenoble pour s'initier au ski. Sur place, elle répond spontanément à une annonce, devient prof de danse et plaque tout pour s'installer dans les montagnes. Sa décision en effraie plus d'un - sa mère, son amie Viviane, son fiancé - mais Molly a désormais la certitude d'être à un tournant de sa vie.
Ce court roman est efficace par son rythme, son effervescence, son dynamisme et son optimisme à toutes épreuves. C'est plein d'espoir et d'entrain là-dedans, le tout laisse peu de place à l'atermoiement. C'est aussi réconfortant et chaleureux et ça fait un bien fou. On se passionne vite à suivre Molly dans ses prises de risque, à suivre son audace et à partager sa bonne humeur. Concrètement, il règne une ambiance guillerette non dénuée de charme et de légèreté... même si le propos demeure trop succinct et artificiel, avec de nombreuses scènes surjouées (la romance en tête) et une sensation de situations téléphonées assez banales. L'histoire met finalement à l'honneur l'amitié féminine, la belle communion des âmes fragilisées, leur souffle conjoint à affronter les aléas de la vie et se construire un nouveau destin. À envisager, donc, comme une lecture digestive, sans prétention. Ses effets bienfaisants sont certes avérés.
Tu avais promis que tu vivrais pour moi, de Carène Ponte
Pocket (2018)
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